Dommin, un groupe de rock gothique issu de Californie, représenté ici par son chanteur, guitariste et compositeur Kristofer Dommin, qui m’avait déjà raconté ses déboires dans le monde impitoyable (musique de la série « Dallas ») de l’industrie musicale dans une interview datant de mars 2013 que j’avais faite pour les confrères du Magazine Karma (vous pouvez la relire ici). N’ayant pas trop de nouvelles d’eux, j’ai décidé de les contacter pour leur demander où ils en étaient et si la vie leur avait enfin souri. Comme vous le verrez dans l’interview, après moultes obstacles, ils commencent à voir le bout du tunnel.
Bonjour Kristofer ! La dernière fois qu’on s’est parlé, tu voulais récupérer les droits de ton album « Love Is Gone » du label Roadrunners Records. Que s’est-il passé depuis mars 2013 ?
Bonjour Nathalie ! Il s’est passé beaucoup de choses et finalement pas grand-chose en même temps. Au moment où on s’est parlé, on prenait les choses un peu comme elles venaient. La priorité était effectivement de pouvoir récupérer nos droits sur les chansons et ainsi de pouvoir les utiliser comme bon nous semblait à l’avenir. On hésitait à parler aux autres labels tant que ce point n’avait pas été éclairci. Pendant un an, mon avocat passait par l’avocat de Roadrunners Records et ainsi de suite. Cela prenait un temps fou et j’en avais marre d’attendre. Un jour, j’ai pris le téléphone et j’ai appelé leur avocat directement en lui racontant tout ce qui se passait dans ma vie. En gros, je lui ai dit que je savais qu’il avait sûrement un million d’autres choses plus importantes à faire que de régler mon petit problème, mais qu’entretemps mon père était décédé et ma fiancée m’avait quitté dans la foulée. Il fallait absolument qu’un truc bien se passe dans ma vie ! J’ai dû l’apitoyer, car un peu moins d’un mois après, je recevais enfin le document stipulant qu’on avait récupéré nos droits.
Entretemps vous aviez déjà enregistré de nouvelles chansons pour ton ancien label. Que s’est-il passé ensuite ?
Oui, on avait déjà enregistré des titres mais on avait conservé les droits pour ces nouvelles chansons. Par contre on ne les avait pas encore mixées. Le mixage ce n’est pas mon métier, mais comme nous n’avions personne d’autre, j’ai essayé de le faire moi-même. Bon, le résultat n’était pas excellent mais finalement assez satisfaisant. Joe Barresi (qui a fait les mixs pour Queens of the Stone Age ou Tool) m’appelait de temps en temps pour savoir comment on allait et quand le prochain album allait sortir. Je lui ai envoyé ce que j’avais fait et il m’a donné beaucoup de conseils. Me voyant au bord du gouffre, il s’est gentiment proposé pour faire les mixs des dix chansons pour l’album. Les morceaux mixés et masterisés, nous avions enfin notre carte de visite pour aller dénicher un nouveau petit label indépendant. Pas de major.
Clairement, vous ne vouliez plus de major après tout ce qui s’est passé ?
Oui, nous avons conservé des séquelles de cette expérience. Nous avions vécu un plan social dans une major. Les gens qui étaient fans de notre musique, et qui nous suivaient, ont été licenciés. Pour le moment nous avons décidé de sortir nous-mêmes notre album. Nous allons certainement prendre une boîte pour la promotion, mais nous voulons traiter le plus possible de choses nous-mêmes. Comme nous avons déjà fait pas mal de festivals et une tournée en Europe en première partie du groupe HIM, nous avons une bonne liste de contacts que nous pouvons utiliser. Sans oublier, que nous voulons aussi impliquer les fans qui ont toujours été là et qui sont restés fidèles jusqu’à aujourd’hui.
Nous ne sommes pas complètement fermés à l’idée de re-signer avec une major, cependant ça ne sera fera plus sous n’importe quelles conditions. Nous n’allons pas nous précipiter et nous allons le faire à notre façon.
Tu sais, grâce à toute histoire, je sais très bien lire un contrat et y voir toutes les subtilités maintenant.
Vous passez par le crowdfunding pour sortir l’album, c’est bien ça ?
Oui, on a prévu d’impliquer les fans de cette manière. On peut précommander le nouvel album qui s’appelle « Rise », mais aussi pas mal d’articles exclusifs comme des t-shirts et même des guitares sur lesquelles j’ai joué.
Le titre « Rise » c’est vraiment un titre symbolique de votre renaissance, c’est bien ça ? Tout comme le phœnix sur la couverture ?
Oui, le symbole était évident au vu des épreuves. C’est un ami à nous qui a fait la couverture. On l’a tout de suite adoptée.
Ce n’est pas trop dur de jouer ces morceaux que tu as écrits à des moments très douloureux de ta vie ?
Non, on est très excité en fait. Quand tu as été sur la touche comme ça pendant des années, tu n’attends qu’une chose, c’est de repartir sur la route ! Là nous savons que nous sommes enfin sur la bonne voie. On va essayer de jouer sur des festivals l’été prochain et dès qu’on peut partir en tournée, on le refera. Tu sais, cette pause a été très bénéfique finalement. J’ai redécouvert mon amour pour la musique pendant ce laps de temps. J’ai réappris à aimer la musique. Avec tous ces soucis, qui étaient entre autres d’ordre financiers aussi, j’ai dû ré-emménager chez mes parents. Mon père est décédé d’une leucémie en octobre dernier, mais je suis content d’avoir été présent pour lui jusqu’au dernier moment. S’il n’a avait pas eu tout ça, j’aurais peut-être été en tournée pendant qu’il aurait été en train de se battre contre sa maladie et je m’en serais voulu toute ma vie. Mes chansons, c’est ma thérapie. J’ai pu mettre toutes les émotions passées pendant la dernière année de l’existence de mon père dans mes morceaux.
Comment décrirais-tu le style de ce nouvel album ?
Il est très différent du premier. On risque de perdre quelques fans mais on espère en gagner beaucoup d’autres aussi. Cet album c’est vraiment nous. On n’est plus le groupe de rock torturé du premier album. On a grandi et on a vécu des choses très dures, entre le décès de mon père et aussi la rupture avec ma fiancée. Mais on ne se lamente pas sur nous-mêmes. On va de l’avant et on veut conquérir le monde !
Ndlr : Concernant la question rituelle des Beatles ou Rolling Stones, merci de vous référer à l’interview du Magazine Karma en début d’article.
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa pour Vacarm.net