Trois années après l’excellent The Robot and the chinese shrimp, Fumuj nous dévoile Drop a Three, un concept-album cherchant à répondre à une seule question : un groupe de musique peut-il rendre un concert accessible à des personnes souffrant de troubles de l’audition ? En mêlant rock, hip hop et musiques électroniques, Fumuj se lance le difficile challenge de briser la barrière du silence. Une idée militante et un concept curieux qui nous aura tout autant séduit que les compositions de cet excellent album.
A force de s’attarder sur autant d’albums de musiques amplifiées, les rédacteurs de Vacarm deviendront peut-être sourds d’ici quelques années. Autant vous dire que nous sommes sensibles à toutes les initiatives autour de la surdité. Le bruit, on l’aime ! Comment Fumuj peut-il répondre à cette question paradoxale, dans l’optique de rendre la culture accessible à tous, comme un droit fondamental ? Ce n’est peut-être pas via le support physique de l’album, mais bien par le concert, ce moment unique remplis de sensations. Les tourangeaux ont imaginé un concert où le rythme et les sensations unissent le monde du silence et des entendants via des dispositifs sensoriels. Des récepteurs distribués au public permettent de ressentir les vibrations dans leurs mains, deux cheminées gonflables placées au cœur de la salle offrent aussi la possibilité de ressentir ces vibrations, tandis que le groupe projette sur scène une vidéo interactive en jouant sur des instruments lumineux, pour que le public puisse voir exactement les notes jouées le groupe. Le chanteur dialogue aussi avec le public à l’aide du langage des signes.
Maintenant le contexte expliqué, revenons sur l’album. Autant vous le dire tout de suite, Drop a Three est un excellent opus. Trois ans après The Robot And The Chinese Shrimp, Fumuj a opéré un virage significatif, se dirigeant désormais vers une fusion empruntant plus au rock et au hip hop qu’à l’électro de leurs débuts. Fumuj a toujours été un groupe de scène, et cela s’entend au travers de ce nouvel album, sur lequel les instruments « traditionnels » (guitare / basse / batterie) forment la base fondamentale des compositions, soutenus par l’originalité des machines électroniques.
Fumuj est presque inclassable, ce groupe d’Indre et Loire, est une sorte de rencontre improvisée entre les riffs gras de Rage Against The Machine, la puissance de Prodigy et la folie de Nine Inch Nails. A l’image de ce début d’album, avec « Hold » et son riff minimaliste et puissant, faisant office de montée asymptotique jusqu’au refrain explosif. Une fois ce générique passé, « Supersperm » est le parfait mélange entre rock et hip hop avec une rythmique efficace au groove assassin. Ce titre est d’ailleurs remixé en fin d’album sous le nom de « Intersperm ». Faisant office de single au sein de l’album, « Liar » pourrait vous faire penser à Shaka Ponk, dans une ambiance plus sombre. Ce qui marque, c’est surtout ce flow incessant de paroles qui va agir comme une véritable décharge hormonale au moment du refrain, soutenu par la voix de Damny (La Phaze). On retrouve plus ou moins la même sensation d’exutoire sur « Toast !!! », un titre très sombre, et son couplet aux tendances ragga / hip hop qui bouscule les schémas préconçus, jusqu’au refrain entêtant. Fumuj s’écarte aussi par moment de sa fusion des styles très cadrée, pour nous emmener vers une ambiance plus orientée « dancefloor », avec des titres dansants et frais. C’est le cas d’une bonne partie du morceau de clôture, « Hurts and Hugs ».
Efficace, original et conceptuel, Drop a Three est un album dont on ne se séparera certainement pas. Avec ce troisième opus, Fumuj a franchi une étape dans sa carrière et s’installe probablement comme un groupe majeur au sein de la scène electro / hip hop / rock française.
.: Tracklist :.
1. Hold (intro)
2. Hold
3. Supersperm
4. Liar feat. Damny (La Phaze)
5. React
6. Toast !!!
7. Play or die
8. Release the beast
9. Saint Amongst Sinners
10. Soul Cling
11. Intersperm
12. Against
13. Hurts and Hugs
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