Du 10 au 12 juillet 2015, le festival Décibulles a mis en marche les amplis, battant son record de fréquentation avec plus de 26 000 festivaliers, confirmant son statut de plus grand festival alsacien.
L’année dernière pour Karma, cette année pour Vacarm, cette deuxième rencontre avec Décibulles a été un moment de plaisir et de musique, amenant nécessairement l’envie de confirmer l’année prochaine avec une troisième édition d’affilée. Mais avant cela, petit retour en mots et images sur un bel événement qui mérite finement son succès !
Pour cette 22e édition, les principales têtes d’affiches fleuraient bon le hip-hop. Et malgré l’âge des protagonistes et leur âge d’or quelque peu dépassé par les nouvelles générations, personne n’a boudé son plaisir de voir se produire deux monstres du genre. Samedi soir, tout d’abord, place nette était faite aux américains de Cypress Hill. Le duo de MC’s avait auparavant donné une interview surprise sur les plaines de Neuve-Eglise, avant de proposer un show efficace, puissant, peuplé de leurs titres phares, parmi lesquels Insane in a Brain balancé à la face du public d’entrée de jeu ou presque. Quelques reflexes scéniques usés (séparer le public en deux, faire meumeumé la foule) et un petit solo aux percus des deux chanteurs complètent un concert agréable, suivi par des spectateurs connaisseurs reprenant les paroles du combo.
De son côté, IAM a ambiancé le dimanche soir comme il se doit, bien au-delà du succès de leur « danse du mia ». Le groupe culte français a du avoir vent de la performance de leurs voisins outre-atlantique de la veille et avaient décidé de livrer une copie propre, vivante, rehaussée de sourires et de la complicité entre Akhenaton et Shurik’n. Là encore, classiques en tête, IAM a entraîné dans ses chansons des festivaliers conquis, pour beaucoup connaisseurs pointus des morceaux des Marseillais. Un concert si bien mené que la fin a pu paraître abrupte pour certains, attendant encore un morceau ou deux supplémentaires.
Côté rock, on peut largement dire qu’Hubert-Félix Thiéfaine était largement à la hauteur le vendredi et a tenu la dragée haute aux deux formations pré-citées. Compositeur prolifique, le musicien a régalé son public, le suivant d’ailleurs depuis de nombreuses années, mais aussi les plus jeunes venus apprécier la classe et les poses de l’auteur d’Alligator 427. En rappel, l’inévitable morceau La fille du coupeur de joints a achevé son monde dans un océan de béatitude.
Mais Décibulles ne s’est pas arrêté à ces deux styles et a aussi ravi les amateurs d’électro, de folk ou de reggae.
Habitués aux heures sombres, High Tone étaient ce soir présents avec le rappeur Oddateee, légèrement déjanté, amenant une puissance presque dérangeante au show, avec un flow continue, rythmé et dévastateur.
Moriarty, plus tôt dans l’après-midi de ce samedi chaleureux, avait proposé sa musique folk à un public réceptif, reprenant lui aussi les principales compositions du groupe, comme Jimmy, toujours aussi plaisant. Programmation parfaite pour une telle journée, dans un lieu entouré de montagnes et de boiseries. On en redemande.
Le dimanche a également eu son lot de révélations et de découvertes, avec deux artistes internationaux. D’une part Flavia Coelho, venue tout droit du Brésil, a déposé sur Neuve-Eglise toute sa bonne humeur et la chaleur issue de sa culture – bien que le festival n’en manquait pas jusqu’alors – ses grimaces, son regard direct et son rire cristallin achevant de recueillir les applaudissements.
Autre style, mais autant d’efficacité, le vieux routard Winston McAnuff était présent avec ses Fixi et a distillé une musique métissée, bercée par le reggae natal de sa Jamaïque. Un instant reposant et empli des vibes rastafaraï habituelles. Toujours bon à prendre !
Moins marquants mais non moins intéressants, trois autres artistes ont également régalé leurs fans. Biga*Ranx d’une part, également présent au festival Solidays il y a deux semaines de cela, a réitéré sa performance, mélange de reggae et de hip-hop bien construit et dansant.
Précédemment, Le Peuple de l’Herbe accusait quelque peu le coup et le passage des saisons, moins fringuant que lorsque j’avais pu les voir il y a quelques années. Cependant, leur expérience et leur envie a compensé un petit manque d’énergie et permis à chacun de profiter des morceaux live des musiciens. Mention pour le tromboniste sur motivé pour le coup et insaisissable !
Enfin, Talisco a rempli une copie propre, avec sa musique pop rock et ses bonnes paroles. Pas transcendant mais malgré tout bien fait et passant très bien en festival !
Ovni musical autant que questionnement existentiel, Salut c’est cool a gentiment retourné le festival au cœur de la nuit du vendredi, balançant sauvagement leurs idées de morceaux, se résumant souvent à un rythme binaire et une phrase répétée à l’envie. Au choix ? « merci nature d’être là, super sympa » ou encore « techno, toujours pareil, boum boum, dans les oreilles ». Amateurs aux décérébrés, Salut c’est cool ne demande pas beaucoup de réflexion pour profiter de leur concert. Venir, sauter, danser, monter sur scène, slammer. Finalement, que demander de plus à un groupe si ce n’est proposer du fun et ambiancer son monde ? De ce point de vue, les anciens étudiants en art remplissent parfaitement le contrat, avec une certaine nonchalance qui pourra en énerver certains.
Déception du week-end, l’absence de Too Many Zooz, dont on attendait le double show ultra prometteur. D’abord décalé en milieu de soirée, suite à un vol retardé, c’est finalement l’annulation qui a conclu la discussion, le matériel des Américains n’étant jamais arrivé à destination. Une prochaine fois !
Différentes animations, spectacles et propositions comiques sont également venus étayer ces trois journées de fête, démultipliant les accès à une culture plurielle et riche proposée par le festival. Agréable et bienvenue donc, donnant un peu plus envie au festivalier d’investir le site et d’y rester à loisir. Le choix de boissons diverses et notamment le large choix et la qualité des bières proposées restera évidemment un argument supplémentaire (tout autant que modéré) pour chacun de découvrir l’an prochain ce petit lieu de paradis au début de juillet.
Des interviews avec Cypress Hill, Hubert-Félix Thiéfaine et High Tone feat Oddateee arrivent rapidement. On remercie d’ailleurs chaleureusement l’équipe de Décibulles pour nous avoir mis à disposition ces artistes 🙂 ! A 2016 !
Photos : Ugo Schimizzi
