A l’occasion du Hellfest 2024, nous avons vu Sorcerer, le groupe de hardcore parisien, dont le dernier album, Devotion, nous avait beaucoup plu. Nous avons aussi beaucoup aimé le set et l’engagement du groupe lors du fest (voir live-report). Rencontre avec Guillaume, le guitariste du groupe…
Salut Sorcerer ! On était dans le moshpit pour votre set dimanche au Hellfest. Comment avez vous trouvé l’ambiance pour ce concert qui, à notre avis, à tout de suite bien remis les pendules à l’heure sur la War Zone ?
Guillaume (guitare) : C’était un moment important pour nous et, à titre personnel, j’ai vraiment adoré. On sait bien que le public du Hellfest est particulier, différent du public purement hardcore, dont on a plus l’habitude, ça brasse plus large, donc on s’est concentré sur l’idée de faire le show le plus “fat” possible, et les gens ont eu l’air de kiffer, donc c’est cool !
Pourriez-vous présenter le groupe (membres, historique, etc.) ?
Guillaume : on s’est monté entre 2019 et 2020 à Paris, on a fait notre premier concert en septembre 2021, avec notre premier EP “Joy”. Avant notre album on a fait 2 autres EP dont un split avec Pencey Sloe, tout est sorti sur Delivrance Records (et Frozen Rec pour Devotion). On a Dom au chant, Morgan à la batterie, Goulven à la basse, Tim et moi aux guitares.
Ici, chez Vacarm, on a beaucoup aimé “Devotion”, votre dernier LP. Quelle était votre intention artistique, pour ce bel album ? On sent que c’est pensé de bout en bout, hyper cohérent…
Guillaume : bah c’est ça, tu résumes bien le truc. On voulait faire un album qui serait cohérent de bout en bout et dans lequel rien ne serait laissé au hasard, de la musique à la direction artistique. On s’est laissé aller je pense, sans trop de calcul, en sachant que Devotion serait un peu le bilan de tout ce qu’on a fait de nos débuts à maintenant, donc on a essayé de faire l’album le plus sincère possible.
Vous faites une musique qu’un Philippe Manoeuvre pourrait qualifier d’”abrasive”… Pourtant, les titres « Devotion », « In the Arms of Mortality » ou « A Kindness » osent aussi offrir des respirations… Il y a aussi l’artwork, très marquant. On sent que vous avez aussi envie de poser une ambiance, je me trompe ?
Guillaume : oui, c’est souvent posé comme étant la particularité de Sorcerer, de faire un hardcore teinté de mélodies qui lorgnent vers d’autres styles, moins violents. Le challenge, c’est de créer une musique visuelle, donc évidemment on a pensé l’artwork en ce sens, comme une œuvre qui allait questionner en elle-même. Mais, au sein de la musique aussi, on essaie de creuser le côté cinématographique de la musique, ce qui nous pousse toujours à travailler des dynamiques différentes. C’est ça qui nous excite, car ça nous force à nous dégager de nos inspirations et références, pour aller chercher quelque chose de plus personnel.
J’ai appris que vous avez enregistré Devotion à l’Apiary studio d’Amaury Sauvé. On a d’ailleurs rencontré un autre groupe qui a bossé là-bas durant le Hellfest (Red Sun Atacama). Comment s’est passé l’enregistrement de l’album ?
G : hyper bien, Amaury a parfaitement cerné l’enjeu et les problématique du groupe a travers cet album, et c’était une rencontre intéressante pour les deux parties je pense. Il fonctionne en prise live, donc là aussi on a dû sortir de notre zone de confort, et le rendu est très organique. C’est ce qu’on voulait alors c’est top; et depuis, on joue mieux ensemble, ce qui était aussi le but de la manœuvre.
Un des trucs que nous avons particulièrement apprécié lors de votre set : vous êtes parmi les rares artistes français à avoir pris position dans le contexte politique actuel au Hellfest. C’est important, pour vous, l’engagement dans votre musique ?
G : Toute œuvre est engagée à sa manière, et dans Sorcerer, habituellement, on ne pratique pas d’engagement frontal, on est plus adepte de la métaphore, ou bien de discours plus axés sur l’intériorité, le vécu personnel, la santé mentale, etc. Mais dans le fond, tout est lié. On savait qu’au Hellfest on aurait une audience beaucoup plus large, encore une fois différente de celle dont on a l’habitude et dont on sait que pour la plupart elle partage nos opinions; donc on en a profité. Après, ce n’est honnêtement pas très compliqué de rappeler certaines choses basiques, mais ça fait toujours du bien.
Comment trouvez-vous les scènes hardcore et post-hardcore en France, en ce moment ? Des conseils ? Des découvertes ?
G : On vit une sacrée période niveau Hardcore avec un renouveau un peu partout, à Paris, Lille, Lyon, Bordeaux, etc. Ill y a beaucoup de groupes qui se montent donc c’est toujours bon signe. On y voit certaines tendances, qui sont cools, on se sent moins dépendant des Américains qui font généralement la pluie et le beau temps à ce niveau. Donc je dirais qu’il faut continuer à consolider tout ça en espérant que les groupes restent variés et ne se cantonnent pas à un certain style dans une certaine branche du metal hardcore. C’est cool de voir le truc s’élargir, avec les problèmes et ses dissensions que ça draine aussi bien sûr, mais dans l’ensemble c’est très positif. En conseil j’en aurai pas trop à donner si ce n’est de rester un minimum exigeant avec soi même. C’est cool d’avoir un groupe, mais ça l’est encore plus si il a une identité vraiment propre. Beaucoup de groupe à citer, mais je dirais Moldy, qui vient de se monter avec des potes de Paris issus de plein d’autres groupes, c’est du vrai punk hardcore pas métal pour un sos, ce qui fait du bien au milieu de toute cette vague “tough”.
Comment se présente le futur pour Sorcerer ?
G : Pour l’instant, tourner au max pour défendre l’album, on a une tournée européenne cet automne avec Guilt Trip et Foreign Hands, et on devrait être bien actifs en 2025 aussi; on voudrait aller le plus loin possible. On devrait pas tarder à se remettre à composer aussi !
Merci Guillaume, et merci Sorcerer !