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Samuel Retailleau, « Le vinyle est un objet durable »

A l’occasion de la sortie de la première box par abonnement, en provenance directe de l’usine, la M Box, nous avons posé quelques questions à Samuel Retailleau, initiateur de cette nouvelle offre au sein de M Com’ Musique, une usine de pressage de vinyles qui monte, qui monte…

M Com’ Musique, c’est une usine de pressage de vinyles en Bretagne. Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer cette chaîne de production ?

Début 2014, les cofondateurs de M Com’ Musique (Antoine Ollivier et Mickaël Collet) faisaient de la relation presse et de la distribution pour le label rennais Beast Records. À ce moment-là, en discutant avec les différentes personnes autour d’eux, ils se sont rendu compte qu’il y avait une forte demande et un vrai retour sur le vinyle. Ils se sont dit « Allons-y, fabriquons-les ». À l’époque, il était difficile pour les artistes et labels de faire fabriquer des vinyles en France, surtout en petite série. Pour la petite anecdote, Antoine et Mickaël ont fabriqués eux-mêmes la première presse à vinyle de l’usine ! C’était complètement artisanal, les premières années, ils ont appris de A à Z la fabrication d’un vinyle et ont, en même temps, croulé sous les demandes ! 

Avec la mode retro / vintage, votre carnet de commandes est plein je suppose ? Combien de vinyles produisez-vous chaque année ?

Oui on est pas mal occupé (rires) ! C’est assez fou quand on y pense, on est passé de 280 vinyles/jour en 2014 à 1200 vinyles/jour aujourd’hui ! En fait on a multiplié par quatre la production, on presse plus de 320 000 disques vinyles par an. Nous avons toutes sortes de demandes, de l’artiste complètement auto-produit aux labels références qui offrent une belle vitrine pour les albums. 

Il faut saluer les disquaires et les labels indépendants qui n’ont jamais lâché le vinyle. Ils y sont pour beaucoup dans ce regain d’intérêt. Aujourd’hui, même les petites, moyennes et grandes surfaces ont remis en place un rayon vinyles. Les raisons sont multiples mais, je crois que la dématérialisation de la musique et l’offre pléthorique à laquelle nous avons accès partout, tout le temps, renforce beaucoup cette attirance pour le vinyle. Le vinyle c’est prendre le temps dans une époque ou tout va très vite !  

Concrètement, comment ça se passe pour presser un vinyle ? Ça demande du temps pour chaque exemplaire ? Ça nécessite des matériaux et une logistique de précision ?

C’est un vrai travail d’orfèvre. Le vinyle est un support exigeant dont la production est complexe. Avant que vous ayez le disque sur votre platine, il a déjà toute une histoire, avec des savoir-faire et métiers à chaque étape. La première c’est ce qu’on appelle le cutting. Après avoir fait un mastering dédié au vinyle, la musique va être gravée sur une laque. C’est une plaque d’aluminium recouverte d’un vernis. C’est fait dans un studio avec une machine qui ressemble à une platine vinyle, sauf que c’est l’inverse. Au lieu que l’aiguille vibre en suivant le sillon, l’aiguille va vibrer pour creuser le sillon. Pour nous, ce travail est fait à la Villa Mastering avec André Pierrat, un monument vivant du cutting, il a travaillé sur les albums de Gainsbourg, Nino Ferrer… à l’époque les artistes venaient voir le travail directement en studio pour voir comment le disque allait sonner !

Ensuite il y a la galvanisation, en rigolant on dit souvent que c’est de la magie. Une fois la laque gravée, elle est plongée dans un bain chimique. Dans celui-ci se trouvent des particules de nickel, par électrolyse, les particules de nickel vont venir se déposer sur la laque. Au bout de plusieurs dizaines de minutes, on démoule et on obtient un négatif qui fait 250 microns d’épaisseur. C’est ce négatif qu’on appelle matrice, une face A et une face B qui vont nous servir pour la dernière étape, le pressage. 

Pour le pressage du vinyle. On va insérer le négatif A et B sur notre presse, le PVC est chauffé à 130 degrés puis une pression de 150 tonnes est exercé pour que la galette voit le jour. Là aussi c’est un véritable savoir-faire, la presse à une âme, elle est plus ou moins docile en fonction du climat, de son humeur… (Rires). Pour répondre à ta question. Oui tout cela demande évidemment une logistique bien huilée et très précise. Pour le matériau, il faut un PVC qui a des propriétés spécifiques au disque vinyle, on a essayé un vinyle à base d’algues. Ca fonctionne mais c’est un vinyle Mission Impossible, malheureusement il s’autodétruit au bout de plusieurs jours… (Rires) Il faut encore que la recherche avance à ce sujet !

Vous lancez un abonnement mensuel pour recevoir chez soi une sélection de vinyles. Qu’est-ce qu’on trouve dans cette box ?

Oui on expédie notre première M Box en Septembre ! On est super fier de lancer la M Box, car elle soutient les artistes et labels indépendants. Nous pensons que le vinyle est un objet durable. Un objet de collection qui ne perd pas de valeur et un moyen de reprendre le temps de découvrir la musique et d’aiguiser notre curiosité. A travers la M Box on veut valoriser le savoir-faire made in France. Partager nos découvertes, nos coups de coeur et permettre à nos abonnés de découvrir des artistes. Pour cela quoi de mieux que de recevoir l’objet musical par excellence ? A l’intérieur, il y aura donc, selon l’offre que vous aurez choisie, 1, 2 ou 3 vinyles avec à chaque fois une sélection éclectique. Notre volonté c’est avant tout de mettre en avant la musique. Le contenu c’est le plus important pour nous.

Quelle sera la première sélection de vinyles ? Pourquoi avez-vous choisi spécifiquement ces albums ?

La première sélection sera comme toutes les autres éclectique. C’est vraiment primordial pour nous d’embarquer nos abonnés vers des univers où ils ne seraient pas allés d’eux mêmes. Je ne peux pas dévoiler pour le moment le contenu car c’est la surprise que l’on veut faire à nos abonnés en septembre lors du premier envoi. Il y aura 3 disques de styles complètement différents, deux découvertes et un disque choisi par les internautes grâce à un vote mensuel. On a un peu la pression car on sait que l’on va être jugé sur notre première sélection, mais on a quelques cartouches en stock ! (rires)

Vous proposez aussi aux internautes de participer à la sélection mensuelle. Comment ça se passe ?

Oui chaque mois, un des vinyles est choisi par les internautes par l’intermédiaire d’un vote dans notre groupe facebook #MBox. C’est l’occasion de faire découvrir à toutes celles et ceux qui le veulent de la nouvelle musique et de mettre en avant des labels et esthétiques. Chacun peut voter, écouter et acheter les disques en sélection. À la fin du mois celui qui a le plus de votes est fabriqué par nos soins et insérer dans la prochaine M Box

Pour le premier vote des internautes, c’était naturel pour nous de parler d’un partenaire historique pour M Com’ Musique. Le label rennais Beast Records. Sans ce label il y a fort à parier que je ne vous parlerai même pas aujourd’hui. Beast est un soutien depuis le début, toute l’équipe est admirative du travail fait depuis 15 ans par ce label. Pas moins de 250 références en total autonomie et en refusant toute subvention. Respect.

Il se trouve que pour le premier vote, on fait une pierre deux coups, puisque Beast Records est acteur de la programmation du Binic Folk Blues Festival. Un festival qui a réuni 60 000 festivaliers lors de la dernière édition et qui permet de vivre des moments magiques au bord de la mer, les pieds dans le sable. La sélection s’est arrêté sur les groupes australiens avec qui Beast à noué de belles relations et qui sont dans la programmation du festival.

Combien coûte l’abonnement ? Je dois m’engager sur un an ?

C’est simple, la M Box c’est chaque mois, 3 vinyles de notre usine à votre platine pour 35€ frais de livraison inclus. Pour 2 et 3 vinyles par mois, l’engagement est en effet d’un an, mais on propose aussi une offre sans engagement pour 1 vinyle par mois pour 25€.

Vous avez déjà une idée en tête pour la prochaine sélection ? Un artiste coup de coeur que vous souhaiteriez mettre en avant ?

Bien sûr on travaille sur les prochaines sélections d’arrache pied. Chaque jour, on a plein d’envies et d’idées. D’ailleurs, n’hésitez pas à nous contacter si vous êtes un groupe ou un label. Toutes nos sélections sont des coups de coeur. Je ne veux pas faire de jaloux, chacun aura sa mise en avant, en temps et en heure. Si vous voulez en savoir plus, il vous faudra être patient et attendre septembre. Nous rejoindre en tant qu’abonné ou sur le groupe facebook #MBox. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant désolé…

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