Rencontre express avec Nicolas Courret batteur et membre historique du groupe Eiffel, à l’occasion du concert au Rex de Toulouse le 24 octobre 2019.
Bonjour Nicolas, Stupor Machine est sortie depuis maintenant 6 mois ! Est-ce qu’à l’heure du big data, vos fans les Ahuris, ont répondu présent à la sortie de l’album ?
Ce n’est pas évident de s’en rendre compte au moment de la sortie. On est noyé dans le big data et dans le nombre de trucs qui sort et qui sont, pour ce qui est de la musique rock, de moins en moins relayé médiatiquement. C’est difficile de savoir si les gens qui nous connaissent ont été touchés mais là on est en train de se rendre compte que oui. On a commencé la tournée et on a plein de dates qui sont complètes et quand ce n’est pas le cas il y a beaucoup de monde. Les gens qui nous suivent sont là. À la sortie de l’album, on ne savait pas ce qui allait se passer. On savait qu’on en avait pas vendu énormément mais c’est pour tout le monde pareil. Là les gens concernés sont là. La semaine dernière nous avons fait complets à Lyon.
Vous commencez la tournée par une sélection de clubs et, comme ce soir à Toulouse, un certain nombre de dates affichent complet, peut-on espérer vous voir repasser ici plus tard dans la tournée ?
Nous on espère ! On aimerait bien faire une salle un peu plus grande, au printemps 2020 par exemple.
Parlons de Stupor Machine. La première chose frappante sur le disque, c’est la pochette ! Pour la première fois sur un disque studio d’Eiffel, ce sont vos trombines qui font office de pochette d’album. Y a-t-il une raison à ce choix ?
Une raison je ne sais pas mais il y a une volonté peu commune, on avait tous envie ! C’est notre 6ème album et on commence à avoir tous un peu de bouteille. On assume d’avoir nos gueules sur une photo de disque, ce qui n’avait jamais été le cas avant. Tant qu’à faire on s’est dit de le faire de manière très épuré, fond noir avec nos gueules avec une petite réminiscence des Beatles. Une vraie envie commune.
La seconde chose la plus frappante, quand on écoute le texte en entier, ce sont les textes beaucoup plus explicites ? Est-ce un choix de Romain ou l’avez-vous poussé vers cette direction ?
Ça concerne Romain. Sans vouloir faire d’album-concept, quand il écrit ses textes il est quand même sensible à ce qui se passe dans l’air du temps et il se trouve que l’air du temps en ce moment, nos discussions, sont vachement sur ça : Internet, la circulation des données, le flicage, les progrès technologiques qui vont de pair avec la planète qui est en train de se casser la gueule… Tout cela est assez flippant. Du coup les textes sont tous, à des degrés divers et avec des facettes différentes, empreints de cette trouille.
Sur Stupor Machine, apparaît le morceau Oui qui se trouve être une suite ou une réponse au morceau À tout moment la rue. J’imagine que le morceau a été composé avant le mouvement des gilets jaunes, avec le recul auriez-vous fait le morceau de la même façon ?
Je ne sais pas il faudrait le demander à Romain. Peut-être que cela aurait fait différemment. Tout ce qui est dit dans la chanson Oui, c’est un peu l’inverse qui s’est passé avec le mouvement des gilets jaunes. Autant À tout moment la rue était un peu visionnaire entre guillemets, autant Oui est peut-être une erreur de jugement… Mais en même temps, pas tant que ça je pense. Le peuple gobe quand même plein de choses. Même s’il s’est révolté, j’ai l’impression que tout ça est parti en cacahuètes finalement. Le non s’est peut-être transformé en oui.
Lorsque j’ai vu Eiffel en début de tournée, au Lo Bolegason à Castres, vous aviez enchainé À tout moment la rue et Oui…
Ben oui ! Quand on a commencé à répéter le set, c’était presque une évidence !
Vous pourriez presque n’en faire qu’un morceau ?
À la batterie j’enchaine les deux, pour moi c’est le même morceau.
Vous venez de sortir un second vidéo-clip, après Chasse spleen, c’est à nouveau une ballade, Chocho, qui a l’honneur d’un vidéo clip. Est-ce un choix volontaire de mettre les ballades en avant ?
Ces deux morceaux-là nous paraissaient radio diffusable, il se trouve qu’ils sont finalement internetisables. La radio ne répond pas tant que ça. Le choix n’est pas dû au tempo mais par rapport à ce qu’ils véhiculent. Chocho est une ballade assez sonique, très Pixies, l’une de nos très grandes influences (ndlr : le nom du groupe vient d’un titre des Pixies).
Après 6 albums au compteur est-ce dur d’établir une setlist de concert ?
C’est de plus en plus facile ! Ce qui nous intéresse c’est de défendre l’album Stupor Machine évidemment. Mais aussi d’aller puiser dans les morceaux passés. On a cherché à mettre dans la setlist les morceaux qui iraient le mieux avec les nouveaux. Ce fut assez facile avec certains qu’on n’avait pas joués depuis longtemps comme T’as tout tu profites de rien. Le tout se marie bien.
Ton morceau préféré du nouvel album ?
De ceux joués sur scène Hôtel Borgne.
Dernière question, où en est le film Eiffel ?
Il est fini mais ne sortira pas tout de suite. Il y a des contingences juridiques mais ça sortira avec un dvd et je pense quelques projections. Dans le DVD, il y aura le film d’environ 1h30 et des bonus, peut être un dvd ou deux, des trucs assez fous avec des images d’archives. Nous avons envie qu’il y en ait le plus possible même si ce n’est pas nous qui faisons le film. C’est un réalisateur qui s’appelle Eric Bougnon.
Un grand merci à Nicolas Courret pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Le live report de la soirée (avec photos) est toujours disponible.