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Red Sun Atacama – « Des lives qui sonnent comme sur album »

Nous avons eu la chance de rencontrer l’intégralité des membres du groupe Red Sun Atacama, juste après leur concert au Hellfest. Formé en 2014 à Paris, le power trio qui monte en France mélange psychédélisme désertique et rugosité punk. Inspiré par le désert d’Atacama et l’Amérique latine, le trio a autoproduit un premier EP, « Part 1 », en 2015 et un premier album, « Licancabur », sorti en 2018 chez More Fuzz Records, qui a su asseoir leur style auprès du public stoner français. Sur scène, ils retranscrivent la fureur hypnotique de leurs morceaux avec une intensité palpable, qui a mis tout le monde d’accord malgré l’heure un précoce de leur passage… Avant le Hellfest, le groupe a déjà écumé les scènes européennes, partageant l’affiche avec des poids lourds comme Uncle Acid And The Dead Beats et Mars Red Sky, et a su se créer un public de plus en plus fidèle.

Pour leur second album, ils ont d’ailleurs signé avec le label Mrs Red Sound, dirigé par Mars Red Sky. Avec « Darwin », sorti le 17 juin 2022, Red Sun Atacama continue d’impressionner avec sa capacité à marier puissance et psychédélisme. Leur musique est un tourbillon sonore qui captive autant sur disque que sur scène. Ce groupe promet de secouer encore longtemps la scène rock avec leur énergie indomptable.

Red Sun Atacama

Salut Red Sun Atacama ! Comment s’est passé votre set au Hellfest ? 

– On est plutôt content. On avait prévu un set spécial, qu’on avait préparé en amont :  on avait fait une résidence.

– Oui, un Hellfest, ça fait partie des concerts que l’on prépare un peu différemment. Donc, oui, on est plutôt content du résultat…

– Plutôt content ?? Non, non ! C’était ÉNORME ! C ‘était super cool. On a ouvert à 10h30 et franchement les gens se sont levés.

– Oui, c’est vrai. Il y avait du monde. C’était hyper agréable. 

– Arrête : c’était ras la gueule ! L ‘accueil du Hellfest, super aussi. Pour la réception sur la scène. Franchement, super matinée. La météo de ouf. C’était idéal. 

– C’est clair qu’il aurait pu pleuvoir, mais non, nickel. 

– Par rapport à ce qu’on disait en off, c ‘est vrai qu’on a eu pas mal de monde. Je ne sais pas : 2500 personnes ? On s’engage ! Mais genre, vraiment, il y avait plein de monde. On le sentait : quand nous sommes arrivés, la veille, pour prendre les billets, on s’est fait pas mal arrêter, quand même, par des gens qui nous disaient « Ah ouais, Red Sun Atacama, on vient vous voir demain, 10h30, on se lève ! ». Donc, cool, des gens motivés, franchement.

– C’est hyper touchant. Il y a un côté un peu alignement des planètes, en ce moment. Clem a compté : c’était notre 111ème concert, ce matin. 

Bravo !

– Merci ! Ce matin, on a eu l’impression que le public des 110 concerts d’avant, ensembles. Sauf qu’au début, aux concerts, il y avait dix personnes, puis il y en a eu 50 personnes… Et ainsi de suite, et tu te retrouves aujourd’hui avec des tronches que t’avais pas vues depuis cinq ans, ou depuis trois jours. Et tout le monde est là, et c’est une belle fête. 

– On est aussi content parce qu’on a fait 8 heures de route de Toulouse, sans climatisation, à 5 dans un van avec tout le matos. Avec les jambes contre la poitrine parce que pas place, en fait… mais en même temps on était cons, on a pris le petit van alors qu’on était la full équipe avec le tour-guy Niko et avec l ‘ingé son, donc forcément on était serrés.

Red Sun Atacama

Vous avez sorti votre 2ème album, Darwin, il y a un peu moins de 2 ans c ‘est ça ? 

– C ‘était en juin 2022 donc ça fait 2 ans, c ‘est ça. 

Et pour cet album vous vous êtes retrouvé sur le label de Mars Red Sky ?

– Exactement. 

Et comment c’est arrivé ? 

– Écoute, en fait, quand on a enregistré l ‘album, que le master était fait et tout, on a commencé à aller voir à droite à gauche. On cherchait à voir s ‘il y avait des labels qui pourraient être intéressés. Et en fait, malgré la qualité de l ‘album, les labels étaient plutôt frileux. On allait se lancer en comm avec chez Promotion dans lequel est Floriane. Et Floriane, en fait, c ‘est une des deux têtes avec Jimmy (Jimmy Kinast, bassiste/chanteur de Mars Red Sky et responsable de MRS Red Sound, NDLR). Floriane, on l ‘avait contacté juste pour faire notre com, elle a kiffé, elle en a parlé à Jimmy, tous les deux se sont mis d’accord, elle nous a dit : “ça ne vous dirait pas”, alors que nous on galérait, aucun label voulait de nous. Finalement je pense que c ‘était une bonne pioche, tout le monde est content.

– C’est super besoin de rejoindre ce label -là, des beaux noms… On parle sous le contrôle de Jimmy (Jimmy est présent à ce moment-là autour de la table, NDLR) !

Red Sun Atacama

Vous avez un son, on va dire, stoner, heavy psych, etc. Mais ce que j ‘ai compris c’est que vous avez enregistré avec un gars (Amaury Sauvé, the Apiari Studio, NDLR) qui vient plutôt de la scène hardcore, post-hardcore. C’était un problème ?

– Alors, un problème, oui et non, parce qu ‘en fait, quand on avait fait le premier album, on était parti avec énormément de références ; on y a mis beaucoup de trucs qu ‘on adorait : Kyuss, Fu Manchu, etc. Et, en fait, une fois qu’on a eu l ‘album entre les mains, on a été un peu frustré, notamment par rapport à ce que pouvait nous en dire le public. Quand ils nous voyaient en live, ils comparaient avec comment ça sonnait sur album : “c’est vachement moins bien, mais certainement vous êtes un groupe de live ». Mais je pense que ça vient peut -être du fait qu’on était partis avec vraiment des références en tête sur le premier album. Et, en l ‘occurrence, peut -être qu ‘on est un peu plus hybride que ça…  Donc, plutôt que d’aller dans un truc formaté comme ça, on réfléchissait, on avait pensé à plusieurs ingés son et du coup, on a une amie à nous, la chanteuse de Point Mort, Sam, qui enregistrait pas mal avec lui. Elle nous a dit : “ouais, c ‘est génial ce type, c ‘est un génie, tu vas voir…”  Du coup, elle m’a envoyé 2 heures de podcast de lui, où il parle de sa méthode de travail. Moi, j’étais scotché… C’était trop bien !  Je l ‘ai passé au gars, ils ont dit : “ah putain, ok, ça peut être bien !”

– C’était 2 podcasts de 3 heures, au début pour être honnête…

– On l’a vu un peu avec appréhension… Mais plutôt que de te dire :  “en fait, tu dois t’enfermer une semaine, on enregistre un album, là, si tu viens faire une préprod, tu reviens deux mois après, refaire une préprod et puis après t ‘enregistre…” (donc un côté un petit peu fastidieux et, au final, complètement changé), il a plutôt fait partie intégrante du processus de création. Il a vraiment apporté beaucoup à la façon dont on composait, il a donné ses recos sur les morceaux. Et puis voilà :  c’est pas ses influences qui nous ont poussés chez lui, au départ, c’est vraiment sa méthode, sa façon de considérer le son, de travailler avec des groupes, etc. Et après, le fait qu ‘il ait des influences différentes, c ‘était intéressant, parce qu ‘il n ‘était pas tout de la scène. Il connaissait Kyuss, peut -être aussi Mars Red Sky en France, pour le coup… Mais d’une manière générale, il n ‘avait pas de refs dans ce genre de son-là.

– Le pari, c ‘était aussi un petit peu ça, c ‘était qu ‘en fait, on s ‘est dit, putain, le mec est super fort.

– Et en plus de ça, genre, il a zéro ref dans la scène. Il ne connaissait vraiment rien, hein. On a dû littéralement lui épeler Brant Bjork, en fait, et je crois qu ‘il a continué à l ‘appeler Brande Björn, jusqu ‘à la fin d ‘enregistrement (rires complices de stoners)

Ce que ça fait, en fait, derrière, c ‘est que ça donne un album qui sonne… Et ça, on adore quand on nous le dit, parce que ça arrive quand même régulièrement : “putain, c’est incroyable, votre live, il sonne comme sur un album”, bon, avec la 3D du live, mais ça sonne comme sur un album, quoi… Et nous, à chaque fois, on est là, genre, bah ouais, trop bien. Parce qu ‘en fait, Amaury, comme il n ‘a pas de référence, bah du coup, il n ‘a pas essayé de faire quelque chose avec notre son, à nous pousser dans une direction précise. Tout ce qu ‘il a fait, c ‘est genre, : “on va appuyer sur comment eux, ils sonnent, plutôt que d ‘essayer de caler sur tel truc ou tel truc que je connais déjà”. 

Red Sun Atacama

Amaury a même joué avec vous, non ?

– Oui. Il fait les percus, il s’est beaucoup investit.  Il s’est mis à jouer avec nous parce qu’on a failli perdre les doigts de Robin sur le rec (= l’enregistrement, NDLR).

– Je me suis un peu pété un doigt, un après-midi. C’est un problème, en effet, pour jouer. On m ‘a laissé 24 heures de repos. Et en attendant, Amaury a fait un peu de percus, de maracas. Du coup, on lui a dit : ”bah, vas -y”,et il a joué les percus pour tout l’album… Un accident heureux, quoi.

– C’est ça, mais enfin, évidemment, tu vois, ça a bien joué.

– Vu l’investissement qu’il met sur l’enregistrement, c’était chouette de l’avoir aussi sur l’album, quoi.

– C’est clair. Puis, il y avait des choix assez radicaux, quoi. Enfin, tu arrives dans un beau studio, comme le studio l’Apirari d’Amaury, tu peux être tenté de faire un peu plein de post-prod, de faire plein de re-records, de foutre un mur de quatre guitares, et machin…

– Mais, il a été vraiment dans l ‘optique de faire sonner ça live. Il nous a fait cette proposition-là : “On va pas faire un milliard de re-records”. En réalité, il y en a forcément quelques-uns, mais on est vraiment parti sur quelque chose d’authentique : la basse à gauche, la drum au centre, la gratte à droite… C ‘est quelque chose qui sonne le plus live possible, pour que ça fasse quelque chose de brut. 

– Et c ‘est aussi pour ça que quand les gens viennent en live, il y a cette espèce de côté, “putain ça sonne comme sur l ‘album”. Mais c’est parce que l’album est pensé pour ça ! Limite, l’auditeur ferme les yeux, et c’est comme si c’était dans une scène, avec le côté un peu plus produit, un peu magique d’être en studio… Bientôt en Dolby Atmos (rires)

Red Sun Atacama

Est-ce qu’on peut un peu parler de vos influences ?

– Alors je pense que les influences communes, ça va être plutôt dans le stoner… Mais ce qui fait aussi la force du groupe, c ‘est que chacun arrive avec des influences vraiment diverses et variées. Moi, typiquement je vais un peu plus sur des trucs peut -être un peu plus froid, ou des influences un peu plus prog-ish, que les autres n ‘ont pas, genre The Stoog es, du coup The Mars Volta, typiquement c ‘est des trucs qui me parlent beaucoup, Roch, toi, c ‘est un peu plus…

– … Beaucoup de rock 90s quoi. Du punk rock 90s, du psyche mais du vieux psyche 60s, des trucs comme ça.

– Et moi du gros rock de boomer ! Led Zep, ACDC à fond, et puis les Stooges… J’aime aussi plein de trucs bien plus modernes. Nirvana à fond, mais il doit y avoir du Black Sabbath un peu partout aussi…

– Rien d’ irréconciliable dans nos influences en tous cas. 

Red Sun Atacama

Et du coup “Darwin”, le nom de votre dernier album, tire son nom d’une montagne au Chili ? 

– Tu t’es bien renseigné, dis-moi ! Oui, c’est une montagne, c ‘est un volcan endormi comme il y en a beaucoup là -bas, qui est en Patagonie donc vraiment tout au sud du Chili. 

C’était un clin d ‘œil au premier album? 

– C ‘était bien un clin d ‘œil, on essaye toujours de tout relier… Le premier album de Red Sun, était en effet appelé “Licancabur(sorti en 2018 chez More Fuzz Records, NDLR) , c ‘est aussi un volcan qui lui est vraiment dans le désert d ‘Atacama pour le coup, à 3000 km au nord du Darwin. On aime bien tourner autour du désert d ‘Atacama, de tout ce que ça amène en mysticisme, ce qu ‘on peut imaginer autour du désert en termes d’atmosphère, d’ambiance…

– Avec ce nom, on aime bien réancrer l’album dans ce milieu-là.

DARWIN, en écoute intégrale sur YouTube !

Qu’est-ce qui est prévu pour la suite, pour Red Sun Atacama ?

– Là, pour être honnête, on a fait quand même plein de concerts, pas mal de tournées, ces derniers mois… Donc, là, on va peut -être un peu se recentrer plus sur la créa, pour préparer quelque chose… 

– Jouer au Hellfest, c’est un peu un accomplissement.  Là, on va prendre un petit repos, cet été, et puis repartir sur la route : on a quelques dates en fin d’été, puis une tournée européenne en novembre prochain.  Mais là on va se recentrer un petit peu sur la compo et voir après…

– L’Europe, ça va être plus en novembre quoi. On enchaînera avec deux mois de repos mais pas tellement plus. Après on a quelques dates, toute fin août mais en réalité c’est deux mois repos et compos, on va dire, pour préparer l’enregistrement d’un album l ‘an prochain. 

– En ce qui concerne la tournée, on supporte Dopelord !  On fait 15 dates avec eux,  je crois.

 – Venez nous voir, alors, puisque nous jouerons avec eux en France :  on fait Montpellier, Nantes, Bordeaux, Paris, Lyon… Je crois que c ‘est ça ! Voilà, c ‘est déjà pas mal. Mais le projet à plus long terme en réalité, c ‘est surtout confirmer avec un troisième album et puis, peut-être de façon un peu un peu imprécise, mais en tout cas dans l’intention, c’est de passer du statut de groupe qui monte à un statut un peu plus établi… Typiquement, qu’on passe de “vous êtes le support de belles dates” à “ ça fait un beau plateau” quand on est là. 

Merci les gars. On vous souhaite, vraiment, le meilleur pour la suite !

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