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[Motocultor 2022] Interview de Tranzat

Le groupe de métal déjanté brestois Tranzat était venu défendre leur nouvel album « Ouh la la » le samedi du Motocultor Festival, en cette belle année de reprises de concerts et de festivals qu’est 2022. Alors que le public sortait à peine de leur repas, le quatuor a su mettre une ambiance assez furieuse devant un gros ramassis de curieux bien réceptifs au show du groupe. On s’est dit que ce serait cool de faire connaissance, au-delà de leur musique déjà très parlante.

Motocultor 2022 J3 2 Tranzat (5)

Les gars, merci énormément de nous recevoir. On commence par une petite présentation ?

Thomas : je suis le batteur du groupe Tranzat

Manu : Et moi chanteur et guitariste !

Comment s’est passé votre performance au Motocultor ?

Manu : Carrément bien ! Un bon accueil de la part du staff, de bonnes conditions pour jouer et un public qui a été présent, vraiment curieux et intéressé par notre musique ! Et motivé !

Thomas : On entendait le public depuis la scène avant d’y rentrer, Benj s’amusait à faire quelques petites notes de guitare avant que ça commence pour chauffer le public et ça marchait !

Manu : On a beaucoup défendu notre nouvel album. Notre set durait 40 minutes et l’album lui dure 55 minutes. On a fait des choix pour se mettre d’accord sur le meilleur set à jouer avec notre contrainte de temps. On a fait le choix de ne jouer aucun titre des deux premiers albums, 40 minutes c’était trop court pour cela donc pour jouer la carte de la fraicheur et de la cohérence, on s’est focalisé sur « Ouh la la ». On est passé à autre chose avec cet album et on avait vraiment envie de montrer ce que nous faisons aujourd’hui, plus que ce que nous faisions avant.

Comment avez-vous vécu ces longs mois, même ces deux années d’attente pour pouvoir jouer votre album en live ?

Thomas : Il s’est effectivement passé environ deux ans entre le moment où l’album était terminé et aujourd’hui…

Manu : C’était deux années très frustrantes. On sortait du studio en janvier 2020, on était surchauffé par notre travail. Tout était prêt, notre label aussi. Puis est arrivé ce qui est arrivé.

Thomas : Un gros ascenseur émotionnel, comme pour beaucoup de gens… De la frustration, de la déception… La reprise a été compliquée pour tout le monde. Le milieu est sorti de cette période de pandémie avec plein de mutations. Il y a des gens qui ont quitté leur profession, des groupes qui se sont demandés s’ils voulaient continuer…

Vous vous êtes posé cette question ?

Manu : Non, non ! Nous, il fallait absolument qu’on défende l’album. Ca n’a pas été facile tout le temps pour tout le monde d’attendre, mais on se mettait une carotte et on se disait qu’il y aurait quelque chose de bien à la clé. Le premier et dernier Motocultor qu’on a fait, c’était en 2018, même jour même heure d’ailleurs ! Donc un déjà-vu qui faisait qu’il fallait vraiment qu’on ne fasse pas pareil, un argument de plus pour aller défendre exclusivement « Ouh la la » ! Le Tranzat d’avant est mort, vive Tranzat (rires) !

Et en deux ans, vous avez déjà pu envisager une piste d’un quatrième album ?

Thomas : Oui… mais plutôt non. Tu sais, les deux années blanches n’ont pas été un bloc. Tous les deux-trois mois on avait l’impression que c’était réglé, que ça pouvait reprendre. Tout n’a été que retardement sur retardement d’échéances. On a jamais eu la perception de se projeter sur un nouvel album, ce n’était pas du tout approprié. On restait sur notre projet, c’était obsessionnel. C’était notre manière aussi de rester en contact, autrement on aurait pu se dire « Bon bah les gars on se retrouve dans deux ans »… ça aurait été très dangereux.

Manu : Pour ma part j’ai quand même eu quelques phases de composition, parce qu’au bout d’un moment on se fait chier aussi, forcément ! Des idées ont émergé, mais pour l’instant je ne les ai même pas montrées à mes comparses. Ce n’est pas le bon moment, on reste focus sur « Ouh la la ». On a toujours fonctionné comme ça, bosser un peu dans notre coin et mettre ça à plat ensuite ensemble. En cela, les confinements n’ont pas fait bouger notre façon de composer à plusieurs. Thomas est sur Guingamp, Benjamin est à Gorges, moi dans la région de Brest… Bref, on se voyait environ une fois par mois à La Carène à Brest pour répéter ensemble et discuter.

Thomas : On a appris à gérer cette frustration, mais la vie continuait ! Les bases sont maintenant sont posées.

Manu : On attend surtout la rentrée pour entamer une plus grosse série de concerts. Mais ça a fait du bien de pouvoir recommencer à jouer en live, histoire de remettre un pied à l’étrier. On repart sur une bonne dynamique. On a jamais été inquiété de pouvoir rejouer ensemble sur scène, on se demandait juste qu’est-ce qu’on peut apporter de plus en live pour donner une autre dimension au groupe.

Thomas : Surtout que là en l’occurrence pour le Motocultor, ça change de nos habitudes. En temps normal on est plutôt dans des petites salles où il fait noir… Là, une grosse scène, sous tente peut-être, mais quand même en plein jour, avec un gros système son qui balance ! On est pas habitué à ça, on a pas encore bien intégré ce genre de conditions pour jouer, surtout quand on a eu que peu de dates avant, assez espacées dans le temps. Pour moi, ça a été un défi de me maintenir sur une grande scène.

Vous auriez envie d’aller plus loin justement sur l’aspect esthétique de vos shows ? En termes de décors, des costumes ? Votre musique étant très visuelle…

Motocultor 2022 J3 2 Tranzat (9)

Manu : Oui c’est sûr !  Pour ce Motoc, bon à part les polos roses et les pantalons blancs, on a fait un peu de mise en scène avec les rubans blancs et roses, c’était une première pour nous d’avoir un fond de scène.

Thomas : On verra sur les photos si c’était vraiment concluant ou pas (rires) !

Manu : Voilà c’était un petit test ! Après c’est sûr qu’on aura toujours envie d’aller plus loin, pour aller dans le spectacle. Ce qui serait marrant, c’est un canon à t-shirts (rires) ! Comme ça, plus de merch, direct vert le client (rires) ! Mais apparemment c’est un peu dangereux…

Thomas : Faudrait commencer à bosser avec des professionnels déjà, tout ça coûte de la thune. Faudrait une scéno, de la mise en scène, des tenues sur mesure…

Manu : Même si on avait un budget illimité, je crois qu’on est de toute façon pas encore prêt à passer ce cap du grand show… De la pyrotechnie ?

La musique de Tranzat est très riche, chargée d’influences diverses… Elle a un côté expérimental, alternatif, humoristique, mais aussi technique ! Comment vous vous dites qu’une chanson est bien comme elle est et qu’il ne faut plus y retoucher ?

Manu : Quand on en a marre (rires) ! Non plus sérieusement, comme on te le disait tout à l’heure, chacun vient avec ses idées et forcément on les pousse plus. Après, ça dépend du thème du morceau, de combien de morceaux on a déjà de prêts ou non… Mais c’est vrai que c’est la phase la plus difficile pour nous : définir le final d’une chanson. Ce qu’il y a à l’intérieur, on se démerde plutôt bien. Mais la fin, c’est autre chose. Pour le deuxième album, on avait réfléchit à un format de « concept-album », plus ou moins, sur le thème de l’espace. Mais au final, c’était pas notre truc. Avant, j’écoutais beaucoup de prog, Benjamin aussi, ça nous a influencés. Aujourd’hui, on fait des trucs un peu plus bourrins.

Thomas : Le thème de « Ouh la la », c’est plutôt avoir un autre angle, un truc plus théâtral, mais sans lien entre les chansons.

Manu : Tu prends le titre Lord Dranula, c’est juste l’histoire d’un vampire qui fête son anniversaire et personne ne répond à l’invitation. Ca ne va pas plus loin que ça ! L’histoire nous a fait marrer et on a fait un morceau qui parle de ça.

Thomas : On ne voulait plus autant faire dans le sérieux, on voulait surtout raconter des petites histoires marrantes. Ça nous ressemble plus que faire que du metal prog. C’est notre délire. Parler de choses plus sérieuses comme la vie et la mort, d’autres groupes le font très bien. On n’a plus cette patte-là. On reste sérieux dans notre technique et notre fonctionnement, mais plus sur les thèmes. Un album est un exutoire, c’est l’occasion aussi de lâcher prise. On propose un univers décalé qui invite les gens à se détendre et à prendre du recul. On pense que les gens peuvent facilement se retrouver dans notre musique qui bouge un peu les codes, parce que ça fait du bien justement. Genre, on se sent pas obligés de vendre des t-shirts noirs, peut-être qu’un jour on vendra des t-shirts colorés, pourquoi pas des polos roses ! Audacieux hein (rires) ?

Manu : C’est bien de faire un peu autre chose quoi et si les gens suivent, c’est qu’on vise juste.

© Vacarm.net
Propos recueillis par J-M
Photos : Matt

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