Depuis ses premiers amours avec la musique, JNEB a bien navigué. Après deux concepts albums entre chanson française et punk alterno, cet artiste qui cache bien son jeu revient avec Enfance v(i)olée accompagné de quelques musiciens bien énervés ! Entre deux envies de lever haut le bras et de gueuler fort, nous avons eu l’occasion de poser quelques questions à JNEB sur sa récente actualité.
Depuis Idéaux et Ebats, ton oeuvre a beaucoup évolué. Idéaux et ébats était une oeuvre pluridisciplaire basée autour d’un concept revendicatif (la contraception). Ton deuxième album, Tout n’est pas rose, contait l’histoire d’un homme amoureux. Sur ce troisième album, tu as un peu lâché l’idée du concept album ou je me trompe ?
Non tu as tout a fait raison! J’ai en effet, pour le projet JNEB BAND, effacé la case « concept-album » c’est à dire une histoire qui se déroule de bout en bout du CD… Les chansons de JNEB BAND sont donc indépendantes les unes des autres mais elles ont tout de même un dénominateur commun, à savoir l’exclusion, le communautarisme … En fait, avec JNEB BAND je voulais être à l’antithèse de ce que j’ai fait jusqu’ici. Avec JNEB je marche aux concepts alors que JNEB BAND n’en use pas; avec JNEB je ne fais pas de scène, avec JNEB BAND j’en fais. ; les textes de JNEB sont frivoles et chantés en plusieurs langues, ceux de JNEB BAND sont engagés et uniquement clamés en français ; les morceaux de JNEB sont longs, ceux de JNEB BAND ont un format court ; la musique de JNEB se veut arrangée et éclectique, celle de JNEB BAND est minimaliste et uniforme ; la musique de JNEB est composée avec du recul, celle de JNEB BAND naît dans l’urgence. La différence réside aussi dans la voix, qui est plus dure sur les titres de JNEB BAND…
Enfance v(i)olée s’est aussi ton album le plus énervé. Tu es devenu nostalgique de tes premiers amours avec le punk alternatif ?
Nostalgique non puisque j’écoute du punk, du rock alternatif depuis de nombreuses années et j’en écoute toujours d’ailleurs ! Pour la scène je voulais quelque chose d’énergique de A à Z. Avec les projets JNEB on retrouve parfois cette veine du rock alterno mais c’est vrai qu’elle se dissimule confortablement entre les autres styles musicaux que j’aborde dans ces dits projets!
Tu te décris désormais comme un artiste punk "de pacotille". Pourquoi un adjectif aussi négatif ? Tu complexes face aux grosses productions ?
Oh la pas du tout, loin s’en faut ! J’aime le côté artisanal des p’tits groupes, le côté DIY… J’ai choisi « pacotille » parce que tout le monde dit faire du punk de nos jours. Or qu’est ce que le punk ? Je ne sais pas, j’ai ma définition qui ne sera sûrement pas celle de mon voisin, qui à son tour diffèrera de celle du sien.
Il me semble que tu étais animateur dans un centre culturel quand on s’est connu. As-tu puisé ton inspiration de cette expérience quotidienne pour la composition d’Enfance v(i)olée ?
Je ne suis pas animateur dans un centre culturel mais mon occupation professionnelle s’en rapproche… Pour répondre à ta question, je dirai « oui » pour le titre « Enfance v(i)olée » et non pour les autres morceaux !
A tes débuts, tu composais seul, aujourd’hui, tu t’es entouré de plusieurs musiciens. Finie l’aventure en solitaire ?
Oui et non ! Je continue les projets « JNEB » je suis d’ailleurs en train d’achever la composition du prochain. En fait il n’y a rien qui change, je continue à faire les choses seul (trouver des concerts, vendre les skeuds, gérer la promo, composer, financer etc etc). Les musiciens de JNEB BAND m’accompagnent sur scène, même si parfois il m’arrive, et ce pour diverses raisons, d’assurer certains concerts seul..
D’ailleurs, au sein de JNEB Band on retrouve Martin de Kiemsa et Batbat de Diego Pallavas. Quels ont été leurs apports respectifs à ce nouvel album ?
Ils sont venus poser leur voix, chacun sur un morceau, ce qui a apporté de la « valeur ajoutée » à mes morceaux (rires)! Ils ont proposé des lignes de chant, des placements différents etc.
Puisqu’il est question d’enfance et de musique dans cette interview. Qu’est-ce que tu écoutais étant gamin ? Tu as découvert la musique tôt ? C’était quoi ton premier concert ?…
Mes parents ont toujours écouté de la musique à la maison. Le padre avait des 33 tours de Madness, Specials, Police etc. Après j’ai découvert Renaud par des animateurs de colonies de vacances. Puis Indochine, puis tout de suite après (je devais avoir 14/15 ans) le rock alternatif (La Mano, Parabellum, Les Wampas, Happy Drivers, Les Rats, Les Roadrunners, Pigalle, Les Garçons Bouchers…) que j’ai embrassé à en perdre haleine ! Mon premier concert (enfin je parle de celui où j’y suis allé seul comme un grand), j’avais 14 ans je m’en souviens comme si c’était hier, c’était un concert de Pigalle pour les 24 heures du PC !
Si on ne devait retenir un seul morceau sur cet album, lequel serait-ce ? "Il faut être pris pour être prisonnier" ?
Oui et non. Musicalement il est intéressant mais je ne suis pas très enjoué en ce qui concerne le texte… Je le trouve « trop facile ».. Par contre, j’aime beaucoup le texte de « Ca sent la merde » et celui d’« Histoires courtes ». D’ailleurs ce dernier morceau étant très différent des autres, j’ai hésité à le faire figurer sur l’EP et finalement il s’avère que c’est un des titres qui plaît le plus…
Tu as réalisé un clip pour "Il faut être pris pour être prisonnier", dans lequel tu évoques le milieu carcéral. Il est super bien foutu, qu’est-ce qui t’a poussé à produire ce titre en vidéo ?
J’essaie autant que faire se peut de conférer à mes projets une dimension sociale, citoyenne. Le premier projet prônait le port du préservatif, le second évoquait le monde de l’addiction à l’héroïne… L’album de JNEB BAND traite de divers sujets sociaux dont la condition carcérale que j’ai été amené à découvrir de par mes activités professionnelles… Cela m’a profondément marqué et touché et j’ai voulu en parler d’où ce morceau « Il faut être pris pour être prisonnier »..
Tu prépares actuellement ton premier road movie musical avec une sortie prévue pour 2011. Tu peux nous en dire un peu plus histoire de nous faire saliver ?
Je ne dirai qu’une chose : tu as bien raison de saliver car ça va être spécial tant dans le fond que dans la forme!!! (rires)