« On devrait parfois juste arrêter de penser et prendre les choses comme elles viennent. »
Lundi 19 février, au Hard Rock café (Paris), Théo (chant/guitare) et Quentin (batteur), du groupe de metalcore WAY OF CHANGES, originaire de Suisse, sont venus défendre leur premier album studio « Reflections », sorti le 17 février, après un Ep prometteur « Honesty » en 2014. L’album n’est pas réservé qu’aux amateurs du genre, l’alternance chant clair / hurlé et les lignes mélodiques le rendant accessible à ceux que le style rebute. Avec ses textes soignés, ses riffs puissants et sa batterie ne laissant aucun répit, l’album est à écouter d’urgence et le groupe à suivre de très près ! En bonus, un premier clip très réussi, réalisé par le talentueux Brice Hinckeur de CHS Prod (également batteur de Smash Hit Combo).
Vous êtes originaires de Suisse, il y a un public en Suisse pour le metalcore ?
Théo : Tu es la 3e à nous poser la question ce matin ! Des groupes de metalcore et deathcore, il y en a beaucoup mais un public, moins (rires).
Vous vous partagez le public alors ?
Théo : exactement ! Ce sont les groupes de metalcore et deathcore qui viennent faire le public (rires). C’est vrai que le public est assez restreint surtout dans la partie romande de la Suisse. C’est assez clivé les deux parties de Suisse, romande et alémanique. En Suisse alémanique on trouve quand même un public, des gens qui viennent voir les concerts alors qu’ils ne connaissent pas les groupes.
Pourquoi ce choix du metalcore comme mode d’expression artistique ?
Quentin : Avant tout parce que c’est un style qui nous plaît et qu’on aime jouer. Savoir s’il y avait un public ou pas ne nous a pas arrêtés.
Comment vous êtes vous rencontrés tous les cinq ? c’est le même line-up depuis le début du groupe ?
Quentin : C’est le même line-up. Avant j’avais un groupe d’un autre style mais j’ai eu envie de monter un groupe de metalcore parce que c’était ce que j’écoutais principalement. J’ai mis une annonce sur internet et rencontré Eliot, l’autre guitariste, qui était assez motivé, on était sur les mêmes idées. Théo nous a rejoints, il était aussi exactement dans le même mouvement. On a monté ça ensemble et trouvé ensuite notre bassiste Maxime. On a eu un peu plus de mal à trouver un chanteur. Simon est donc arrivé en dernier.
A Théo : le chant clair c’est toi ?
Théo : Exactement. Il y a deux chanteurs même trois. Ils sont un peu moins présents, mais il y a des backing de scream. Parfois les gens ne le remarquent pas. On leur dit qu’il y a une 3e voix. C’est la voix d’Eliot, l’autre guitariste.
Comment avez-vous évolué entre l’Ep et l’album ? Humainement et artistiquement ?
Quentin : je pense qu’on a tous évolué. Ce qu’on nous dit beaucoup, qui se remarque le plus, c’est l’évolution de la voix de notre chanteur, Simon.
Il a beaucoup travaillé sa voix ?
Quentin : non justement je pense que c’est celui qui a le moins travaillé de nous tous !
Théo : c’est peut-être parce qu’il est arrivé en dernier dans le groupe, l’Ep était déjà bien en route. Il est venu se coller sur quelque chose de déjà fait. Comme il ne chantait plus depuis quelques années, il est arrivé assez frais dans le groupe. Je pense que c’était un peu le temps de réadaptation, de se remettre là-dedans et ça s’entend beaucoup.
Tu m’as dit que tu étais dans un autre groupe avant mais que tu voulais jouer du metalcore. Techniquement la batterie c’est assez particulier dans le metalcore. Tu as travaillé comment ?
Quentin : l’autre groupe c’était quand même du metal mais du heavy metal, du classique type Iron Maiden. Déjà dans ce groupe j’avais un jeu un peu plus évolué que ce qui se fait dans le heavy, ça avait poussé le groupe en avant. Je n’avais pas les mêmes influences que les autres musiciens du groupe et ça faisait un mélange assez particulier. Même si j’ai eu assez de facilité à m’adapter pour Way of Changes, j’ai encore beaucoup de boulot pour la suite. C’est plus technique.
C’est un jeu très physique. Vous avez déjà joué plus de 45 minutes ?
Quentin : le set le plus long qu’on ait joué c’est une heure. Actuellement, on est dans une tournée avec un set de 40 minutes et on trouve que c’est un bon timing, ça donne le temps de chauffer le public, de s’éclater. Quand on arrive à la fin, on a tendance à se dire qu’on aurait bien joué encore un ou deux morceaux.
40 minutes ça oblige à faire des choix. Vous choisissez les morceaux les plus speeds ?
Théo : Sur cette tournée et chaque fois qu’on a des sets un peu courts, on choisit les morceaux les plus pêchus et on envoie la sauce.
Certains titres sont-ils pensés pour le live dès la composition ? Je pense à « Watcher » notamment.
Théo : pas vraiment. C’est un titre composé pour allonger notre set mais pas pensé dans cette optique. Pour moi, le seul pensé pour la scène c’est « Carry on », l’intro de l’album. On savait qu’on allait devoir le jouer sur scène, que ça allait être l’intro de nos concerts pour la promo de cet album. Les riffs sont assez simples à jouer, c’était le but parce qu’on aime bien avoir un premier morceau très pêchu mais pas trop compliqué comme ça on peut s’éclater dès le départ, bouger et pas forcement être concentrés sur nos instruments comme des tarés. Les autres c’était plutôt après coup qu’on se disait qu’ils seraient efficaces sur scène.
C’est toi qui compose les textes. Y a-t-il un lien entre chaque titre ?
Théo : l’album s’appelle « Reflections » parce que chaque titre de l’album parle d’une personne mais pas une personne précise, c’est plutôt par rapport à un choix de vie, des points de rupture dans des vies où on doit se décider, abandonner ou s’accrocher. Dans le premier titre « Carry On », il est question de comment repartir après un échec. J’essaie toujours de les laisser assez libres au niveau de l’interprétation, on peut faire des liens comme par exemple avec « Trust » et « Cold Hands ». Le clip de « Trust » est sorti il y a une semaine et on sort un 2e clip pour « Cold hands » dans un petit mois et les deux sont liés et donnent les points de vue de deux personnes différentes mais ayant une histoire en commun. On trouve donc le thème d’avoir des points de vue différents par rapport à la vie, des moments de point de rupture, mais sinon après c’est assez libre.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Théo : je m’inspire de choses que je lis, que j’écoute, de personnes que je connais. Je côtoie pas mal de monde. En tant qu’enseignant, je croise beaucoup de parcours de vie différents. Dans le groupe, on est tous assez sociables donc on rencontre plein de monde et je m’inspire un peu de tout ce qu’il y a autour de moi. Je crois que c’est la même chose pour Eliot qui a aussi écrit des textes. Notre Ep « Honesty » c’était déjà pour montrer le côté honnête du groupe, c’est-à-dire qu’on n’invente rien, on ne se met pas en scène, on ne se crée pas un genre, on est nous-mêmes et on parle de ce qui nous inspire.
D’où vient le nom du groupe ?
Théo : beaucoup de gens pensent que c’est la voie du changement mais c’est plutôt « way » dans le sens la manière dont les choses changent. « Reflections » va dans ce sens puisqu’il parle de pourquoi les gens prennent certaines décisions et pas d’autres.
Un mot sur le clip ?
Quentin : pour ce clip on a fait appel à Brice Hinckeur de CHS Prod, c’est le batteur de Smash Hit Combo, c’est lui qui fait presque toutes les vidéos de ce genre et ça s’est très bien passé. On voulait mettre les moyens pour ce clip, avoir une grosse production en rapport avec l’album. On l’a tourné dans la maison d’une amie de notre chanteur qui nous a chaleureusement ouvert ses portes et l’appartement c’est celui de sa grand-mère et ça collait vraiment bien avec l’ambiance qu’on voulait donner.
Théo : Le grand-père dans le clip c’est celui de Quentin. C’était une volonté de trouver une personne âgée et on a eu de la chance.
Quentin : Je lui ai proposé et il a accepté tout de suite. J’ai été étonné qu’il se mette en scène comme ça. Il a vraiment bien joué le jeu, c’était vraiment très sympa.
L’album est sorti il y a deux jours, vous avez quelques retours ?
Théo : on a fait une petite soirée de release sur Lausanne mais on n’a pas non plus fait une promo incroyable pour cette soirée parce qu’on va jouer à Lausanne dans même pas un mois pour la release show et on ne voulait pas que les gens viennent à l’un et pas à l’autre. On a déjà eu quelques retours mais pas énormément.
Quentin : on se réjouit en tout cas d’entendre tous les retours.
Comment avez-vous enregistré cet album ?
Théo : on a enregistré au studio Conatus séparément. On était en général deux au studio jamais tout le groupe ensemble sauf la dernière session.
Le mixage a été fait par qui ?
Théo : Vladimir Cochet de Conatus studio. Il ne s’incruste pas dans notre travail et fait les choses comme on l’a demandé mais il donne toujours son avis si on le lui demande et on est très demandeurs parce qu’il a plus d’expérience que nous. Au niveau de la voix surtout, il prend une bonne part de travail parce qu’il propose souvent les endroits où il mettrait une 2e couche de voix ou propose de prononcer différemment une phrase.
Vous avez ressenti quoi à l’écoute du produit final ?
Quentin : je l’ai trouvé étonnamment bien niveau son. Vladimir a l’habitude d’enregistrer des trucs beaucoup plus dark, black metal. On a été vraiment bluffés. On lui avait dit plus ou moins comment on voulait que ça sonne et il a vraiment su faire le job. On a beaucoup de retours positifs par rapport au son.
Un mot sur la phrase figurant en bonne place sur la pochette du disque « Maybe we should ask less, let the rivers flow, live fearless and just let ourselves go ». C’est votre devise ?
Théo : concernant le design de la pochette, les dessins sont toujours faits par Simon notre chanteur qui est tatoueur. Je fais le design à partir de ses dessins, on avait cette page, j’ai pensé que ce serait sympa, puisque j’avais fait beaucoup d’efforts dans l’écriture des paroles pour cet album, de mettre cette phrase qui reflétait bien tous ces morceaux très sombres et parfois presque trop réfléchis sur la façon dont on devrait se sortir de situations. Cette phrase signifie en gros qu’on devrait parfois juste arrêter de penser et prendre les choses comme elles viennent. Ça représentait bien l’ambiance de l’album. Mais ce n’est pas vraiment une devise.
Si vous aviez une devise dans le groupe ?
Quentin : je pense que ce qu’on essaie de garder depuis le début, depuis la formation du groupe, d’ailleurs « Honesty » notre premier Ep le reflète très bien, c’est qu’on veut vraiment rester nous-mêmes, humbles, pouvoir faire ça par plaisir et par passion et s’éclater sans prise de tête. Dans le groupe, chacun donne son avis, on essaie de faire en sorte que tout le monde soit d’accord. Il n’y a pas une personne qui tire tout le monde en avant et pour l’instant ça marche très bien
Vous allez défendre cet album sur scène ? Vous avez des projets de concerts en dehors de la Suisse ?
Théo : on a eu des propositions qu’on a malheureusement dû refuser pour des raisons d’agenda.
Quentin : actuellement on fait une tournée suisse qui s’étale sur plusieurs week-ends jusqu’au mois d’avril. On tourne beaucoup en suisse allemande, on est trois groupes à se partager la scène plus un groupe local dans chaque ville où on joue. Pour nous c’est une bonne opportunité parce qu’avec la barrière de la langue c’est difficile de trouver des concerts en Suisse alemanique. On espère avoir des opportunités en dehors des frontières, en France, en Italie etc on attend ça impatiemment. On attendait d’avoir un support correct, aujourd’hui on l’a !
L’Ep était auto-produit, l’album sort sous le label Dark Tunes, que vous a apporté le label ?
Théo : c’est un deal de distribution donc ça nous aide beaucoup. Cette journée de promo est un bon exemple. Le label nous permet d’avoir des articles dans des revues, des magazines et puis pour la distribution de l’album en dehors de la Suisse et ce n’est pas toujours évident comme la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne et grâce au label on a un distributeur en Europe.
Le mot de la fin ?
Théo : c’est un plaisir pour nous de pouvoir présenter cet album et si possible le faire découvrir à des gens.
Quentin : on espère pouvoir venir le défendre sur scène en France.
Un grand merci à Théo et Quentin et bien entendu à Roger de Replica Promotion.