{multithumb thumb_width=500 thumb_height=332}BEN : L'album est dans les bacs depuis un peu plus d'un mois, quel accueil lui a été réservé ?
Nico (batterie) : C'est plus d'un an de travail pour l'élaboration d'un disque qui prend tout son sens en quelques jours. Nous sommes fiers de pouvoir être distribués par Wagram, ils ont fait un super boulot, le nouvel album est quasiment partout, et pour la promo notre label a tout dechiré, les mags sont à fond sur le disque ça fait plaisir. Les radios, le Mouv' en tête, ont rentré la chanson « les 100 pas » en playlist.
Matt (guitare) : Le public est lui aussi au rendez-vous, nos fans inondent les forums sur le net et les dates de tournée fonctionent carrément bien. Tout se passe comme prévu.
Comment s'est déroulée la composition ?
Aurelien (guitare) : On a toujours composé tous ensemble, bien que le squelette inital d'une chanson vienne toujours d'un membre ou deux, chacun voit un arragement propre à son instrument et le titre commence alors à prendre réellement forme en répèt. Mais il n'y a pas de méthode propre à Wunjo. On répète énormément, même pendant les tournées, et comme c'est assez frustrant de jouer le même repertoire tout les soirs, ça nous motive d'autant plus de composer d'arrache pied dans l'urgence. C'est vraiment jouissif. Pour Resistance Deluxe, on a eu la chance de bosser avec le producteur Suisse David Weber. Il a evidemment apporté sa patte sur certains titres un peu longs ou trop fouillis à son goût, pour cela on a fait des pré-prods avant le studio final chez nous à Paris.
Extralucide marquait déjà un changement perceptible avec Ventoline. Cette fois on vous retrouve avec un son plus rock et un look biker, est-ce dans la politique de Wunjo de toujours évoluer de façon aussi surprenante ?
Gaet (basse) : Cest pour nous important de ne pas balancer dix fois la même recette. Chaque album est une remise en question, un repère dans nos vies, et comme nos vies evoluent, notre musique s'en ressent. Et puis comme tout vrai groupe, on s'est aussi cherché humainement et donc artistiquement. Un album c'est une étape, un pallier dans une carrière.
Nico : Pour ce nouvel album on voulait jouer la carte de la sincérité, de nos jours c'est aussi aller à contre courant. Tout le monde se fait des films et s'invente des personnages, pour nous il est très important que le public nous voit tels que nous sommes dans la réalité ! Donc de vrais putains de rednecks façon sex drugs and rock'n'roll.
Flav' (chant) : Et donc pareil pour la musique, on est allé à l'essentiel. On a fait des chansons efficaces, des textes legers et bruts de décoffrage. On n'a jamais voulu donner l'impression de tourner autour du pot et de se prendre la tête sur tel ou tel concept à la con !
Vous ne craignez pas de déstabiliser certains fans ?
Aurelien : Nos fans évoluent comme tout le monde, l'essentiel encore une fois c'est de rester sincère. Si tu kiffes un groupe et sa musique, tu peux continuer à grandir avec lui. Même si certains fans de la première heure ont été destabilisés par Extralucide, la fréquentation des salles de concert est restée la même. En fait, ce nouvel album remet les pendules à l'heure, c'est un juste compromis entre Ventoline et Extralucide, le côté néo en moins…
Matt : Et puis on souhaite aussi toucher un public plus ancré dans le métal et le hard rock pure souche. Les gens de notre génération ont du mal à se retrouver dans la scène métal française. Nous pensons qu'avec ce nouveau disque nous sommes revenu à des bases nobles, loin des jumps around usités et des sous accordages excessifs trop souvent caches misère. Après, tout n'est qu'une histoire de goût…
Il n'y a pas de featurings Nowhere sur l'album, était-ce une volonté de votre part ?
Flav' : On s'était mis d'accord avec Nito d'Enhancer avec lequel on partage beaucoup de bon temps. On aurait aimé que Nito puisse poser son flow impressonant et violent sur un titre. Malheureusement, nos timings repectifs étaient serrés, le temps a joué en notre défaveur. Mais ce n'est que partie remise !
Après « Maskarade », on retrouve à nouveau sur « Prêt à Tout » la critique du Star System. Est-ce un sujet qui vous tient particulièrement à cœur ?
Gaet : Nous pensons que c'est la loi de l'offre et de la demande qui perdure dans le milieu du spectacle. Le public demande toujours plus, de ce fait les créations sont de moins en moins de bonne qualité, le temps leur fait défaut. Le marché du disque est envahi par des produits toujours formatés dans le sens de la demande, la vraie création n'intéresse plus grand monde car peu rentable et trop longue à développer. Donc on fabrique des artistes pas chers aux messages vides de sens et bien démagos, on les balances sur le devant de la scène sans réel expérience, habillés d'une image qui les dépassent vite et qu'ils ne maîtrisent pas. Cest un peu comme des pions. Mais à qui la faute? Pas mal de gens seraient « prêts à tout » pour rentrer dans la matrice. Le pire c'est qu'on fait croire que c'est facile, on fait bander le mec de base avec de la merde pour qu'il oublie que son quotidien c'est l'ennui.
Nico : Même à notre niveau, on a l'impression que la marque des baskets et la coupe de cheveux sont plus importantes que la musique, et depuis la vulgarisation d'outils comme protols et autres auto-tunes (le programme informatique qui fait chanter juste) pas mal de gens croient qu'il est simple de faire un bon disque et de finir aux Eurockéennes. c'est une escroquerie sans nom, une certaine catégorie de jeunes musiciens en herbe croit encore au père noël. C'est une énorme « Masquarade » qui finira par faire des dégats.
Certaines critiques ont reprochées au groupe son chant en Français, quels avantages y voyez-vous ?
Flav' : Franchement quand on a commencé, on ne s'est vraiment jamais posé la question. C'est naturel chez moi, ça vient des tripes. L'anglais c'est un peu la solution de facilité, tu te caches derrière des intonations et des rimes toutes faites, ça ne nous ressemble pas. Je chante avec mes mots, ceux qui viennent du plus profond de moi. C'est ma langue, je joue avec, comme Nico joue de la batterie ou Gaet de la basse. Moi je forge un texte en jouant avec les mots, et en anglais, la donne ne serait pas la même. Je ne serai pas aussi libre et précis, c'est vraiment pas mon truc l'araméen…
Comme la plupart des productions actuelles, Resistance Deluxe était disponible sur le net avant sa sortie. Quelle est votre position dans ce débat ?
Nico : Cest vrai, on s'en est aperçu. L'album était dispo sur un site russe. Il faut vivre avec son temps et accepter les règles du jeu. Ce n'est pas de la fatalité, c'est juste qu'il nous faut être honnêtes, qui ne va pas sur ces sites de peer to peer ? c'est l'avenir. Il faut simplement redéfinir les droits d'auteurs et les contrats dans l'audiovisuel, et aussi un jour baisser le prix du disque.
Gaet : On met en avant les artistes et la défense de leurs droits, c'est facile pour une multinationale de se donner bonne conscience en levant le poing pour la défense des artistes alors que pendant des décennies ces mêmes structures se sont fait des couilles en or sur le dos de pleins de groupe, franchement c'est le revers de la médaille. Fuck Off !
Que pensez-vous du téléchargement légal proposant un album au prix d'un euro le titre ?
Nico : Là pas grand chose, si tu payes et que t'a pas l'objet (digipack, livret etc…) ça n'a pas grand interêt, et un euro on a tendance à trop confondre avec un franc, c'est tout sauf la même chose. En plus tu peux tout trouver gratos, certes pas souvent de la même qualité.
La tournée a débutée le 22 avril, comment cela se passe-t-il pour l'instant ?
Matt : On est super content, le public déchire tout. C'est bien punk et crasseux !Les nouveaux titres ont été faits pour le live, donc ça colle parfaitement à notre nouveau set. On a fait un programme de 1h30 alternant chacun des trois disques.
Nico : Par contre les groupes de rock dur ne font pas encore l'unanimité dans le sud, c'est dommage. Revanche sur le sud, ça va chier !
Prévoyez-vous des dates à l'étranger ?
Matt : La Belgique est plus qu'une terre d'accueil, on y a joué plusieurs fois et enregistré nos deux permiers disques. Le public est bien branché par le hardcore. Vu qu'on reste le groupe le plus violent de la team on a toujours eu un super accueil. On a terminé notre précédente tournée au festival de Dour en 2004, et on retourne en Belgique au mois de juillet et à la rentrée. On jouera aussi à Genève dès septembre à l'Usine, c'est marrant car c'est là qu'on a enregistré Résistance Deluxe.
Avez-vous des projets que vous n' avez pas encore eu l'occasion de concrétiser ?
Nico : Perso, j'aimerais bien reformer Murdock avec Davy de Pleymo, Nito et Q d'Enhancer. C'était un groupe que nous avions monté en 98, du hardcore new school, entre Bio Hazard et My Own Victim. On avait fait un CD auto produit, Influenzae. On pense à remonter le projet très bientôt, avec de la double à gogo…
Matt : je continue mon projet Kwamis avec mon frère, notre deuxième album est en cours de mixage. Ca reste bien hardcore mais vraiment novateur sur certains points, je n'en dirais pas plus !
Gaet : On voudrait tous faire un album de death brutal et bien Punk, entre Amen et Nile, tu vois !
Pour finir, quelle est la meilleure chose musicale que vous ayez découverte récemment ?
Matt : Pour moi , c'est depuis longtemps Converge et Dillinger Escpae Plan. Le dernier The Haunted est mortel aussi.
Gaet : Pas grand chose, je reste avec mes bons vieux Black Sabbath, c'est toujours à contre courant les bassistes !
Aurelien : On a decouvert un groupe israélien, Betzefer. Ca tue, c'est entre Pantera et Pro Pain. Sinon j'écoute à mort Steve Vai, ça m'ouvre sur d'autres façons de jouer et d'écouter du rock tout comme The Mars Volta.
Nico : Je découvre à peine The Agony Scene, et aussi le dernier Finch qui est vraiment très intéressant, à la limite de Glassjaw et At The Drive In. Sinon on ré-écoute pas mal de vieux trucs : Motley Crue en tête.
Flav' : En ce moment je suis collé sur 36 Crazyfists, on se le met souvent avant de monter sur scène. Ca nous stimule, c'est vraiment la classe !