Cap'tain Planet : Les infos se sont faites rares depuis la fin de la tournée promo de « Mutant ». Vous avez vécu l'effondrement de votre ancien label. En quoi la disparition du label Yelen vous a affectée ? {multithumb thumb_width=450 thumb_height=300}
Bob : Quand Yelen s'est cassé la gueule on s'est un peu senti comme des cons. On se demandait ce qu'on allait faire, on ne voyait pas de solutions. Or comme Yelen appartient à Columbia donc des gens de Columbia se sont intéressés à nous et nous ont proposé un contrat en licence. Ca veut dire que c'est nous qui produisons, pas la maison de disque. On dit du mal des majors et pourtant quand tu es signé en licence tu n'es pas obligé de faire de la musique commerciale. Ca nous a fait mal d'être jugé par certaines personnes qui disaient qu'on faisait du Kyo, etc… D'ailleurs, je n'ai rien à voir avec Kyo et j'ai écouté récemment ce qu'ils font, je ne vois aucune ressemblance. On nous juge parce qu'on fait du mélodique. Et alors ? On fait ce qu'on veut, pourquoi doit-il y avoir des barrières ? Certains morceaux de « Phenix » sont d'ailleurs plus rentre-dedans que « Concrete Lie ». On joue des morceaux aussi plus calmes …
Pouvez-vous nous dire comment s'est passé tout le processus de création de cet album ?
Par rapport au trois premiers albums, il n'y a pas de préprod sur « Phenix ». On a travaillé par cycles : on a composé puis enregistré les morceaux par 4. On n'est pas passé par le côté maquette pour garder l'aspect très brut. Généralement on préfère ces versions brutes de travail que malheureusement vous ne connaissez pas. C'est pour ça qu'on a travaillé ainsi pour « Phenix ». Le fait aussi de travailler par cycle a été plus simple pour nous et plus relaxant car on alternait entre répétitions et enregistrement. Je pense que c'est la meilleure méthode, on va réitérer de cette manière.
Avez-vous travaillé différemment pour la post-prod ?
Oui bien sûr, « Mutant » était la première expérience de Fred et Pendule. Cette fois, ils avaient plus d'expérience. Ils étaient rôdés surtout qu'ils avaient mixés pour d'autres artistes : Vegastar, Eths, etc…
La sortie de « Phenix » marque une nouvelle étape dans l'histoire de Watcha, quel regard portez-vous sur votre parcours passé ?
Sans nous la raconter, on était les premiers dans le style néo-métal en France : sortie du premier album le 23 septembre 1998. On a toujours fait notre musique de manière intègre, on ne s'est jamais vendu. Je n'ai jamais chanté sur une chanson qui ne me plaisait pas. D'ailleurs sur le premier album, il y a une chanson où je ne chante pas … On n'est pas un groupe qui a vendu énormément (20.000 exemplaires de chaque album). On aimerait bien une fois vendre 50.000 exemplaires. Ca nous fait rire de voir que les gens croient qu'on roule sur l'or : je vis toujours dans ma cité pourrie, j'ai aucune thunes, etc… Faut arrêter de fabuler, si on voulait se faire de l'argent on ferait de la variété.
Quels retours avez-vous eu depuis la sortie toute récente de ce nouvel album ?
Le truc qui m'a fait rire c'est sur « Un jour », où on m'a dit que c'était du Kyo. Déjà sur « Mutant » de nombreuses personnes n'avaient pas aimé ma voix. Je n'aime pas les gens qui ont des préjugés sur un titre, je leur dis à chaque fois d'écouter l'album en entier.
Personnellement je n'ai pas apprécié l'album. Vous avez poursuivi dans la voie annoncée par « Mutant ». J'ai adoré cet album pourtant. Mais je me demande maintenant si en fait « Mutant » n'était pas un mauvais avant goût de ce qui allait suivre …
Non je pense que cet album c'est le meilleur. J'aime cet album car il y a des morceaux plus rentre-dedans et il y a aussi de la mélodie. D'ailleurs si tu écoutes les premiers albums, il y avait déjà ça : « Méchant Flou » par exemple. Sur « Phenix » on a voulu scinder les choses.
En fait je trouve deux incohérences dans cet album. Selon moi, les morceaux s'agencent mal entre eux et ensuite je trouve que la production de « Mutant » était plus personnelle.
Justement je trouve que « Mutant » était trop lisse. On ne pouvait pas reproduire les morceaux sur scène tellement il y avait de voix et de guitares. C'était vraiment un album studio. Pour « Phenix » je ne suis pas du tout d'accord avec toi, je trouve cet album plus spontané.
En douzième plage on retrouve « Sam 4 », est ce que ça ne commence pas à être difficile de trouver des rebondissements à l'histoire de notre héros ?
Non tu rigoles, j'ai toujours des idées et c'est assez facile d'avoir de l'imagination pour cette chanson. Tu vois, la seule concession que j'ai fait pour les fans, c'est Sam. Je me suis dit « Ils veulent Sam, ls l'auront ». C'est le morceau typique de Watcha.
Et « Wolf le guerrier », tu peux me donner des précisions ?
C'est juste un délire. En fait on ne savait pas qu'on était enregistrés !
Tu utilises beaucoup plus de parties chantées sur cet album. Est-ce que c'est le fruit d'un travail ?
Depuis le début j'aime chanter. J'ai toujours su chanter de cette manière. J'aurai pu chanter ainsi sur le premier album mais c'est un choix artistique. Je trouvais que ce n'était pas le moment. Je n'ai pas évolué, j'ai juste choisi de le mettre plus en avant.
A l'époque de « Mutant » vous parliez d'une possible exportation du groupe dans les pays frontalier. Est-ce que c'est encore plus d'actualité aujourd'hui ?
Bien sûr, on s'exporte en Suisse, dans les pays limitrophes. On essaye d'aller au Québec. Le seul problème c'est qu'on chante en Français.
Et c'est réellement un problème selon toi ?
Oui, pour les anglophones c'est une langue qui ne plait pas. Le français ne sonne pas terrible, ça n'a jamais été une langue pour le rock.
Que représente l'artiste en 2005 ?
Ca dépend sur quel point de vu. Niveau rock, c'est la galère. Le gouvernement de droite nous plombe sur l'intermittence. C'est difficile de vivre sa musique en 2005. Sinon l'artiste n'a pas changé malgré tout ce que dit la télé. On te montre qu'il faut être le plus beau, qu'il faut savoir chanter, danser, etc…
Est-ce que l'artiste peut dépasser son statut social pour devenir un homme politique ?
Oui bien sûr. Il y a bien des comédiens qui sont devenus présidents. Regarde Ronald Reagan aux USA. Quand tu as la notoriété, tu peux faire tout ce que tu veux. Seulement, je trouve ça dangereux. Pour moi c'est une sorte de dictature. Pour faire de la politique, il y a des gens plus habiles pour gérer un pays. L'artiste ne proposera pas forcément de solutions …
La question complètement stupide : préférerais-tu que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en te voyant ?
Je préférerais qu'elles finissent le concert en sueur.
Un grand merci à Bob et à Nicolas Humbertjean