Paris, 20 heures. The Casualties, groupe phare du street punk, passe ce soir par la Peña Festayre et Vacarm s’apprête à rencontrer son guitariste, Jake. Allongé sur un banc et épuisé par la tournée européenne, notre ami Jake est en train de dormir ! Pas de panique, quelques minutes d’attente plus tard, il se réveille et nous pouvons débuter l’entretien. Nous sommes juste au-dessus de la salle de concert, la première partie du show a déjà commencé et il sera très difficile d’entendre correctement ce qui sera dit pendant l’entretien. Mais ne vous inquiétez pas, Vacarm a mis en œuvre des moyens surhumains pour retranscrire cette interview, et ce, juste pour vous !
DeLaRoche : Hier vous étiez en Allemagne, demain vous serez au Royaume-Uni, chaque jour vous êtes dans un pays différent, vous devez être épuisés ! Alors comment te sens-tu pour le concert de ce soir à Paris ?
Jake (guitare) : Ouais, je suis un peu fatigué, je pense à mon chien, à ma copine, aux chaines de TV en anglais (rires), enfin, il me manque le confort que j’ai chez moi. J’aime la France, j’aime Paris et je suis heureux d’être ici, mais quand tu as été sur la route pendant trois semaines et demi et que tu as encore deux semaines à faire, tu es un peu décalé et épuisé. Surtout parce qu’on se donne à 100 % chaque soir.{multithumb thumb_width=336 thumb_height=448}
Parlons maintenant un peu de votre nouvel album, Under Attack. On ne peut pas dire que c’est une véritable « révolution » pour The Casualties…
Ouais, on pense que c’est important de rester fidèle à ce que l’on fait. On voulait rendre Under Attack un petit peu différent du dernier album, donc chaque album est un peu différent, et ça ne devient pas ennuyeux. On ne veut pas faire tout le temps le même album, mais on ne veut pas non plus être un groupe de métal par exemple. On voulait rendre l’album agressif de sorte que les fans de The Casualties soient toujours intéressés.
En ce moment, il y a de nombreux groupes qui se proclament punk juste parce qu’ils on une crête. Pour toi, c’est quoi être un punk aujourd’hui ?
Pour moi être punk, c’est une manière de vivre. Tu sais, on s’habille comme ça sur scène mais aussi en dehors dans notre vie de tous les jours. On est comme ça et on aime ça, c’est notre façon de vivre dans le groupe. N’importe qui peut avoir une crête et porter un t-shirt, mais le punk c’est une manière de vivre. Je ne crois pas que le punk ait quelconques règles, quelqu’un peut être punk pendant deux ans et décider d’arrêter, ça peut se faire aussi. On vit comme ça, on fait les mêmes choses depuis si longtemps que c’est peut être pour ça que les gens nous apprécient et se sentent moins seuls. Le fait d’être vêtu ainsi, c’est parce qu’on aime être en marge des normes de la société.
Dans vos paroles, vous parlez souvent de guerre et de combat. Peut-être peux-tu me dire ce que tu penses de la guerre en Iraq. Etais-tu d’accord avec ton gouvernement lors de cette action militaire ?
Cette guerre n’est qu’une question de pétrole, d’argent et des gens meurent pour ça. Il n’y a pas de rapport avec les nazis (lien avec l’intervention des États-Unis en 1945 ndlr), là il y avait des alternatives et j’ai honte de cette guerre en Iraq. Notre pays n’avait pas à la faire, des gens meurent pour des raisons stupides et je ne pense pas que cela ait un rapport avec le terrorisme.
Est-ce difficile de vivre dans ce pays avec George W. Bush comme président ?
Ouais, c’est difficile parce qu’après le 11 septembre, il a rendu beaucoup de mauvaises choses légales comme l’intrusion dans la vie privée, maintenant les flics peuvent chercher ce qu’ils veulent juste en te suspectant d’être un terroriste. On le déteste et on attend avec impatience qu’il dégage de son bureau.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=295}
Le groupe a été créé il y a environ 15 ans, The Casualties est considéré maintenant comme un leader dans la scène dite street-punk…
On ne veut être les leaders de personne. Si certains nous suivent depuis longtemps, c’est cool, mais comme je l’ai dit avant, on ne veut pas donner de règles, on veut juste encourager le punk-rock à continuer. On dit qu’il y a une autre manière de faire les choses, que tu peux créer un groupe de ton propre chef. Atteindre tes objectifs nécessite du travail que cela soit un fanzine ou un label. C’est tout.
Vous avez de plus en plus de fans dans le milieu indépendant et certains disent que les Casualties sont maintenant des « vendus ». Qu’est-ce que tu réponds à ces accusations ?
C’est généralement dit par de jeunes kids qui vivent encore à la maison, qui n’ont pas encore de factures à payer et qui n’ont pas encore de vraie vie, tu vois ce que je veux dire ? Le groupe se serait vendu si le label avait dit : « Ok, maintenant vous allez vous habiller comme ça, vous allez sonner comme ça, vous faites ce que nous voulons. » The Casualties n’a pas fait ça, on s’habille toujours pareil, notre style est le même, notre son et notre musique n’ont pas énormément changé. Alors dire qu’on s’est vendu est vraiment stupide, qu’avons-nous vendu ? Il y a plus en plus de gens intéressés par le groupe, et si on gagne plus d’argent, ça nous permet de payer nos factures. Alors, ce genre de choses est vraiment dit par des kids vivant avec leur maman, quand ils auront une véritable vie, ils diront « oh ok ». Le groupe a à faire un minimum d’argent pour continuer, et si les gens veulent nous voir en concert, nous devons faire un peu d’argent, il n’y a rien de mal à ça, The Clash et tous ces grands groupes devaient gagner de l’argent pour continuer.
Comment vois-tu le futur du punk-rock ?
Je ne sais pas, c’est dur de dire ce qu’il va se passer, j’espère que ce style durera encore. Certains arriveront avec de nouveaux sons punk, prendront la relève et rendront ce style toujours intéressant.
On peut penser que ta vie a été un peu perturbée voire chaotique, comme l’image que l’on se fait de la vie d’un punk. Peut-on dire que la musique et The Casualties ont été une échappatoire pour toi ?
Ouais, sans The Casualties je travaillerais réellement et je ferais des boulots de merde. Je travaillais dans une station service avant, nous avions tous des boulots sans avenir. Quand le groupe a débuté et a commencé à avoir du succès, on l’a pris au sérieux. Je ne veux pas retourner travailler pour quiconque, je déteste ça, j’aime travailler pour moi-même. Si tu travailles pour toi-même et pas pour quelqu’un d’autre, c’est très punk. Je pense que le groupe était une issue positive pour éviter de prendre de la drogue et faire de mauvaises choses. On vient tous de familles brisées, j’aime ma famille, mon père est mort quand j’étais très jeune, j’ai vécu avec ma mère, mon frère et ma sœur, c’était très difficile. Pour les autres membres du groupe, c’est la même chose, c’est le même parcours mais pas la même histoire. Donc, c’était bien d’avoir un groupe…
Pourrais-tu dire que The Casualties est un exemple pour les jeunes ?
Peut-être que si tu évolues dans le punk-rock, oui c’est vrai. On veut être un groupe positif, on veut faire des concerts, et pas inciter à la violence, juste passer du bon temps.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=326}
Jorge, le chanteur du groupe, a des origines latines et vous avez enregistré une version espagnole de votre précédent album On The Front Line. Est-ce un moyen pour vous de garder le contact avec ces racines ?
Ouais, c’est cool, c’est une autre partie du public à qui nous pouvons nous adresser. C’est juste un petit peu différent.
Quel est ton meilleur souvenir de tournée ?
Un tatouage (montrant son avant-bras gauche, c’est une sorte de dragon). Je l’ai fait au Japon.
Quel est ton pire souvenir de tournée ?
Avoir eu ma tête « démolie » au Mexique. (montrant sa tête) Quelqu’un a lancé une bouteille, maintenant j’ai une cicatrice. (souriant) C’est mon pire souvenir !
Que représente l’année 2007 pour The Casualties ?
C’est une autre année sur la route à donner toujours le maximum. C’est notre meilleure tournée, l’album vient juste de sortir, donc ça se présente pas mal et je suis heureux d’être dans le groupe. L’année 2007 n’est pas finie, ça se passe de mieux en mieux et c’est très excitant.{multithumb thumb_width=448 thumb_height=336}
Dernière question : peux-tu me dire quelque chose en français ?!
La seule chose que je connaisse est « Merci beaucoup » (en français) !
Un grand merci à Jake pour son amabilité ainsi qu’à Marina d’Active Entertainment !