Voici probablement le groupe rock énervé qui fait le plus parler de lui en cette fin d'année. Avec un premier album (Tonnerre Binaire) aussi efficace que talentueux, qui vous refait le portrait façon Dorian Grays, il était plus que nécessaire de rencontrer ces curieux bruitistes.
Cap'tain Planet : Quand et comment est-ce que la musique est devenue pour vous quelque chose de sérieux ?
Charles (Batteur) : Difficile à dire, on a tous grandi et on a tous baigné dans la musique depuis qu’on est tous petits. C’est une évolution naturelle de mecs qui se rendent compte vers l’adolescence qu’ils ont envie de faire pas grand-chose d’autre. La sortie de disques et le soutien actif de notre entourage ainsi que de nombreux pros ont beaucoup joué aussi.
Bon départ pour ce premier album, comment expliquez-vous ce buzz ? Avant tout par la tournée avant la sortie et votre énergie live ?
On a eu d’excellents retours sur notre maxi sorti en 2004, et on est encore mieux accueillis avec cet album, avec des chroniques très élogieuses. En plus de ça, on a une équipe (Ladilafé Productions) qui travaille dur pour nous faire connaître, et on ne les remerciera jamais assez pour ça. En réalité c’est dur à expliquer un buzz, surtout vécu de l’intérieur ! Et tenter d’expliquer ce qui plait au public, c’est encore plus dur. {multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
SNA-FU est un groupe de live. Qu’est-ce qui vous motive à tout donner chaque soir ?
L’envie de faire passer quelque chose, canaliser ce qu’on vit dans ce qu’on joue, l’envie d’être les meilleurs et de se faire entendre en essayant de proposer la meilleure musique que l’on est capables de produire.
Quels bon(s) souvenir(s) pour cette tournée ?
Honnêtement, que du bon, et (presque) aucun mauvais souvenir, c’est surtout ce qu’il faut retenir, car c’est rare. Je mets presque mais j’ai du mal à retrouver un mauvais souvenir, c’est bon signe non ? Y’a quand même les sandwiches triangle d’aire d’autoroute qui remportent le prix lauréats « meilleur souvenir ». Bande d’e****** je vais tous vous brûler.
Avec qui aimeriez-vous jouer sur scène ?
J’aimerais bien rejouer avec The Dillinger Escape Plan…Sinon Queens of the stone age, Everytime I die, The Bronx car je pense que ça pourrait être cohérent musicalement. Et aussi un paquet de groupes disparus mais là, la liste est vraiment longue !
SNA-FU a de multiples influences. Pouvez-vous revenir plus en détails sur votre « hardrock’n’roll » ?
La musique que l’on joue est la digestion de tout ce qu’on a écouté depuis notre plus jeune âge, et ce qui nous réunit tous c’est Led Zeppelin, Refused, Breach, At the drive-in, et plein d’autres encore. Au final on se retrouve dans un condensé de toutes ces influences. On essaie vraiment de se tourner vers quelque chose de moderne, notamment dans l’approche du son et des compositions.
SNA-FU est un acronyme (« Situation Normal: All Fucked Up ») signifiant que la situation est chaotique. Comment avez-vous développé cet esprit décalé qui vous mène à côtoyer des groupes de metal extreme sur certaines affiches ? C’est comme un défi, ça vous motive à vous surpasser ?
On essaie d’avoir beaucoup de recul par rapport aux musiques amplifiées en général, et du coup on se rend compte de plein de clichés, qu’on évite ou au contraire desquels on se joue ! Concernant les groupes avec lesquels on partage l’affiche, ça peut aller du pire death au trip-hop, et pourtant les gens s’y retrouvent. On aime beaucoup cet esprit fédérateur, voir au même concert des jeunes qui s’enervent devant et des gens plus adultes au fond profiter à leur manière du concert est très gratifiant pour nous. {multithumb thumb_width=350 thumb_height=200}
Que ce soit sur scène, dans votre clip ou sur votre site web, vous avez une esthétique recherchée. Quel rapport entretenez-vous avec les autres arts mais aussi avec le numérique ?
Deux d’entre nous sont des graphistes de talent qui ont la charge des visuels du groupe, et on est très attachés à ça. Une pochette ça peut modifier la perception que va se faire un auditeur d’un disque. C’est important de soigner l’aspect visuel d’un groupe car c’est un moyen détourné de faire comprendre sa musique à l’auditeur.
Est-ce qu’on peut dire que SNA-FU fait de son album un produit d’appel pour le live ?
Dans une certaine mesure oui, puisqu’on refuse de faire 1000000 d’arrangements sur fond de musique surproduite. On privilégie l’énergie et la sincérité, ce qu’on joue quand on est tous les 5 sur scène. Du coup, on voulait retranscrire ça sur album. C’est ce qui rend l’ensemble assez brut.
Dans la logique des deux questions précédentes, avez-vous pensé à diffuser vos concerts en direct sur Internet à l’aide de plateformes telles que Fabchannel.com ou Mygroovypod.com ?
Pas encore, mais c’est une bonne idée !
Quelle relation entretenez-vous avec votre public ? Serait-il possible de la faire perdurer sur Internet ?
On essaie évidemment d’être au plus proche des gens qui aiment ce qu’on fait et qui nous soutiennent. On aura beau faire tout le bruit du monde, sans des gens qui nous soutiennent et veulent nous faire connaître, on n’est rien ! {multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
On m’a parlé de dizaines voire de centaines d’heures de rush qui pourraient servir pour un futur DVD. Pouvez-vous m’en dire plus ? Comment verriez-vous ce DVD ?
Ce DVD verra bel et bien le jour, il retracera les débuts du groupe, de 1969 à 1975. Plus de 8000h de film ont été tournées, et on devrait le sortir d’ici mille ans. Plus sérieusement oui on va bien sortir un DVD, dont la sortie est prévue pour 2013. Il retracera les débuts du groupe, de 1980 à 2024. Plus d’une minute de film a été tournée jusque là, et le résultat est juste…incroyable.
Qu’est-ce qui tourne sur vos platines ces derniers temps ?
The black and white album des Hives, The Big Dirty d’Everytime I die, The Red Album de Baroness, The Very best of Deep Purple, en fait y’en a trop je fais que ça écouter de la musique toute la journééééééééééééééééééééeeeeeeeee j’en ai mal aux oreilleeees
Vos objectifs et vos envies pour la suite ?
Régner sur la Terre, même si on sait que le chemin est long, faudra d’abord sortir quelques albums de merde, vendre des milliards de disques à beaucoup de connards, tourner jusqu'à temps qu’on se désintègre de drogue, mais surtout : bien se la kiffer, t’as vu.
Question stupide pour terminer en testant votre humour : préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s’évanouissent en vous voyant ?
Tu vas voir que j’ai pas d’humour, et que je préfèrerais éjaculer partout.