Il y a des artistes qui savent nous procurer un attachement à leurs compositions par le biais d'un album d'une dizaine de titres, Alan Corbel, lui à réussi à nous envouter avec seulement quatre morceaux qui nous transportent dans un univers où la mélancolie est le maitre mot. Artiste rennais au parcours atypique avant de se lancer dans un projet solo, Alan vient de réaliser les premières parties d'un compère breton qui a plus de bouteille dans le milieu musical, Christophe Miossec. Les critiques le comparent hativement à Jeff Buckley, Elliot Smith ou encore Patrick Watson. Comparaisons qui peuvent être trop lourdes à porter sur les épaules de ce jeune artiste au vue des noms cités par la presse. N'ayons pas peur des mots, Alan Corbel possède un réel talent d'écriture, une plume soignée et un sens inné de la mélodie qui nous coupe le souffle à l'écoute des touchants morceaux présents sur son Ep disponible depuis octobre 2009. Alan était de passage au Chabada d'Angers pour la dernière date de la tournée de Miossec. Le rendez vous était donné quelques heures avant le début du concert dans les loges de la salle. Interview en tout simplicité, entre bretons…
Hervé: Alan, peux tu te présenter brièvement pour les internautes de Vacarm qui n'ont pas encore le bonheur de te connaitre?
Alan: Alan Corbel, je suis breton. Après avoir vécu en Angleterre pendant un petit bout de temps, je suis rentré en France. J'ai commencé à écrire pour des personnes et à faire de la musique à coté de cette activité d'écriture. C'était le démarrage de mes projets musicaux. Ensuite, un projet solo s'est développé petit à petit et il commence à aboutir avec notamment la sortie du premier Ep le 15 octobre 2009.
Hervé: Est ce que ce projet personnel a été ta première expérience musicale? Dernièrement, j'ai réalisé une interview d'un musicien rennais. Pendant notre discussion nous avons évoqué ton nom et de ce fait nous sommes arrivé à parler du projet The Milk.
Alan: Tout à fait! Qui as tu interviewé à Rennes?
Hervé: Je ne sais pas si tu connais The Last Morning Soundtrack?
Alan: Non…
Hervé: Son nom civil est Sylvain Texier.
Alan: D'accord! Il a du connaître Soaz'. A mon retour d'Angleterre, je me suis lancé dans plusieurs projets. J'ai monté avec des amis un trio de spoken words. On était dans un trip un peu slam théatre. En parallèle, j'ai commencé à jouer avec des personnes qui faisaient de la dub électro avec qui je continue à faire de la scène de temps en temps. Ce groupe s'appelle Yosh…
Hervé: Ce groupe est basé sur Rennes?
Alan: Oui, il est sur Rennes. J'ai rencontré par la suite Soazig Le Lay qui montait son projet The Milk. Elle charchait un auteur bilingue pour co-écrire son album. J'ai coécrit l'album et suite à cela j'ai continué à écrire en anglais. On a monté un duo qui s'appelait Megalux avec lequel nous sommes allé jouer aux Vieilles Charrues, des premières parties à l'Ubu…ça a duré jusquen décembre 2007. Suite à la disparition de Soaz en janvier 2008, j'ai mis un peu de temps à m'en remettre. En gros, depuis l'été 2008 j'ai redémarré la musique en solo.
Hervé: Tu as eu un parcours atypique. Tu as été cuisinier, luthier…
Alan: Je suis luthier de formation. Après, j'ai fais pas mal de boulot en autodidacte mais qui sont devenu des boulots qui avaient de l'importance car il y a encore quatre mois, c'est par ces différents jobs que je vivais financièrement parlant. Ce n'était pas vraiment la musique qui me permettait de manger. Même encore aujourd'hui c'est un peu limite (Rires!)
Hervé: Comment passe t'on du métier de luthier qui est un travail assez en retrait en étant derrière son établie à celui de chanteur/guitariste qui te propulse au devant de la scène. C'était une envie de mettre tes textes en avant?
Alan: J'ai toujours écrit depuis l'adolescence. Pendant mes études de luthier, j'ai continué à écrire et composer. C'est vraiment par le biais de concerts que je faisais comme cela de façon informelle, des soirées slam que j'ai réellement pris l'habitude d'être toutes les semaines sur scène. Pas nécessairement de grandes scènes mais dans des bars avec un micro dans les mains…C'était devenu presque habituel ou plutot moins flippant que lorsque l'on fait cela une seule fois par an. En commençant à travailler avec Soaz ainsi qu'avec d'autres groupes, c'est venu assez naturellement cette envie de faire de la scène. Il n'y a pas eu une révélation un matin qui m'a donné envie de monter sur scène. C'est venu petit à petit car les occasions se sont présentées pour faire des concerts.
Hervé: Tu as vraiment exercé le métier de luthier?
Alan: De façon complêtement informelle. J'ais fais quelques instruments que j'ai vendu, des réparations pour des gens. Aujourd'hui, il m'arrive encore de bricoler de temps en temps…
Hervé: En fait je voulais savoir si tu jouais sur une gratte que tu avais confectionné par tes propres mains?
Alan: Et bien non! Figure toi que les seules guitares que j'ai fabriqué je les ai vendu. Il y a un moment où je devais jouer assez régulièrement, j'ai du acheter du matériel et je n'avais vraiment pas le temps de me mettre derrière un établie. Par contre, je joue sur des guitares de luthiers. C'est une guitare d'un luthier qui est sur Rennes et j'ai une autre guitare qui a été fabriquée par un ami présent avec moi pendant mes cours de luthier.
Hervé: En cette année 2009, ton tout premier Ep est apparu sortant tout droit de ton imagination musicale. Peux tu nous présenter cet Ep?
Alan: C'est un quatre titres qui comporte un morceau que je jouais déjà avec Megalux. C'était un peu une volonté personnelle d'avoir un de mes anciens titres que j'ai partagé avec elle pour le remanier, lui donner vie…Il y a des choses que j'ai écrite pendant cette dernière année, « Endless » et « Muse » qui sont des titres récents mais que j'ai beaucoup joué sur scène. Ensuite il y a « The Rain » qui est un morceau qui n'avait pas encore été joué en public. Cet Ep représente un peu toute l'évolution de mes dernières années. Après, au niveau des arrangements, on a bossé avec Edith Fambuena qui faisait partie des Valentins et qui a travaillé avec Daho, Jane Birkin, Tété… Elle m'a présenté des musiciens avec qui l'on s'est plutôt bien entendu. Ce quatre titres s'est fait assez vite, un peu dans l'urgence car la tournée arrivait et que nous voulions avoir un objet à la fois promotionnel, pour le vendre à la fin des concerts… Mais c'était intéressant car il a permis de faire un premier essai de ce que pourrait être l'album. Inversement, on voit aussi ce que l'on va pouvoir changer pour l'album, ce que l'on va garder.
Hervé: Tu serais plus tenté de signer sur une major ou un label indépendant?
Alan: Et bien écoute pour le moment je n'ai pas le luxe de me poser la question (Rires!)
Hervé: Est ce qu'il y a des contacts avec des maisons de disques?
Alan: Pour le moment, c'est assez vague. Il n'y a pas eu de grosses demandes. Par contre, je n'ai pas de réelles préférences dans la mesure où tu peux très bien signer dans une major et travailler avec personnes qui se battent pour toi et qui te laisse la liberté dont tu as besoin.
Hervé: Du moment que ton projet musical n'est pas totalement remanié en signant un contrat…
Alan: Voilà, si tu ne sens pas les gens que ce soit dans un label indépendant ou une major, il ne faut pas signer chez eux. Je vois plus les choses de cette façon.
Hervé: A l'écoute des quatre titres qui forment l'Ep, on ressent indéniablement un attachement aux cordes. Je parle plus au niveau des violons et violoncelles. Peut être que cette attirance est venue par ton métier de luthier?
Alan: Bien sur, il y a un vrai amour des cordes. Après, je bossais avec Soaz dans Megalux et elle était violoncelliste. Je trouvais qu'il y avait quelque chose d'attirant dans ce duo guitare/violoncelle. J'ai vraiment tenu à garder cette présence de cordes sur l'Ep et il y en aura aussi sur l'album…
Hervé: Justement je voulais te demander si nous allions retrouver cette influence sur ton futur album?
Alan: Je pense même que cette notion de cordes ira encore plus loin en intégrant des quatuors, un orchestre… Bien sûr, si l'on peut se le permettre et si c'est cohérent avec les chansons de l'album. Je pense qu'il y aura des titres qui seront vraiment axé là dessus quitte à délaisser tout le côté rock.
Hervé: Dans un style plus épuré?
Alan: Epuré et je trouve qu'il y a une certaine sensibilité dans les cordes qui est très importante. Pour moi, un violoncelle se rapproche plus d'une voix humaine dans l'émotion qu'il dégage. Je veux vraiment retrouver cette sensation dans l'album.
Photos Live: Hervé