La 7ème édition de la JIMI (Journée des Initiatives Musicales Indépendantes) se déroulera le samedi 12 octobre 2013 à Ivry-sur-Seine (94). Cet événement a pour objectifs la promotion et la mise en relation des « Indés » à travers un salon, des conférences/débats, une exposition et des concerts. Plus de 100 structures indépendantes ont déjà annoncé leurs venues et réservé leurs stands. A cette occasion, nous avons posé quelques questions à Cha & José, les deux principaux organisateurs de l’événement.
Peux-tu nous présenter la JIMI, l’édition de cette année, la programmation, quelles sont les structures présentes, etc. ?
Cette 7ème édition de la JIMI est recentrée sur les indés. Nous nous sommes rendus compte l’année dernière que nous avions dérivé au fils des années et que nous étions en train de devenir un énième salon de musiques actuelles. L’époque n’est plus à la défense des musiques actuelles qui sont devenus très policées. Les musiques actuelles se sont institutionnalisées. Elles sont partout. Seuls quelques mouvements ou styles musicaux (le métal, le reggae, le hardcore, la noïse…) ont toujours autant de mal à exister. C’est d’ailleurs très souvent ces musiques qui sont soutenues par les indés. Les Indés continuent à exister et à prendre des chemins que d’autres ne veulent pas prendre car ils ne sont pas assez rentables. C’est pour cela que nous avons redresser la barre. Pour essayer de les accompagner.
La JIMI, c’est un salon professionnel avec de nombreux concerts et des showcases. Est-ce que c’est un événement ouvert au public, auquel tout le monde peut assister ? D’ailleurs, dans quel cadre la JIMI se rapproche du Festi’ Val de Marne ?
La JIMI est avant tout un salon qui s’adressent aux. C’est pourquoi, il est aussi ouvert au public. Car sans ce public curieux et militant, les indés, structures et artistes ne peuvent pas exister. La JIMI est donc l’occasion que structures, artistes et public se rencontrent et continuent de construire des chemins alternatifs. Nous souhaitons aussi que ces rencontres fassent naitre des envies et des vocations parmi le public. Notre plus grand plaisir serait d’apprendre que des structures indés soient nés suite à des visites à la JIMI. Concernant la filiation JIMI-Festi’Val-de-Marne, elle est évidente. Le Festi’Val a toujours les artistes et les genres non plébiscités par les gros médias, il a toujours accompagné les artistes « à caractère ».
La programmation des concerts est d’ailleurs très éclectique, on trouve du metal, de l’électro, du ska-punk, etc. En tant que programmateur, peux-tu nous dire ce qui a retenu ton attention chez ces groupes ?
Ce qui m’intéresse toujours chez un artiste, c’est son plaisir à être sur scène et à partage ce plaisir avec le public, quelque soit ce qu’il a à dire. C’est sa sincérité et sa générosité aussi. On retrouve cela notamment chez Lolito, Hacride et Los Tres Puntos. Dans le cas de la JIMI, c’est aussi leur investissement dans leur musique et leur démarche. Les groupes programmés à la JIMI n’ont pas de plan de carrière, mais ils savent qu’ils veulent jouer et enregistrer avant tout. Et pour cela, ils se donnent les moyens, en travaillant avec d’autres ou tous seuls comme Los Tres Puntos. Ils n’ont pas envie d’attendre que l’on vienne frapper à leur porte. Mais c’est aussi en définitif la qualité de leur projet artistique
Pourquoi était-il important pour vous de proposer un événement un peu « hors cadre » qui participe à la promotion et la mise en relation de structures « indépendantes » au travers d’un salon ?
Parce que je me suis rendu compte que l’indé à tendance à travailler dans son coin, la tête dans le guidon et que lorsqu’il la lève et qu’ils rencontrent d’autres passionnés comme lui, il se régénère et apprend pleins de choses de ses collègues. Des choses qui parfois débloquent des situations et font avancer certains projets plus vite. Je me suis aussi rendu que ce moment de rencontre n’existait pas.
En organisant sept éditions de la JIMI et par ton expérience passée, tu as probablement assisté comme nous à la métamorphose de la scène indé au cours des dernières années. De nouvelles structures sont apparues, d’autres ont changé leurs modèles économiques, penses-tu que le tissu d’associations et d’entreprises de ce secteur soit aujourd’hui suffisamment innovant ?
Il est forcément innovant car les structures disposent de peu de moyens et doivent donc appel à leur créativité. Le problème actuellement, c’est que tout le monde tâtonne parce que l’on ne sait pas pourquoi et comment la musique enregistrée est écouté. On ne connaît plus la valeur, ni la place de celle-ci dans la société. Elle est disponible partout. Elle est consommée plutôt qu’apprécié. Et elle a perdu son rôle politique, alors qu’elle a provoqué ou accompagné des changements de comportements sociaux jusqu’à maintenant. Pourtant seuls des passionnés et des désintéressés, comme les indés peuvent accepter son rôle politique.
Est-ce que tu as un coup de coeur particulier sur le festival parmi les structures exposantes ?
Elles sont toutes admirables pour le rôle qu’elles jouent mais j’avoue apprécier des structures comme Konstroy, Jarring Effects, A Quick One Records, Kicking Records, Hammerbass, Guerilla Asso et toutes ses structures qui défendent depuis plusieurs années, un point de vue, une éthique, un parti pris quelque soit les vents dominants.
Vous avez rencontré récemment quelques « déboires » par rapport au lieu du festival. Vous avez longtemps cherché un lieu pour accueillir l’événement, qu’en est-il désormais ?
Au démarrage, on avait un site qui se prêtait bien à la JIMI, le site des chapiteaux de Choisy-le-Roi. Il a fallu malheureusement en déménager. Et notre errance a commencé malgré l’accueil des villes comme Champigny et Vitry. Toutefois, il nous fallait à la fois des équipements appropriés pour un salon et des concerts, mais également une desserte en transport en commun. Je pense que nous avons trouvé tout cela à Ivry. Si tout se passe bien, nous devrions y rester quelques années encore.
Pour finir, quel sera le moment fort de cette septième édition ?
Les débats, les nombreux show-cases et aussi les autoprods qui font leur apparitions à la JIMI, cette année.
Crédits Photo : Francis Vernhet