Né en 2019 de la fusion à chaud de Moundrag et de Komodor, deux groupes de rock/heavy/psyche venus respectivement de Paimpol et de Douarnenez, Komodrag and the Mounodor (ré)incarnent l’essence même du rock endiablé des années 68-73. Portés par une passion insatiable pour le groove et le riff saturé, les 7 membres du groupe nous amènent faire une virée entre rock progressif et heavy psychédélisme. Deux batteries, des guitares fuzz, un orgue Hammond et des amplis à lampes, pour un projet à l’énergie débordante ! Avec leur look accordé à leur matos vintage, ils ont enflammé la scène Valley du Hellfest, qui venait pourtant d’ouvrir ses portes. Nous avons eu la chance de rencontrer Organ Fury (organiste) et Goudzou (bassiste – chanteur) pour parler de leur set, de leurs influences et de leur esthétique unique…
Hey, Komodrag and the Mounodor… Alors, comment s ‘est passé votre set au Hellfest?
ORGAN FURY (OF) : C’était mortel ! C’était la première fois qu’on jouait au Hellfest, et on était étonné d’avoir autant de monde devant nous. On ouvrait la Valley, quand même ! On était un des premiers groupes à jouer sur une des grosses scènes, et on était surpris de voir autant de monde pour un concert à 16h30.
GOUDZOU (G) : Oui, on était très agréablement surpris !
C’est vrai qu ‘il y avait une grosse ambiance. Vous êtes une sorte de super groupe, si j’ai bien compris. Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés?
G : Alors, les Moundrag nous ont vu, lors d’un concert à Rennes, qui était pitoyable… clairement ! Tu confirmes?
OF : Ouais je confirme. c’est exact. C’était pas top.
G : Après, on a quand même sympathisé via les réseaux sociaux…
OF : Oui, et en 2019, il y a Matt, le guitariste de Komodor, qui nous a envoyé un message sur Facebook pour nous inviter à Douarnenez. Dans cette invitation, il y avait un concert des Komodor dans un bar de nuit, au Banana Boat à Douarnenez. Du coup, j’ai dit à mon frangin : “Colin, bah vas-y, si on allait faire la première partie de Komodor à Douarnenez ?” Il me répond : “grave ! grave ! grave ! grave !” Donc on arrive un après -midi, on commence à boire des petites canettes. Très vite on se met à jammer. Et on se dit : “et si on refaisait à la fin du concert de Komodor ? ”… un gros jam avec les doubles batteries et tout ça. Et c’est comme ça que le groupe a été créé : par un jam très tard, dans un bar de nuit, à Douarnenez, tout simplement !
Vous parlez de jam. J’ai l ‘impression que vous êtes vachement influencés par les jam bands, comme Grateful Dead ou plus récemment Phish, je me trompe ?
OF : Nous, avec mon frangin (Moundrag), nous sommes plutôt influencés par des Deep Purple, par un son très anglais, très entre 68 et 74. Tu vois : c’est méga précis. Et Komodor, ils sont plus américains, un peu ?
G : Ouais, américains, anglais aussi, plus dans le punk rock, le glam… MC5, Slade, Sweet, Celeritas, tout ça.
OF : 75, 78 quoi. Voilà, bon, ouais. Tu situes…Et du coup, pour le projet Komodrag & the Moundor, on ne voulait pas faire la musique de Komodor ou de Moundrag. On voulait un son qui corresponde aux goûts de tous les 7 membres du groupe. On s ‘est alors plus ou moins mis d’accord sur un répertoire qu’on aimait tous. Et, du coup, c’est le répertoire plutôt “Soul & Rock” qui l’a emporté. Un rock américain du Sud, comme les Lynyrd Skynyrd, les Allman Brothers et, oui, du coup les Grateful Dead, par rapport aux deux batteries, tout ça. Donc on s’est mis d’accord sur un répertoire qui était beaucoup plus américain qu’anglais.
Après on sent, qu’au-delà du jam, il y a même des vrais compos, des vraies chansons. Comment se passe le travail sur les compositions ?
OF : Généralement, on arrive avec des idées, et après on construit tout en répétant. Parce qu’il n’y a personne qui arrive avec un morceau complet. Enfin, c’est très rare que quelqu’un arrive avec un morceau, avec tous les arrangements, les paroles… Donc en règle générale, on arrive tous avec des idées, on les met en jam, et après on voit ce qui se passe.
On fait notre petite sauce. Notre petite sauce armoricaine, pour faire naître LE son de Komodrag & The Mounodor. Finalement, c’est pas trop difficile.
Organ Fury, organiste de Komodrag and the Mounodor
Après, on refait des paroles, on revoit les parties, on les remixe avec d’autres parties qu’on avait avant. On fait notre petite sauce. Notre petite sauce armoricaine, pour faire naître LE son de Komodrag & The Mounodor. Finalement, c’est pas trop difficile.
Ca ne doit pas être facile de trouver un consensus…
OF : C’est vrai qu’au début on faisait des propositions par pupitre. Parce que c’est très difficile de composer à 7, parce qu’il y a forcément plein d’idées. Donc en général on bosse par pupitre et après on se remet tous ensemble pour ré-échanger et modifier la maquette, sur la base de ce qui a été créé par groupes de 3 ou 4, tranquillement, en amont, quoi.
Vous avez sorti un album il y a quelques mois en octobre 2023. Est-ce que vous pourriez présenter votre album et aussi votre dernier EP , qui est sorti il y a quelques semaines si je m’abuse… Le 31 mai, c ‘est ça?
OF : Oui c ‘est ça… Alors l’album, on l’a composé pour les Transmusicales (légendaire festival de musiques actuelles de Rennes, où les deux groupes se sont produits ensemble pour la première fois en 2021, NDLR). Parce que, clairement, on a créé le set pour les Transmusicales, en 4 ou 5 mois, un truc comme ça. Et du coup, à l’issue des Trans, on a fait une petite tournée, bien sympa quand même. Et on s’est dit, voilà, ce serait dommage de pas avoir une trace de cet album, du coup on a décidé de l’enregistrer à la maison. Ça a été totalement fait maison, et d’ailleurs tous nos albums sont faits maison. Et du coup, le deux titres va apparaître sur une surprise qui va sortir d’ici octobre. Pour un live qu’on a fait à Brest.
Les Trans, ça vous a poussé pas mal aussi,donc ?
G : Carrément. Carrément, c’est les Trans qui sont à l’origine du groupe. On peut le dire.
Et ça vous a apporté quel soutien? Est-ce que ça a été dans la durée?
G : Dans la durée et puis surtout, ça nous a donné envie d’aller plus loin avec ce groupe.
OF : Et puis, ça nous a donné de la crédibilité. Parce qu’en fait, avant les Trans, quand on tournait (parce qu’on a beaucoup tourné ensemble), on tournait avec Moundrag et Komodor jouant chacun leur set séparément, et à la fin on faisait un jam. Au début, le jam, c’était pas sérieux. On voyait qu’il y avait un truc cool, mais on n’avait pas vraiment de coups de pouce, de trucs qui nous amenaient vers un album ou vers un gros live. C’est vraiment les Transmusicales qui nous ont permis de concrétiser et de nous donner de la crédibilité, en tant que groupe à 7.
G : Voilà, rien n’aura été fait sans les Trans…
J’ai aussi regardé un peu vos clips, que j’ai trouvé très marrants. Il y a un côté un peu second degré, chez Komodrag and the Mounodor, au-delà de l’hommage sincère, je me trompe ?
G : Ouais, le côté marrant vient surtout de nos fabuleux acteurs Ronny and Slide quand même !
OF : Notamment, notamment. C’est vrai qu’aujourd’hui, pour faire un clip, il faut beaucoup d’argent pour se faire un minimum sérieux, et comme on n’a pas forcément beaucoup de moyens…
G : … Et qu’on n’est pas sérieux…
OF : Ouais, ouais, on est pas sérieux. Alors, on s’est dit : “vas -y, on fait vraiment dans la blague”. On est des gars sympas et…
G : Sympa, sympa… ça dépend avec qui !
OF : C’est vrai, ça dépend qui, ça dépend qui… (rires) Donc, les clips permettent aussi de nous montrer sous notre vraie nature : des gars simples et sympas qui aiment les vieilles séries télé.
Peut -être un mot sur votre esthétique, parce qu ‘il y a un choix d’être volontairement rétros. Sur scène, vous avez fait des choix esthétiques assez forts, on les retrouve dans nos clips. Qu ‘est -ce qui vous motive derrière ça?
G : Bah nous c’est simple, c’est la passion des années 60 avant tout. C’est pas vraiment une DA. C’est avant tout une passion du style et de l’époque.
OF : En fait, quand on voit les groupes des années 70, genre les Jimi Hendrix Experience, les Led Zeppelin et tout ça, quand on voit leurs lives sur Youtube, ce qu’on aime aussi c’est que les mecs étaient hyper bien sapés, c’était la classe. Ca envoie des paillettes, de partout, tu vois… On se dit que, comme on fait un rock assez rétro, on aime bien aussi avoir aussi des looks qui font le show. Après, pour te dire la vérité, on a toujours été plus ou moins habillé comme ça… C’est juste que la taille des talonnettes est un peu plus grande quand on est sur scène. C’est juste ça.
Le côté vintage est marquant, même sur le choix des instruments…Toi tu as une Fly New V Bass, toi tu as un orgue Hammond d’époque…
Si on veut vraiment coller à l’esthétique qu’on aime, il faut les vieux clous.
Organ Fury, organiste de Komodrag and the Mounodor
G : On est là pour faire du rock vintage. Et c’est plus facile de faire un son vintage avec des instruments vintages. Tout simplement.
OF : Si tu veux faire de la copie avec des émulations et tout ça, ça ne marchera pas.
G : Faut se mettre dans la peau direct.
OF : C’est ça ! Certes, on a beaucoup de backlines et tout ça… C’est pour ça que ça sonne ! Tu as plein de groupes qui font des locations, mais c’est des amplis assez modernes, des pelles un peu modernes, des batteries modernes et tout ça… Si on veut vraiment coller à l’esthétique qu’on aime, il faut les vieux clous.
G : C’est une recherche aussi depuis des années d’essayer de trouver le même son qu’ils avaient à l’époque. C’est pas simple, parce qu’il y a très très peu d’articles que tu peux retrouver sur le net pour voir ce qu’utilisaient les groupes à l’époque. Donc on va voir des vidéos YouTube, qu’on se tape et on recoupe les infos. “Oh putain : Ils utilisaient des Customs !”. Quand j’ai vu ça, j’ai été voir “custom” sur LeBonCoin, et j’en ai acheté un. J’ai testé, je suis tombé amoureux. C’est de la recherche. C’est une passion, le matos, aussi bien que les fringues.
OF : Moi je dirais que c’est une addiction…
Les 2 : “LeBonCoin, c’est tabou, on en viendra tous à bout”.
Une superbe conclusion pour tous les collectionneurs !… Merci les gars et à bientôt sur scène et sur album