Ne cherchez plus comment occuper le troisième week-end du mois d’août, c’est en Charente-Maritime que ça se passe, à Cercoux très exactement. Un coup d’oeil sur la programmation de ce petit festival qui deviendra certainement grand devrait suffire à vous convaincre de faire le déplacement. Venez oublier, pendant trois jours, cette crise sanitaire qui a chamboulé pas mal nos vies et surtout celle des artistes et organisateurs d’événements qu’il faut plus que jamais soutenir. Victor, le très jeune organisateur de ce festival a répondu à quelques questions pour les lecteurs de Vacarm.
Bonjour Victor, avant tout comment tu te sens à moins d’un mois et demi du festival ? Avec ces histoires de variants, le président qui doit faire des annonces ce soir …
Je suis dans la hâte, j’ai extrêmement envie d’organiser ce festival, ça fait un an et demi qu’on attend, on est très motivés pour organiser cette édition et par rapport au variant qui revient plus tôt que prévu, on s’était de toutes façons préparés au pire en demandant le pass sanitaire et en se limitant à 1000 festivaliers.
La jauge aurait pu être plus élevée ?
On peut aller plus haut mais pour l’instant, par précaution, on se limite à 1000 comme ça on est sûrs de pouvoir avancer.
Il n’y a pas eu de réticences quand vous avez annoncé que le pass sanitaire serait exigé ?
On a eu quelques réticences mais vraiment très peu, moins de dix personnes. Je crois que les gens comprennent que si on veut sortir cet été il faudra le pass sanitaire. Moi le premier je suis en train de me faire vacciner parce que je n’ai pas envie de faire un test PCR toutes les semaines.
Peux-tu faire un petit historique du festival pour les lecteurs de Vacarm ? Leur expliquer comment tu en es devenu l’organisateur alors que tu as seulement 19 ans ?
En septembre 2017, j’étais en seconde, j’avais 15 ans et je me suis demandé après être allé plusieurs fois au Hellfest comment avaient fait les créateurs de ce projet pour organiser un tel festival à Clisson. Et je me suis demandé ce que ça donnerait chez moi à Cercoux, bien sûr à plus petite échelle. Donc je suis allé voir le maire, le projet lui a tout de suite plu et c’est très bien d’avoir la mairie qui nous soutient depuis le début. Ensuite, je suis allé voir Niko de Tagada Jones après un concert à Angoulême et je lui ai proposé d’être la tête d’affiche de mon premier festival. Je pense que l’idée d’accompagner un jeune qui se lance lui a plu donc il nous a accompagnés et on a fait notre première édition en août 2018, j’avais 16 ans. On a équilibré notre budget dès 2018 ce qui nous a permis de repartir motivés pour 2019, cette fois-ci pour deux journées durant lesquelles on a accueilli le batteur de AC DC, Chris Slade, mais aussi Dagoba, Black Bomb A, les Sales Majestés et on a fait sold-out pour notre deuxième journée. Donc, encore plus motivés que jamais on décide de repartir pour 2020, toujours sur deux jours, avec notamment Mass Hysteria, Phil Campbell et toute la prog qu’on a aujourd’hui et puis, comme tout le monde, on a dû reporter.
Ça a dû être un déchirement mais finalement, un mal pour un bien, les festivaliers avaient majoritairement choisi de garder leur pass plutôt que de se faire rembourser et cette année, une journée supplémentaire leur est proposée pour le même prix. Ça complique beaucoup l’organisation du festival un jour de plus ?
Ça va être plus fatigant. Au départ, en mai 2020, quand j’ai dû annoncer le report, je n’avais pas envie de dire simplement on se retrouve l’année prochaine, gardez vos billets, à bientôt. On a ouvert une troisième journée qui serait gratuite pour tous les détenteurs du pass deux jours. Et cette troisième journée serait une nouvelle programmation supplémentaire, il ne s’agissait pas simplement d’éparpiller les groupes sur trois jours. C’est comme ça que se sont ajoutés No One is Innocent, Trepalium et plein d’autres nom sur l’affiche.
Cette année les scènes sont en plein air, tu as l’adhésion de la population de Cercoux ? Aucune réticence ?
Il y a peut-être eu quelques réticences au tout début, en 2018, parce qu’au premier abord le metalleux peut faire peur mais les gens se sont bien rendus compte qu’il n’y avait pas de mal et on travaille avec tous les commerçants du coin, les associations et entreprises locales donc on s’entraide tous. Le gérant de la supérette est super content d’avoir le festival à 100 mètres de sa boutique, le boulanger idem. Globalement c’est très bien reçu.
La plupart des festivaliers viennent de la région ?
Forcément beaucoup de la région bordelaise, de Saintes, Angoulême. Cette année on sait déjà que certains viennent de Lyon, Lille, Brest et on en a même un qui va venir du Maroc !
Combien de personnes travaillent sur l’organisation du festival ?
Tout au long de l’année, on est une quinzaine. Je m’occupe de la communication avec Franck et je m’occupe entièrement de la programmation. On a évidemment trésorier et secrétaire, une équipe qui s’occupe des foodtrucks et du merchandising, une de la technique, une autre de la sécurité.
Concernant la programmation, tous les groupes prévus l’année dernière ont répondu présents pour cette année ?
Tous les groupes ont répondu présent, la seule petite modification c’est qu’on n’a plus Rise of the North Star sur l’affiche mais on ne peut pas tout reporter à l’identique, c’est trop compliqué.
Lorsque tu contactes les groupes ils n’ont aucune réticence devant ta “jeunesse” ?
En 2018, il y avait peut-être une réticence, on ne savait pas si j’étais sérieux ou si je faisait une grosse blague, mais je pense que maintenant je suis pris au sérieux. Les artistes ont dû entendre parler du festival puisque souvent ils se proposent eux-mêmes pour venir jouer.
Ce sont les groupes qui te contactent ! Tu as dû refuser du monde cette année ?
On ne peut pas accueillir tous les artistes, il faudrait faire un festival sur une semaine sinon ! Pour Phil Campbell, il s’était abonné à notre compte instagram, je lui ai envoyé un message pour le remercier parce que j’étais honoré et il m’a dit “pourquoi ne pas venir jouer dans ton festival ?” et là j’étais vraiment super content.
C’est dingue parce qu’on a l’impression que tout est possible alors que je me doute qu’il y a des tas de problèmes à régler, il faut aussi que techniquement ça suive, que les groupes jouent dans de bonnes conditions donc c’est une masse de travail colossale, il faut nourrir tout le monde, organiser l’hébergement des groupes etc, c’est dingue que si jeune tu puisses gérer un événement pareil.
On est bien entourés , plus de la moitié des bénévoles ont moins de 25 ans donc on est relativement jeunes mais évidemment on a des adultes aussi sinon ça tiendrait pas la route.
Tous ces jeunes tu les as rencontrés comment ?
C’est en partie des copains du collège quand j’étais encore près de Cercoux et sinon c’est beaucoup de mes copains du lycée à Bordeaux. Ils sont contents d’être bénévoles dans un festival, le soir on fait la fête !
Quel est le plus gros problème auquel tu puisses être confronté pendant le festival ? Le truc que tu redoutes le plus ?
Ce que je redoute vraiment c’est une mauvaise météo et sinon un problème que je redoute, même si je n’y ai encore jamais été confronté, c’est un groupe qui refuse de jouer.
Parmi les groupes, sans citer de nom, as-tu eu des demandes/exigences particulières ?
Non. Les demandes sont pratiquement les mêmes pour tous les groupes. On pourrait se dire qu’un groupe demande un truc hyper improbable et se rendre compte qu’en fait tous les groupes le demandent. Ça m’avait peut-être un petit peu choqué en 2018 quand je commençais, je ne m’attendais pas à avoir ce genre de listes mais en fait c’est la norme même si on ne se colle pas mot pour mot à ce qui est demandé, ça coûterait trop cher mais on s’adapte au mieux. Je trouve qu’on a affaire à des groupes très pros qui comprennent bien qu’avec le Covid c’est compliqué donc les gens s’adaptent et il n’y a pas de petits caprices.
L’affiche du festival est assez incroyable cette année. Penses-tu avoir bénéficié de l’effet Covid ? Est-ce que la crise sanitaire n’a pas été en quelque sorte une chance pour un jeune festival ? Les groupes ont très envie de jouer, pas de gros festivals …
C’est en effet l’année où les petits festivals peuvent montrer ce qu’ils savent faire, qu’ils sont aussi présents et peuvent faire de belles choses. Evidemment c’est très très dommage ce qui arrive aux plus gros d’entre nous mais cette année c’est aux petits festivals de montrer ce qu’ils valent. Et les groupes sont très motivés pour venir jouer parce que ça fait un an et demi qu’ils ne sont pas montés sur scène.
Un mot sur le superbe visuel de l’affiche ?
On a fait appel à un graphiste pro en Vendée, Julien G. On a tout de suite adoré le visuel qu’il nous proposait . Dès notre première édition en 2018, il nous a proposé ce petit diable qu’on retrouve sur tous nos visuels, les festivaliers l’ont d’ailleurs nommé Charlie. Et en repensant à Iron Maiden qui met Eddie sur toutes ses pochettes d’album, un groupe dont je suis ultra fan, j’ai demandé au graphiste de garder le même petit personnage l’année suivante et de le faire évoluer dans le futur sur toutes les affiches. Ça donne une petite identité, Charlie est maintenant associé à Cercoux.
Lorsque tu as organisé la première édition tu étais sûr que l’aventure ne s’arrêterait pas là ?
Oui. En tout cas, je savais que j’allais faire une deuxième édition et au moins pendant toute la durée du lycée. Là je suis en fac de droit, je vais quand même continuer. J’avais commencé la programmation 2019 avant même d’être arrivé au 25 août 2018, date de la première édition. C’était ok avec Dagoba dès juillet 2018 pour l’édition 2019.
La programmation est essentiellement française, c’est à cause de la crise sanitaire et de la difficulté de faire venir des groupes de l’étranger ou c’est tout simplement un choix ?
Ce n’est pas par défaut que la programmation est française. On a à coeur de promouvoir la scène française qu’on trouve très belle, c’est pour ça que, depuis 2018, on n’a que des groupes français sauf cette année Phil Campbell et en 2019 Chris Slade. C’est vraiment par choix qu’on a tous nos groupes français.
La scène française exclusivement metal ?
En 2018, on penchait un peu plus vers le punk, 2019 c’était punk/metal, là on va être très metal et on verra comment ça se profile l’année prochaine.
Tu penses déjà à l’édition 2022 ?
Il est temps que je me mette à la programmation et que je me mette en quête de dénicher des beaux groupes.
Concernant la jauge, à Cercoux tu pourrais monter jusqu’à combien de festivaliers ?
L’avantage de Cercoux, c’est qu’on a des grands champs qui appartiennent au village donc on peut y rester encore un petit moment. En ce moment, on pourrait facilement accueillir 2 à 3000 personnes mais on se limite à 1000 par précaution.
Il y a un groupe que tu es particulièrement heureux d’avoir à l’affiche cette année ?
L’affiche reflète mes goûts musicaux depuis la première édition mais j’ai particulièrement hâte de voir Mass Hysteria parce que c’était un objectif pour moi de pouvoir les accueillir un jour à Cercoux donc je suis très fier. Il y a évidemment de plus petits groupes par exemple Krash Riders que j’aime beaucoup et des groupes plus connus comme Cachemire que j’ai très envie de voir. Globalement, ce sont des groupes que j’ai déjà vus au moins une fois en live. Mon objectif c’est de pouvoir accueillir un jour Gojira à Cercoux. Tous les festivals de France veulent Gojira. J’avais pour objectif d’accueillir Mass Hysteria, je les ai eus, donc maintenant je m’attaque à Gojira.
Tu les as déjà contactés ?
Non pas encore. Si ça se passe bien cet été, peut-être que je pourrai espérer prendre contact.
En restant sur une programmation française, y a-t-il un risque d’avoir un peu toujours les mêmes groupes ?
Complètement. Donc je sais qu’on arrivera à nos limites un jour même si la scène française se renouvelle et qu’on aura encore de “grands” jeunes groupes qui montent. Un jour on va devoir passer à l’international mais pour l’instant, j’explore la scène française un maximum.
Merci Victor, je te souhaite une très très belle édition du festival, j’espère que vous serez complets.
Merci ! On est à 70 % de la billetterie !
Un grand merci à Roger de Replica Promotion d’avoir rendu cet échange possible.