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Entretien avec Pierre et Maxime du groupe Embryonic Cells le 12 février au Feelgood des Halles (Paris).

Embryonic Cells revient en force avec son quatrième album « Horizon », enregistré, mixé et masterisé par Pierre Schaffner au Studio La Forge, sorti en novembre 2018 chez Apathia.

Quelle a été l’évolution du groupe entre « The Dread Sentence » et « Horizon » ? Musicalement et humainement.
Maxime : une évolution sur la production et une évolution notable sur les sonorités  utilisées notamment par les instrumentations de Pierre et sur l’utilisation des voix. Pierre, tu veux dire un mot sur le son des claviers ?
Pierre : par rapport aux albums précédents où j’étais surtout centré sur les sons que j’utilisais en live, il y a eu un gros travail de recherche, d’expérimentation, c’est vrai qu’en parallèle j’avais fait aussi ce travail là via Melted Space et la somme de tout ça s’est retrouvée dans Horizon avec l’utilisation de synthés, de sons beaucoup plus éthérés et moins traditionnels pour ce type de black metal. L’album allait aussi dans ce sens avec des passages plus planants, moins directs. Il y a eu une grosse évolution à ce niveau là et, en parallèle, le gros travail qu’il y a eu sur le chant a été la touche finale pour donner la couleur de cet album.

Embryonic Cells était présent sur la scène musicale pendant les 6 années séparant les albums ?
Maxime : il y a eu des vacances naturellement parce qu’on est tous épris de créativité et investis dans d’autres projets musicaux. Chacun jongle avec sa profession, sa vie de famille, son investissement associatif, ses activités créatrices etc. Une petite orchestration est nécessaire quand on a un casting de quatre personnes investies dans autant de choses différentes donc il y a eu des périodes de « vacances » mais d’une manière générale on a toujours fait attention à rester actif et faire de la scène. Parce que la scène c’est le lieu où on se sent le mieux, on pense que le live c’est vraiment le moment où le groupe est le plus performant.

Vous vous définissez comme un groupe de quoi ?
Pierre : On ne sait pas trop vu qu’il y a beaucoup de choses. On veut éviter de faire un truc à rallonge black post truc néo progressif festif (rires). Pour ma part je dis black metal parce que c’est générique, c’est une grande famille. Effectivement la voix est plutôt orientée black metal, il y a des blast beats assez typiques du black, certains passages sont bien bien orientés, maintenant c’est vrai que l’instrument que je pratique, le clavier, est sujet à débats dans le black metal donc est-ce que c’est vraiment du black metal ? A chacun de se faire son idée. On ne va pas se dire « on ne va pas mettre ce riff là parce que ce n’est pas black metal ».

Un mot sur le processus de composition ?
Maxime : ça se passe de manière assez démocratique. On a un processus créatif relativement classique. J’arrive avec une riffothèque, avec des hypothèses, des propositions de structure, une colonne vertébrale et ensuite ça fonctionne un peu comme des légos, on peut changer des choses, on peut remettre en question, il y a beaucoup de travail, des morceaux évidents et tout de suite adoptés, d’autres moins. Ces propositions sont soumises au groupe, l’idée c’est de faire émerger une intellignece collective, à plus d’oreilles on entend mieux et à plus de cerveaux on est plus intelligents. Tout le monde y met un petit peu sa patte, certains morceaux font débat. Pierre a proposé des couleurs, des sonorités qui nous ont enchantés, qui marquaient parfois une certaine rupture par rapport aux albums précédents mais comme à la base il y a une écriture, un riffing qui vient de moi, ça a créé une rupture mais dans la continuité. A l’écoute d’Horizon aujourd’hui pas mal de gens disent bien reconnaitre Embryonic Cells mais par contre ça a changé.
Pierre : c’est bien aussi dans une évolution générale de se remettre en question, de se dire pourquoi ne pas proposer autre chose, qu’est-ce qu’on peut amener d’intéressant, on teste des pistes, il y en a des bonnes et des moins bonnes, on prend ce qui nous plait. Sur un titre comme Carved In My Skin on a intégré des batteries électroniques ce qu’on n’avait jamais fait auparavant. C’est le morceau qui va dicter l’orientation des arrangements, du clavier, des voix.

Au moment de l’enregistrement vous avez changé des choses ?
Maxime : sur les instruments, quand dans l’écriture ça s’est stabilisé c’est resté stabilisé, par contre pour la voix il s’est passé beaucoup de choses. J’adore chanter, je suis très à l’aise en live, par contre j’appréhende toujours un peu l’exercice du studio. Sur les trois premiers albums, j’ai été frustré parce que je n’ai pas enregistré ce que j’avais en tête ou ce que je pensais être capable de faire. Avec un petit peu d’appréhension, j’ai commencé à entamer mes parties de chant au studio Laforge auprès de Pierre Schaffner et il m’a arrêté tout de suite en me disant qu’il pensait que je n’étais pas un très bon chanteur. Je n’en ai pas du tout pris ombrage parce que je pense qu’on a deux oreilles et une seule bouche donc on est censés écouter plus que parler. Il m’a dit que mon chant passait  parce que j’ai de l’expérience et fait beaucoup de scène, que je m’appuyais sur mes intuitions et mon expérience mais que par contre, en terme de métronomie, d’accent, de diction, on pouvait élargir le spectre, expérimenter des choses et surtout faire beaucoup mieux. Il m’a vraiment cassé la gueule en studio, il m’a chahuté, remis en question, fait recommencer, réessayer et réessayer des trucs, on a comparé et il avait raison. Je suis sorti du studio avec une autre perception du chant, j’ai eu l’impression d’avoir fait une sorte de stage de chant, il m’a vraiment fait progresser et je pense que ça profite à l’album. Horizon c’est le premier album où je suis à peu près satisfait du chant.

Quand vous avez un titre de 7 minutes sur l’album, en live c’est fidèle ou vous partez encore plus dans des digressions musicales ?
Pierre : on adapte des choses parce que c’est vrai aussi que la scène se prête à certaines choses et pas forcément à d’autres donc on va essayer de retranscrire le morceau de la façon la plus fidèle possible maintenant on sait aussi que dans le cadre d’un concert qui dure 40 minutes, une heure, il faut quand même rendre la chose vivante donc s’il y a un passage qu’on juge bien sur album mais qui ne marche pas forcément en live, on va adapter, retravailler la chose pour présenter le morceau au meilleur de sa forme sur scène. Globalement on a toujours eu à cœur de créer quelque chose qu‘on pouvait faire sur scène. Maintenant c’est vrai qu’avec des orchestrations des fois un peu plus développées ou des bruitages, il peut y avoir une remise en question pour savoir s’il faut rajouter des choses, en enlever, penser à des solutions informatique. Beaucoup de groupes jouent avec des samples donc la porte est grande ouverte à toute possibilité et quand c’est nécessaire on se pose un maximum de questions pour pouvoir présenter la meilleure version possible.

Revenons à l’album, il raconte une histoire ? Il y a un fil conducteur ?
Maxime : on ne peut pas parler de concept album mais il y a quand même une histoire, un fil rouge, une linéarité entre tous les morceaux qui s’articulent et suivent le destin de quelqu’un. La thématique de cet album fait écho aux déracinés, aux exilés, aux réfugiés au sens large et à la Méditerranée en train de se transformer actuellement en cimetière mais aussi avec les exilés du passé souvent à cause de conflits, de guerres. L’album parle de cette nécessité de dépassement, de franchir l’horizon pour s’affranchir d’une situation pour la plupart du temps tragique. C’est un sujet universel et qui concerne toutes les époques.

Pourquoi le choix de « Never Let You Fall » pour le clip ?
Maxime : c’est un morceau qui nous semblait propice à adapter du fait de sa durée, en terme de radio editing ça nous semblait assez adapté et puis il fait partie de ces morceaux dans l’album qui rassemblent un peu toutes les couleurs de Embryonic Cells, avec des hurlements, des voix plus black, des voix parlées, une grosse fenêtre trash à l’intérieur du morceau et pour nous le trash c’est une grosse pierre dans le jardin, c’est important comme ancrage. Différentes tonalités musicales s’expriment, très particulièrement dans les orchestrations de Pierre. C’est un morceau qui nous semblait bien résumer la diversité de Horizon.

J’ai particulièrement aimé « Accross the Mountains » sur lequel la voix m’a semblée plus « déchirante », de quoi parle ce morceau ?
Maxime : est ce que tu es naturellement plus branchée death metal ? Parce que la voix est très très death mertal. Mais c’est surtout un morceau qui met l’accent sur l’aspect le plus tragique que peuvent vivre des réfugiés de guerre ou climatiques actuellement.

L’album comprend 8 titres dont une petite intro, c’est un peu court non ? Vous vous êtes limités ?  
Maxime : l’album fait un peu plus de 40 minutes, on l’a senti comme ça, on s’est demandé à un moment si on devait rajouter des morceaux, on y a bien réfléchi et on s’est dit que l’album nous allait comme ça. On a beaucoup réfléchi à l’ordre des morceaux. Il était guidé par le fil rouge narratif donc il y a un lien logique dans l’histoire qui se déploie et à un moment on s’est dit que l’histoire racontée en 40 minutes c’est très bien. Beaucoup de gens nous disent « 40 minutes c’est très bien parce que finalement je l’écoute deux fois ! ».

Vous êtes contents de cet album ?
Maxime : sans faire dans l’auto-satisfaction, oui contents parce que ça a été un processus dans lequel on s’est amusés et on continue à s’amuser avec ce matériau.
Pierre : d’ores et déjà on se projette sur une suite parce qu’on a expérimenté des choses et on se dit quand est ce qu’on fait le suivant pour aller plus loin, pour changer, repenser des choses, c’est vrai qu’il y a eu un trou de six ans entre les deux derniers, là ce n’est pas l’idée.

L’album est sorti en format cd et vinyle ?
Pierre : y a deux formats vinyle. C’est une proposition du label. Ils nous ont dit pour faire un bel objet on peut aussi le proposer avec le vinyle d’une certaine couleur de façon à ce que ce soit cohérent avec la pochette.
Maxime : il est distribué chez Season of Mist et on le trouve partout, Fnac, Cultura etc le boulot est très bien fait
Pierre : on est très contents de cette signature chez Apathia.

Vous avez trouvé facilement un label ?
Pierre : on a proposé l’album à Apathia et on a eu une réponse rapide et enthousiaste. On ne leur avait pas envoyé le produit fini, donc on savait qu’il y avait encore une petite marge de progression et d’amélioration. On s’est vite entendus et on a lancé la machine.

Vous avez des concerts prévus avant le Hellfest ?
Pierre : un concert le 18 mai à Troyes où on joue avec les copains de Misanthrope, on est très contents de pouvoir jouer avec eux, ça va être l’occasion de jouer et de présenter l’album chez nous et ça nous laisse le temps de préparer tout ça comme il faut.
Maxime : tout un tas de petites dates sont en train de se monter mais l’idée c’est pas d’étaler la confiture tout le long de la tartine mais de rassembler un peu les choses pour créer une petite tournée. Elle est en train de se mettre en place et je pense qu’on va annoncer un tour d’ici pas très longtemps.

Au niveau de la set-list ce sera essentiellement des titres du dernier album ?
Maxime : la set-list est stabilisée depuis samedi dernier, elle fait évidemment nettement écho au dernier album mais l’idée pour nous aussi c’est de ne pas renier le passé, il y a plein de morceaux qu’on aime jouer, qu’on nous demande parfois donc on va revisiter en quelque sorte notre discographie.

Ça vous angoisse de jouer au Hellfest ou pas plus que ça ?
Pierre : au contraire ! On a envie d’y aller, de se défoncer sur scène pour défendre les morceaux, pour montrer ce qu’on sait faire.
Maxime : c’est plutôt excitant !

Merci à Maxime et Pierre, rendez-vous en juin pour l’édition 2019 du Hellfest !

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