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Entretien avec Don Rimini (Septembre 2012)

Le samedi soir du festival Scopitone était aussi complet que le premier soir. Pour cause, toujours une programmation totalement démente. En haut de la liste, nous retiendrons Don Rimini, que nous avons rencontré, histoire d’avoir quelques détails sur son live et sur ses projets futurs, peu de temps avant qu’il monte en haut de son immense monolithe pour un show mémorable.01. Est-ce que tu peux te présenter pour nos lecteur qui ne te connaîtraient pas encore ?

Je suis Don Rimini, garçon, je suis compositeur, et Dj, je fais maintenant aussi des performances lives. Je suis le meilleur ami de ta copine, le fils du père noël, je suis ton meilleur ami, et quand tu as peur le soir, c’est moi !

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02. Tu présentes ce soir un live que tu joues depuis maintenant un an. J’étais là à sa première aux Transmusicales, qu’est-ce qui a évolué depuis ce premier live ?

Ah ça a complètement évolué, parce qu’on a eu des contraintes techniques déjà. Le live des Transmusicales par exemple, on était sur de la projection vidéo sur le monolithe (la forme géométrique sur laquelle je suis perché à 4 mètres de haut), on s’est aperçu que ça pouvait pas fonctionner sur tous les festivals et sur tous les événements, donc maintenant on marche avec de la LED, donc on est déjà à la version 2, voire la version 3, et oui ça a pas mal évolué, notamment au niveau du son, on a fait quelques retouches au niveau des morceaux, parce que forcément un live vaut mieux que ça évolue et qu’on puisse le faire évoluer en tout cas. Et sur les images aussi on a travaillé, des petits détails, des triangles qui étaient pas à l’endroit. Mais oui il a quand même pas mal changé.

 

03. J’ai entendu dire que tu bossais sur un nouvel EP, est-ce que tu peux nous en parler un peu ou c’est encore un secret défense ?

Ah non c’est plus secret défense, ça l’était encore il y a quelques mois mais maintenant c’est plus secret du tout. Je travaille sur un nouvel EP qui va sortir sur NoBrainer, le label allemand de Malente. D’ailleurs je suis ravi que ce maxi sorte. C’est un maxi un peu spécial, en fait, puisque c’est un maxi où il y aura trois titres House. C’est un peu un délire, il y a des morceaux house que j’adore, j’aime bien aussi mixer de la house, donc je me suis dit pourquoi pas un maxi house. C’est un pur délire, c’est pas vraiment ce que j’ai l’habitude de faire. Ça devrait un peu surprendre les gens qui s’attendent pas forcément à me voir sur ce créneau là, ou peut-être que je me trompe (rire). En tout cas c’est différent de d’habitude, ça sera peut-être déroutant pour eux mais c’est ce qui me plait, c’est ce que je voulais faire, avec beaucoup d’influences de Chicago, de Détroit, de la house des 80’s, donc c’est une house un peu filtrée. Ça sera une petite aparté house dans ma carrière. Après il y aura aussi une autre sortie sur un autre label d’un maxi qui sera beaucoup plus techno, plus des remixes qui vont bientôt sortir ou sur lesquels je suis en train de travailler. Un remix pour mes potes de TagTeamTerror qui font plutôt de la house et qui viennent d’Allemagne. Et là je suis en train de travailler un autre pote qui s’appelle Modek.

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04. Pourquoi après avoir tourné pendant des années en dj-set, t’être décidé à présenter un live ?

Le live j’avais déjà une idée depuis quelques temps, mais je ne savais pas comment l’agencer en fait. Je ne savais pas ce que je voulais mettre sur scène, comment jouer, avec quoi, quels morceaux jouer, etc. J’avais pas du tout d’idée. Et en avril 2011, en allant au Rex club, j’ai découvert une machine qui est une grosse dalle tactile sur laquelle le démonstrateur jouait avec des mp3, il mixait avec une grosse dalle tactile. Et je me suis demandais si on pouvait l’apporter sur un live plutôt que sur un dj-set, et effectivement c’était possible donc j’ai eu envie de travailler sur le live à partir de cette machine, qui est une contrôleur en gros, qui me permet aujourd’hui de contrôler absolument tout, de lancer des vidéos, des voix, d’arrêter des morceaux, de les relancer, appuyer sur des effets, etc. Tout est parti de cette machine en fait. Un peu comme dans Minority Report, je peux vraiment tout faire, et c’était ça vraiment l’idée de base. Je voulais pas arriver et faire comme tous les lives que j’avais vu, je voulais être novateur, en tout cas ambitieux sur le live, et je voulais pas utiliser juste un laptop avec des contrôleurs basiques, ni utiliser plusieurs synthés analogiques comme le fait très très bien Yuksek par exemple, moi c’était pas mon truc. Ni d’ailleurs faire rejouer mes morceaux par un groupe avec des guitaristes et des bassistes, je voyais pas l’intérêt, enfin pour ma musique et mes morceaux, ça n’avait pas d’intérêt. Il y avait une vraie volonté de faire quelque chose d’inédit, de faire quelque chose que les gens n’avaient pas vu jusqu’ici. Reprendre des musiciens, ça n’a pas trop de sens pour de la club-music. Ma musique, je ne la compose pas sur des instruments genre MPC ou synthés analogiques, je compose tout sur mon ordinateur. Ça n’avait pas sens pour moi d’apporter un studio tout fait alors que c’est pas comme ça que je compose chez moi.

05. Qu’est-ce qui change radicalement entre le fait de faire un live et de faire un dj set ?

Ça change complétement, déjà tu joue beaucoup plus tes morceaux dans un live, parce que justement les gens, quand ils viennent te voir, s’attendent à ce que tu joues des morceaux ou des remixes qui t’appartiennent. C’est en ça que ça diffère. Il y a un peu plus de liberté en dj-set, pour moi, c’est-à-dire que si les morceaux ne plaisent pas tu peux encore avoir la possibilité de les changer si tu as beaucoup de matière derrière. Dans un live c’est un petit peu plus structuré je dois avouer. Maintenant j’ai encore la possibilité de contrôler beaucoup de choses dans mon live et ça me laisse une partie où je peux m’amuser et je peux changer plein de choses, mais c’est quand même dans un cadre assez restreint, le live, puisque aussi il y a des images qui correspondent à certains sons dans le live, donc je suis obligé de rester un peu dans le cocon du live en fait. Mais ça me laisse une certaine liberté pour jouer en live, parce que je voulais pas m’ennuyer et je voulais pas ennuyer les gens aussi. Après il y avait une volonté qui était claire au début, c’est d’éviter toute notion de playback, ce qui permet quand même, quand il y a une partie qui fonctionne, de la faire durer plus longtemps, et une qui fonctionne pas la raccourcir voire la retirer. Mais, dans une certaine mesure, parce qu’après je ne peux pas faire une autre musique comme dans un dj-set. J’ai une liberté qui reste cadrée au final.

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06. Comment ça s’est passé le boulot pour le visuel de ton live, est-ce que c’est toi qui a bossé sur tout ou est-ce que tu as laissé carte blanche à quelqu’un ?

J’ai rencontré des gens qui faisaient déjà de la scénographie qui s’appellent les Darts. On avait la dalle tactile et je me voyais pas juste avec cette dalle, un ordinateur et arriver devant les gens avec juste ça. Je voulais habiller la scène, c’était mon souhait. J’aurais pu mettre des danseurs, n’importe quoi. J’ai trouvé les Darts qui nous ont proposé l’idée du monolithe, et au final c’est vraiment né d’un échange. J’ai rencontré les Darts et je leur ai dit «moi je vois ma musique comme ça, et visuellement comme ça», eux ont amené des propositions, et ça a été une discussion entre nous. De cette grande discussion est née cette grande structure de scène, et ensuite les images. Et au fil des discussions, on a changé des images, c’est toujours en évolution, enfin à priori là on a pas mal tourné avec donc ça tourne plutôt bien, mais on a, depuis les Transmusicales, regardé les images, discuté avec eux, eux sont venus sur des dates pour voir comment ça fonctionnait, parce qu’au final ça reste un peu leur bébé. La discussion du début en fait, de la création, a continué par la suite sur des petits détails. C’est pas juste un jour on a fait un truc et on s’est dit «ça y est, c’est fait c’est fait, c’est calé», c’est une volonté d’évolution sur le long terme, de faire quelque chose d’évolutif, pouvant être affiné au fil du temps. Entre chaque date, on change, on modifie, et c’est ça qui est intéressant, de le faire changer et de garder ce qui marche le mieux. Et au final d’éviter la répétition, la lassitude.

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07. Pas trop effrayant de trôner du haut de ta structure ? Est-ce que ça change ton rapport au public ?

Et bien viens, viens je t’emmène voir (rires). Effectivement ça change totalement. Déjà en dj-set en général en festival t’es à même la scène, là c’est complétement différent je suis sur une structure qui est à 3 mètres 50 à peu près. Et du coup effectivement je vois les gens de plus en plus petits devant moi. Mais ça donne l’effet qu’on voulait : les gens en prennent plein les yeux et trouvent ça gigantesque. D’ailleurs sur certaines salles on peut même pas rentrer le monolithe tellement il est impressionnant. Mais c’était clairement voulu dès le début, on voulait quelque chose d’imposant. Quand tu vois le live, tu vas être impressionné, tu vois que ça. Au final, le ressenti du public est différent, dans un dj-set il y a une certaine proximité, une certaine fusion. Là, et c’est très bien comme ça, le plaisir est différent, c’est presque mégalomaniaque, attention pas au premier degré hein, mais il y a une espèce de domination visuelle et sonore, qui est assez géniale. Après, le public le prend comme il veut. Ce qui est intéressant pour les gens qui sont dans la fosse, ceux qui sont proches de moi, ils ont un gros truc énorme devant eux, énorme, de 4 mètres de haut, ce qui est pas forcément intéressant pour eux. Mais ce qu’ils peuvent découvrir, c’est ma dalle tactile, qui est réversible. Ils voient vraiment tout ce que je fais. Quand j’envoie des sons, des voix, que je mets des effets, ils peuvent voir ce que je fais en direct, ils peuvent comprendre ce que je fais derrière les machines, il fallait pas que je sois derrière une sorte de paravent et que les gens se demandent si c’est un vrai live, si j’ai mis un cd ou non. Il fallait qu’ils voient que j’interagis vraiment sur la musique et sur les images. Du coup les gens comprennent, il y a une certaine interactivité que j’ai trouvé comme ça. Après c’est pour les gens qui sont devant, parce que la dalle a beau être assez grande, faire environ un mètre cinquante de longueur, ce qui sont loin, ne voit pas forcément

Oui, il y a une idée de double expérience du live.

Oui, c’est exactement ça, tu as complètement compris.

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08. Qu’est ce qui pour toi à changé le plus depuis que tu as commencé dans la musique ?

Et bien la musique en elle même, que ça soit la musique en général ou la musique électronique. On a vécu quelques révolutions, tous les 5 ans il se passe un nouveau truc, un nouveau «courant». Pour moi c’est ça qui a changé. Le public est aussi un peu plus ouvert. Quand je mixais dans les années 90, quand tu mixais un son techno et après du hip-hop, ça allait pas. C’était deux tribus, il y avait les mecs qui écoutaient de la techno, et les mecs qui écoutaient du hip-hop. Tu mélangeais pas les deux, c’était pas possible. Là aujourd’hui c’est anodin, ça ne choque plus personne. À l’époque c’était complètement codé. Il y a eu une sorte de libération et de décloisonnement, et aujourd’hui, on y retourne peut être un peu. Le public est devenu beaucoup plus pointu sur les codes.

 

09. Est-ce que tu penses que la musique électronique attendra la renommée qu’ont eu des musiques comme le rock’n’roll ou est-ce que ça restera plus ou moins une musique de friche ?

Je pense que les ventes de disques de gens comme David Guetta, qui font globalement de la musique électronique, prouvent que ça commence à pas mal marcher dans le monde. Il y a toujours les intégristes et les mecs qui resteront dans un style musical et qui développeront pas ça commercialement. Après, il n’y a pas une seule musique électronique, il y en a mille, tout mettre dans le même panier c’est impossible. Il y a un versant très pop, au sens populaire du terme, qui est devenu la pop mondiale et qui est ce qu’on entend aujourd’hui à la radio, tout comme il y a toujours des musiques électroniques de niches, qui vont intéresser des mecs hyper pointus. Et les deux cohabitent plutôt bien. T’as toujours des mecs hyper pointus, qui regretteront de pas avoir de succès, mais qui auront une musique hyper intègre, et des mecs super connus qui rêveront d’avoir la crédibilité des mecs plus petits. Au final, pour résumer, t’as pas une musique électronique.

 

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10. Est-ce que tu aurais des coups de coeur musicaux à nous faire partager pour la rentrée ?

J’ai eu l’album de Breakbot qui est vraiment pas mal. Mon petit coup de coeur du moment c’est l’album de Alt-J, j’aime bien aussi un morceau de Yuna, je pourrais pas te dire ce que c’est exactement, je ne me rappelle plus du nom, je dois l’avoir dans mon iTunes mais je ne me rappelle plus. Sinon j’aime bien aussi A$ap-Rocky, j’aime bien son album. Après j’ai tendance à défendre tous mes petits protégés de la compilation que j’ai faite début d’année dernière, je trouve qu’ils progressent bien et j’adore ce qu’ils font en ce moment, je trouve qu’ils se sont bien débrouillés, des mecs comme Modek ou TagTeam Terror. J’ai tellement de noms, j’écoute beaucoup de trucs, on m’envoie énormeement de promos. Sinon Diplo «Set Me Free» j’aime beaucoup. Mais Alt-J c’est mon vrai coup de coeur, ça pourrait résumer ma réponse à ta question, c’est ce que j’écoute vraiment beaucoup en ce moment.

Merci à Xavier pour son temps et sa gentillesse, ainsi qu’à Alex pour avoir aider à cette rencontre.

Propos recueillis par Colin Fay pour vacarm.net

Crédit photos : Colin FAY

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