Rares sont les albums qui squattent en continu ma chaine hi-fi et mes multiples lecteurs mp3 plus de quelques semaines. Karkwa fait partie de mes coups de cur personnels mais c’est un coup de cur qui reste. Un peu comme 64 Dollar Question, Karkwa est un groupe dont je ne peux pas me passer de ses mélodies. Quand on est chroniqueur pour Vacarm, on reçoit des dizaines de cd chaque semaine. A tel point que malgré nos multiples efforts et notre passion hors-normes pour la musique, nous ne pouvons pas toujours tout écouter. Au pire, on jette une oreille sur le cd, on sélectionne rapidement les meilleurs CD et ceux qui nous touchent, on écrit un article bâclé sans vraiment mesurer l’impact des mots que l’on utilise. Au mieux, et c’est le cas de Karkwa, on vit une véritable passion cultivée dans notre jardin secret, on le suit et on essaye de partager avec nos lecteurs cette relation intime qu’on vit avec le cd. Voici aujourd’hui pourquoi je vous propose une chronique « subjective », qui n’engage que moi. Pour quelles raisons devez-vous acheter cet album au plus vite ?
1. Karkwa, c’est une histoire d’amour qui dure. Quand on met le pied dedans, on ne peut plus en ressortir. Il y a plus d’un an, je me suis rendu au Québec, c’est comme ça que je me suis procuré Le volume du vent avant tout le monde. Je connaissais déjà Karkwa au travers de son album Les tremblements s’immobilisent. Un album marquant d’une fraicheur et d’une spontanéité rare. J’avais même interviewé le groupe dans les locaux du label Boxson, qui soutenait la sortie de cet album. En avril, Le volume du vent est sorti au Québec. Un véritable succès et Karkwa s’est imposé sur les médias locaux, un peu comme l’aurait fait Noir Désir en France, c’est-à-dire à la manière d’un groupe de rock qui vit le succès sans bénéficier d’une machine de guerre comme Universal. Bref, un groupe qui vit simplement par amour de sa musique et qui donne des concerts en échange d’autre chose que d’un cachet. A l’époque, j’étais frustré de voir qu’un groupe rock avec ce talent réussisse à trouver sa place sur le devant de la scène accompagné d’autres artistes « underground » tandis qu’en France on ne leur réservait aucune place. J’ai donc chroniqué leur album… Et me voici aujourd’hui heureux d’apprendre que le label Wagram a pris le risque de sortir l’album de ce groupe hors-normes et de soutenir sa tournée en France.
2. Cela fait maintenant plus d’un an que j’écoute plusieurs fois chaque semaine cet album de Karkwa. Je focalise toujours mon écoute sur certaines chansons et je découvre sans cesse des arrangements qui m’avaient échappés. « Le volume du vent » et « Mieux respirer », par exemple, évoquent pour moi ce que Karkwa sait faire de mieux, c’est-à-dire des chansons douces, sensibles qui nous transportent dans un monde aussi frais que poétique. Je ne vous parle pas de chansons naïves que l’on peut entendre sur toutes les ondes hertziennes mais bien de compositions travaillées qui sortent des standards de la profession… « Le temps mort » est un titre beaucoup plus normalisé, à la structure extrêmement simple et aux airs plus électriques que le reste de l’album. C’est un morceau à part qui donne une dynamique forte à l’album et que l’on écoute volontiers pour se donner un peu d’énergie positive après l’écoute du titre introductif « Le compteur ».
3. Karkwa est un groupe de scène. Il y a deux ans, j’ai vu leur premier show à la Maroquinerie. J’avais été impressionné par la qualité de la prestation. En effet, sur scène, Karkwa m’avait déconcerté par sa manière de créer une ambiance dans la salle en improvisant de longues plages instrumentales entre chaque morceaux. Malheureusement pour eux, la salle était quasiment vide. Cette semaine, le 12 mars exactement, Karkwa a de nouveau joué à la Maroquinerie. Je m’attendais à un concert très intime. A ma grande stupéfaction, la salle était comble ! Il y avait 3 fois plus de monde dans la salle que lors de leur précédente venue, et le concert était encore meilleur. Pendant plus d’une heure et demie, Karkwa a réussi l’exploit de mettre en transe plus de 300 personnes. Alors que l’album n’était pas encore dans les bacs, la majeure partie du public chantait en coeur avec Karkwa. Je pense que c’est la meilleure récompense qu’il soit pour un groupe qui n’a joué qu’une seule fois en France. C’était un concert d’une rare intensité et j’aurais aimé que vous puissiez voir cela pour réussir à vous convaincre définitivement !
Non, je ne suis pas fou et j’espère que vous suivrez mes conseils. Si vous n’achetez pas cet album, rendez-vous au moins à l’un de leurs prochains concert ou allez écouter leurs titres sur myspace. Ce groupe est probablement le futur grand succès québécois en France et vous ne devez pas passer à côté. Bien sûr, j’idéalise un peu les choses. Cet album ne plaira pas à tout le monde autant qu’à moi mais je suis certain que vous ne resterez pas de marbre face à cet album.