« Ca fait plus de 40 ans qu’on nous pose les mêmes questions ! » lance Ian Gillian avec un large sourire. A l’occasion de la sortie de leur dix neuvième album intitulé Now what ?! , Ian Paice, batteur et membre fondateur du groupe Deep Purple et Ian Gillian, le chanteur emblématique, ont donné rendez-vous secrètement aux journalistes au Bus Palladium à Paris. Après l’écoute de l’album, le jeu de questions-réponses s’est vite transformé en grandes leçons sur l’histoire du rock, sur son passé, son présent, son futur par des maîtres du genre.
« J’ai le meilleur job du monde. J’ai 64 ans et mon boulot consiste à m’amuser comme un gamin 5 jours par semaine ! » se réjouit Ian Paice. Avec leurs allures d’humbles grands pères ont en oublierai presque, que ces deux vieux briscards ont quand même été les créateurs du heavy metal au même titre que Black Sabbath. Mais à l’inverse de leurs collègues de l’époque, Deep Purple a su plus ou moins se prémunir des ennuis de royalties. Malgré une pause de plus de huit ans, la magie opère toujours quand ils se retrouvent en studio autour du mythique producteur Bob Ezrin. L’occasion pour les compères de se remémorer les enregistrements de Machine Head ou de Burn et l’essence même de Deep Purple : « Nous ne sommes pas un groupe, nous sommes des musiciens avec un chanteur » explique Ian Gillian.
Ian Paice, devant des journalistes béats, se lance alors dans un lyrisme sur la vie, le rock la technologie. Deep Purple, ce n’était que des « kids », des gamins passionnés de musique qui ont eu la chance de transformer leur potentiel en titres de légendes, en hymnes à une époque où tout était à faire. Mais même si les nouvelles technologies aident beaucoup aujourd’hui en studio notamment pour les prises, il ne faut jamais oublier qu’« une chanson doit avoir une âme », bien plus que des paroles ou des riffs. Ils ont eu également la chance ( ?) de voir l’industrie du disque se métamorphoser. Ils ont appris à gérer leur communication et leur marketing sur le tas même si en 2013, ils avouent avoir un peu de mal à gérer les réseaux sociaux comme Facebook : « C’est une arme de communication monstrueuse » rebondit Ian Gillian. Ian Paice pouffe de rire « Un soir d’ivresse, j’ai crée un compte sur Facebook (…) le lendemain j’avais plus de 300 000 demandes ! (…) J’ai fermé le compte, je laisse ça à ceux qui savent s’en servir ».
Quarante et un ans de carrière, ce chiffre donne le vertige. On mesure l’intensité des changements dans la musique que le groupe a vue défilé ces dernières années. Pourtant en 2013 – et ce depuis la sortie de Machine Head en 1972 – le groupe joue encore « Smoke on the Water » sur scène. Ce tube qui a fait basculer Deep Purple dans la culture populaire, Ian Gillian n’est ni frustré, ni content de la jouer encore et toujours en dépit des nouveaux morceaux. « Quand tu te rends à un concert, c’est pour être heureux. Tu viens nous voir parce que tu veux rentrer le soir chez toi avec le sourire (…) la plupart de nos fans ne se payent qu’un ou deux gros concerts par an (…) tu te dois de leur donner le sourire » rétorque Ian Paice.
Le secret de la longévité de Deep Purple sur scène comme en studio, c’est l’organisation de la setlist en tournée : « Elle s’articule en quatre temps : nous jouons les classiques, les obscures (pour les fans inconditionnels), les nouvelles et les incontournables. De sorte que tout le monde est satisfait, les anciens comme les nouveaux fans, les amateurs et nous ».
Alors que certaines légendes du rock rechignent à rejouer leur hit où au contraire focalise leur tournée (fiscale) sur leurs plus grands tubes, Deep Purple continue de cultiver l’art et la manière de faire de la musique au service du rock’n’roll. Loin de vouloir raccrocher ce qui est « le meilleur job du monde », Ian Paice et Ian Gillian quittent la salle sous les regards médusés des journalistes qui viennent de se prendre une de leur plus belle baffe de rock critic : So, Now What ?!.