Ils sont rares les passages en France des désormais légendaires The Casualties. Une seule date dans l’Hexagone et c’est Paris, via la Peña Festayre, qui récolte la mise. Pas un t-shirt Atticus en vue ce soir, c’est sûr et certain, nous sommes bien à un vrai concert de punk ! L’assistance se partage entre crêteux purs et durs, et gars lookés skateurs, ces deux publics cohabiteront sans problèmes, les uns montant sur les autres, les autres bousculant les uns, en somme une belle partie de jambes en l’air arrosée à la bière. La nouvelle loi sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics a visiblement été « oubliée » aujourd’hui, même les groupes s’adonneront à la clope, quels rebelles ces punks !
Pour cause d’interview, nous ne verrons pas les parisiens de Ratwaster, nous n’arriverons que pour la fin du set des montpelliérains d’Illegal Process. Du peu que nous verrons, nous retiendrons une prestation somme toute assez convaincante, proche de ce que fait Converge, tant dans l’attitude que dans le son. Le quatuor se donne à fond dans son hardcore-garage, en particulier le chanteur, dommage que le son du micro ait été, disons-le clairement, si pourri.{multithumb thumb_width=300 thumb_height=400}
The Usual Suspects entre ensuite en piste, la bannière en fond de scène affiche la couleur : « Pissed-off Anarcho Ska-Dub-Reggae-Punx », c’est sûr, le quatuor ne s’est pas trompé d’adresse. Les belges déploient donc une sorte de ska-hardcore qui semble bien plaire au public surtout lorsqu’ils délivrent entre les morceaux des messages antifascistes et antiracistes. The Usual Suspects laisse une assistance conquise par sa prestation, prête à accueillir comme il se doit The Casualties.{multithumb thumb_width=300 thumb_height=400}
Au tour des prophètes du punk new-yorkais de nous démontrer pourquoi ils sont devenus des légendes vivantes. À peine monté sur scène, le quatuor déroule la machine à pogo, le public devient fou et grimpe sur scène, on plaint les pauvres gars de la sécurité qui étaient tout sourire au début du concert et qui en bavent maintenant sérieusement. Le tempo ne ralentit jamais, les morceaux s’enchainent à toute vitesse, le public se déchaine et reprend en cœur les paroles vindicatives. L’enchainement des titres est tel qu’il n’est pas possible de dresser une setlist précise, donc dans le désordre, nous retrouverons les hymnes « On The Front Line », « Tomorrow Belongs To Us », « Social Outcast », « Down And Out » et bien d’autres. En tout, une vingtaine de morceaux seront joués ce soir, rien ne ressemble plus à une chanson de The Casualties qu’une autre chanson de The Casualties : des riffs simples mais accrocheurs, un batteur qui carbure à l’EPO génétiquement modifié et un bassiste solide comme un roc.{multithumb thumb_width=400 thumb_height=300}
Le son du micro principal est bien trop faible au goût du frontman qui n’hésite pas à le balancer en plein milieu du set au profit d’un autre en état de fonctionner. Dès cet instant, le rouleau compresseur Jorge se met en marche, latin dans ses gestes, dans son attitude et dans son charisme, il appuie chacune de ses paroles par un bras levé, chaque mot est scandé avec ferveur et conviction. Tel un roi inca trônant au sommet de sa pyramide du Machu Picchu, il sacrifie avec sa verve la société tout entière sur l’autel des rejetés et des mis à l’écart. Sa voix, qui dépasse de loin le simple éraillement, ne faiblit jamais, elle guide le public sur le chemin du combat final qui commence ce soir dans la fosse increvable. La prestation des américains est impressionnante, c’est un show d’une rare intensité qu’il ne fallait surtout pas loupé, nous étions là et l’on s’en souviendra.{multithumb thumb_width=400 thumb_height=300}
Il est minuit, le carrosse est sur le point de redevenir citrouille, et l’on sort de ce concert intimement persuadé que The Casualties restera à jamais un groupe imbattable et immortel, fer de lance d’une scène qui survit plus qu’elle ne vit, mais n’est-ce pas le propre de sa philosophie ?
Merci à Marina d’Active Entertainment !