{multithumb}Depuis son ouverture, le bar-concert du Floride a déjà proposé bon nombres de soirées intéressantes, animées par des groupes le plus souvent relativement méconnus mais de qualités. Même si Sylvain, le gérant du lieu, avoue s'être calmé sur les organisations de concerts ces derniers temps, celui-ci paraît vraisemblablement heureux d'accueillir entre ces murs les américains de My Ruin. Bravant la chaleur écrasante d'un soir d'été, quelques acharnés ont fait le déplacement sur l'île Beaulieu de Nantes, parmi lesquels une petite poignée de vrais connaisseurs ainsi que de traditionnels curieux désireux de découvrir de nouvelles sonorités.
L'ouverture de soirée incombe donc au groupe local Element aux alentours de 8h30 qui va encore faire monter la température d'un cran. Fort d'un premier maxi CD plutôt bien vendu dans les environs, les Nantais peuvent désormais se vanter de compter dans ses rangs ses premiers véritables fans, cantonnés aux pied de la scène et occupant par de grands mouvements l'espace laissé vacant par une assistance plutôt timide et en retrait. Concentré ces derniers mois par la conception de son véritable premier album, la formation n'a pas beaucoup eu l'occasion de monter sur scène, mais assure cependant une prestation énergique et techniquement à la hauteur. Incontestablement, chaque musicien a atteint un niveau nettement supérieur, évolutions mises en avant par les nouvelles compositions qui viennent pour la première fois étoffer la set-list.
Les plans de guitare de Marc s'avèrent plus audacieux, incluant à plusieurs reprises des solos (« Graine Mortelle ») ou explorant des chemins d'influences plus heavy (« L'orage »), même si l'ensemble reste très largement mélodique et accessible. Communiquant au maximum avec la salle, Yohan a de son côté également progressé, couvrant désormais une palette plus large et assurant son chant clair sur les refrains avec plus grande aisance, et ce malgré la difficulté qu'il semble éprouver à s'entendre. Les extraits de A Cœur Ouvert (« A Jamais », « Poussière d'étoile » ainsi que l'excellent « L'équilibriste ») remportent sans surprise la totale approbation du front, tandis que les nouvelles compositions, vraisemblablement appréciées à leur juste titre, parviennent sans problème à s'intégrer entre celles-ci. « Je donne » fermera la marche, remportant par la même occasion la palme d'interprétation la plus énergique du show. Le jeune frontman avait jurer de « tout donner », et le contrat s'avère au final remplit avec zèle. Place maintenant à My Ruin.
Avec un line-up récemment remanié, la formation menée par l'enragée Tearrie B. va décoincer le public en à peine plus de quelques accords de guitare. Si l'assistance reste relativement réduite, les deux premiers rangs semblent néanmoins connaître l'intégralité de chaque album sur le bout des doigts. Petite scène oblige, le groupe ne donne pas dans le spectacle pyrotechnique ou dans les jeux d'éclairages soigneusement travaillés, mais livre en contrepartie une performance hargneuse et purement rock'n'roll. Malgré un son cradasse recherché (tout comme sur album), les musiciens de My Ruin témoignent d'une impressionnante maîtrise technique de leurs instruments, en particulier le guitariste Mick Murphy. Très largement inspiré par le rock old-school, celui-ci en adopte par la même occasion les codes musicaux en remplaquant une bonne demi-douzaine de solos endiablés qui viendront pimenter le show avec génie, à l'image d'un « Stick It To Me » d'anthologie.
Pour sa toute première tournée Française, la formation a surchargée la set-list de nouvelles compositions extraites de The Brutal Language, son dernier opus en date. « The Devil Walks », « Hot In The House Of God », « Vince Vaughn » ou encore l'excellent « Summer Of Hell » parfaitement d'actualité par cette lourde soirée d'été viennent donc se mêler aux classiques « Made To Measure », « Cold Hands Warm Heart » ainsi que « Miss Ann Thrope ».
Charismatique meneuse de la formation, Tairrie B. vocifère sans discontinuer le temps d'une douzaine de compos qui ne laissent a aucun moment la place au chant clair. Comportement extrêmement surprenant de premier abord, la chanteuse n'hésite pas à descendre de scène pendant que ses comparses haranguent le public. Evoluant parmi les premiers rangs, celle-ci touche les gens qui se présentent devant elle, danse avec quelques filles apparemment aux anges ou attrape la totalité des mains qui se tendent à elle. La barrière de la langue n'est même plus un problème puisque le batteur Matt, d'origine Francaise, se charge de la traduction des propos de la miss. La machine marque une courte pause afin de souhaiter un joyeux anniversaire à son guitariste, vraisemblablement touché par la réaction du public qui enchaîne en poussant la chansonnette. Même si l'on aurait pas été contre un petit « Tainted Love » sauce My Ruin, la place de reprise sera occupée par un classique de Mudhoney, « Touch Me I'm Sick », à la suite duquel Tairrie laisse à ses musiciens la tache de conclure le show sur un
morceau instrumental épique.
Avec une telle prestation, il n'est pas étonnant de voir le stand merchandising assailli une fois la scène vidée de ses occupants. Si My Ruin ne déplace pas des foules aussi conséquentes que le dernier groupe à la mode calibré MTV, le quatuor à le formidable don de convaincre les simples curieux. Les absents ont toujours tords, c'est bien connu…
.: Set-list Element :.
La poudre
Mes démons
A jamais
Bjork
L’équilibriste
Poussière d’étoile
Exige
L’orage
Graine mortelle
Je donne
.: Set-list My Ruin :.
Made To Measure
The Devil Walks
Hot In The House Of God
Spilling Open / Miss Ann Thrope
Stick It To Me
Cold Hands Warm Heart
Flower / Metamorphosis
Dragon Steel
Summer Of Hell
Vince Vaughn
Beauty Fiend
Medley
Touch Me I’m Sick
Special Seat In Hell