Mass Hysteria n’a plus grand chose à prouver. Valeur sûre côté scène, le quintet n’avait pourtant pas eu l’occasion d’effectuer un crochet par les scènes Bordelaises à la sortie de son album de résurrection, le virulent et revigorant Une Somme de Détails. Remonté comme un coucou suisse, la formation semblait donc prompte à gagner les planches de la Rock School Barbey avec une furieuse envie d’en découdre. Une volonté somme toute habituelle pour un groupe qui s’est depuis longtemps fait spécialiste des prestations musclées et tonitruantes. Et ce n’est sûrement pas la teneur de l’excellent Failles, opus encore plus nerveux que son prédécesseur, qui aurait pu orienter le set vers un rock’n’roll plus posé.
Venu en nombre malgré le désintérêt constaté des nouvelles générations pour la scène metal actuelle, le public n’a visiblement pas oublié l’un des derniers survivants des nineties. Une aubaine pour les toulousains de Sidilarsen, qui avaient su bénéficier d’un buzz favorable à l’époque de la sortie d’un Eau plutôt convenable dans le fond comme dans la forme. Estampillé Mass Hysteria-like à ses débuts, le quintet s’est orienté l’année passée vers un rock bien personnel, mais malheureusement passé plus inaperçu, leur dernier opus Une Nuit pour Sept Jours n’ayant fait qu’un passage timide dans des bacs Français de plus en plus désertés. Crise du disque ou non, Sidilarsen conquiert la scène avec un savoir-faire qui ne change en rien, et déroule son set avec une énergie bienvenue. Le groupe balance ses pépites saturées sans ménagement, et parvient à conjurer le ton légèrement plus soft de son dernier opus par des retranscriptions plutôt burinées.
Reste que le public s’accroche plus volontairement et inévitablement aux compositions antérieures, l’excellent « A qui je nuis me pardonne » ainsi que le déboulonnant « La firme » remportant sans effort la majorité des suffrages. Scéniquement, les Sidilarsen semblent prendre un certain plaisir à se produire dans une salle d’envergure, et n’hésitent à aucun moment à se frotter à l’assistance Bordelaise. Didou (chant) terminera sa prestation par un détour au dessus de la fosse, avant de lancer le top-départ à une reprise de Prodigy désormais attendue. Efficace et rondement mené, le set de Sidilarsen ne fait preuve d’aucun temps mort et se profile en parfait warm-up à la folie hystérique qui va débouler. Quelques remerciements et la troupe entière prend comme à son habitude le chemin du stand de merchandising.
Quatre ans d’absence, retour en fanfare. A peine entré en scène, Mass Hysteria évacue sa joie de retrouver le public Bordelais avec un « Babylone » qui donne d’emblée le ton de la soirée. Exit les aventures plus pop et expérimentales du passé, le quintet revient à ses fondements et mitraille la fosse de ses « traditionnelles ondes positives de choc ». Si les années ont inévitablement marquées les mass (dreadlocks en moins, quelques kilos en plus), les musiciens ne laissent en rien ces dernières imprégner leur vision de la scène et déroulent leurs compositions avec une remarquable efficacité. Ceux qui ont déjà croisés leur route connaissent aujourd’hui l’adage sur le bout des doigts : le tremblement de terre est total et complet, uniquement interrompu de quelques épisodiques pauses salvatrices glissés de ci et là sous forme de courts discours prodigués par Mouss. Impérial, dopé à la testostérone, le groupe assène ses coups de butoirs sans jamais faillir : « Une Somme de Détails », « Attracteurs Etranges », « Donnez-vous la Peine » ou encore le thrashisant « Word On Fire », Mass Hysteria opère à un melting pot passé-présent savoureux et strié d’une saturation ininterrompue.
L’occasion de constater à quel point les nouvelles compositions se veulent taillées pour la scène, tant ces dernières ne rechignent jamais à déclencher la furie générale. Le démentiel « Failles », « L’archipel des Pensées », « Plus qu’aucune Mer » ainsi qu’un « Magnétisme des Sentiments » puissant élèvent la fosse au dessus des quarante degrés. Comme si une sensation de manque s’était fait ressentir durant ces quatre années d’absence, le public répond d’une unique voix, motivant Mass Hysteria à déclencher deux Bravehearts fracassants. L’occasion pour le quintet de ressortir « P4 » des poussiéreuses archives de Contraddiction, composition hargneuse qui entraine le groupe vers une frénésie rythmique jubilatoire au possible. Rien n’a jamais véritablement changé dans l’art de la scène chez Mass Hysteria, et c’est malheureusement dans cette politique de « stagnation » que l’on pourrait déceler quelques points faibles. Si l’interprétation sans failles aura tôt fait de conquérir le novice comme le spectateur aguerri, la volonté du groupe à ne remodeler sa set-list qu’aux entournures est légèrement plus décevante.
Si l’on passera outre l’absence des albums De Cercle en Cercle et Mass Hysteria pour d’évidentes raisons de cohérence (quoi que « Poison d’Avril » ou « La Puissance Bienvenue » ne dénoteraient pas dans le set), le groupe présente un enchainement des morceaux quasi-similaire à la précédente tournée. Le groupe a par ailleurs également conservé cette étrange habitude visant à proposer les compositions extraites de ses albums en doublé (« Babylone » / « Une Somme de Détails », « World On Fire » / « Failles », « Attracteurs Etranges » / « P4 »). Un brin décevant, mais cependant anecdotique au vu de la puissance de feu délivrée par le machine sur scène ainsi que de la bonne volonté affichée par un groupe qui se donne sans compter pendant près de deux heures. Avec pas moins de dix huit morceaux au compteur, Mass Hysteria ne lésine pas sur la quantité, et termine sa prestation par un rappel énorme conclu par une invasion de la scène. La formation invite le public à communier avec eux sur le old-school « Respect ToThe Dancefloor », le groupe s’autorisant même un pont délirant sur l’hymne gay « Relax » de Frankie Goes To Hollywood. Du grand spectacle conclu par un slam de Mouss directement sur scène.
Quinze années de carrière et six albums ne changent rien au cas Mass Hysteria. Les cinq enfants terribles du metal français restent définitivement des maitres incontestés lorsqu’il s’agit de laisser éclater les décibels. Et visiblement, la retraite n’est pas encore au goût du jour.
Photographies : Tfred / page myspace
.: Set-list :.
Babylone
Une Somme de Détails
World On Fire
Failles
Attracteurs Etranges
Aimable à Souhait
P4
Donnez-vous la Peine
Knowledge Is Power
Finistère Amer
L'Espoir Fou
Plus qu'aucune Mer
L'archipel des Pensées
Zion
Contraddiction
Killing The Hype
Le Magnétisme des Sentiments
Mass Protect
Respect To The Dancefloor
Furia