Quand la programmation des Rencontres Trans Musicales de Rennes sort, c'est toujours le même phénomène qui apparaît : par où dois-je commencer ? Trop de noms, d'un seul coup, sortent de l'inconnu. Au mieux, on cherche ceux qu'on a déjà réussi à croiser comme cette vieille connaissance québécoise, Galaxie, cette vieille connaissance française, Stuck In The Sound, ou encore Rhum For Pauline dont on a déjà parlé ici . Ensuite ?
Ensuite, il faut partir en vadrouille pour extirper des noms, des tendances, des coups de cœur. C'est le hasard qui fait la majeure partie du travail. Le côté ludique du défrichage n'est pas à négliger. Par exemple, les Trans Musicales ont sorti cette année quelques noms avec un nombre de consonnes suffisant à faire perdre le fil de la prononciation : SBTRKT (qui se prononce « sub-tract », après renseignements), Kakkmaddafakka, Nguzunguzu… Il y a également les noms à rallonge et plein de termes qui ne vont pas toujours ensemble : Totally Enormous Extinct Dinosaurs, Jesus Christ Fashion Barbe, Mexican Institute of Sound… Cela attire l'œil, c'est un bon début.
Ensuite, se lancer dans une programmation des Trans Musicales devient une entreprise grisante. On finit par s'emmêler dans les pinceaux, oublier ce qu'on a déjà écouté, douter du pourquoi on préfère parler de ce groupe plutôt que son voisin. L'entreprise est aussi excitante, car la fin n'approche pas. Il en reste encore et toujours, entre les groupes programmés aux soirées du label Kütu à l'Aire Libre, le Focus Européen au 4bis etc.
On propose ici de tenter 7 paris, avec un morceau pioché et proposé via SoundCloud pour chacun d'entre eux. Les sept groupes qui suivent sont volontairement assez singulier, l'un par rapport aux autres. Ils sont surtout des coups de cœur, sept groupes qu'on pense intéressant à mettre en avant à l'occasion des Trans'. Ce sont sept mises-en-bouche avant le jour J et l'heure H, dans un mois. Même si nous ressortirons peut-être émerveillés par sept autres groupes du week-end rennais. Car n'oublions pas : aux Rencontres Trans Musicales, le vagabondage dans les différentes salles et au Parc Expo fait souvent les meilleurs souvenirs.
1. Shiko Shiko. Le nom est japonais. Pourtant, ce sont quatre Lillois à moitié fous, timbrés et surtout géniaux qui se cachent sous ce patronyme. Leur formation est littéralement explosive. Ils n'hésiteront pas à dégainer et en mettre plein sur la tête de ceux qui s'essaieront à leur concert dans la petite salle de l'Ubu. Soyez-en certain. Pour tout ceux qui aiment les sensations pures, c'est le concert à ne pas manquer.
http://soundcloud.com/shikoshiko/xylophono-aif
2. Kakkmaddafakka. Ou « de l'évidence pop en musique ». Avec Kakkmaddafakka, il n'y a plus rien à dire. Leurs mélodies s'écoutent comme se boit le petit café du matin. On y prête pas attention et il restera dans le corps toute la journée, à faire vibrer chaque petite cellule. Alors imaginez un peu le résultat si on vous offre une quinzaine de cafés, sur un plateau, en début de soirée. Le test aura lieu le vendredi soir, dans le Hall 3.
http://soundcloud.com/kakkmaddafakka/kakkmaddafakka-restless/
3. Capacocha. T'en veux de l'énergie ? T'en veux du débit à ne plus savoir qu'en faire ? Capacocha te donne rendez-vous le jeudi soir au Liberté. Tu ne sais pas encore exactement par où il va t'entraîner. Pourtant, ça va arriver. Sans hésitation. Direct. Il va te montrer à quelle voix t'en tenir et t'échauffer un peu pour le reste du week-end.
http://soundcloud.com/capacocha/01-capacocha-monster
4. Totally Enormous Extinct Dinosaurs. Avec son électro aux couches multiples et aux variables d'ajustement, selon les morceaux, géniales, le jeune homme qui se cache derrière TEED intrigue au début. Il fascine bientôt. Sa musique devient le fantasme d'une pop aux relents techno, d'une électro mouvante… Si le show est à la hauteur, le public va pouvoir planer et/ou danser comme rarement. Rien que pour ça, il faudrait aller le voir
http://soundcloud.com/t-e-e-d/trouble-soundcloud-edit
5. Sallie Ford & The Sound Outside. La musique qui puise ses sources trop profondément, trop en hommage à une époque, ont quelque chose de triste le plus souvent. Avec Sallie Ford et son combo The Sound Outside, l'inverse s'accomplit. Son album, Dirty Radio, est un vent de fraîcheur et de réjouissances. Car Sallie a l'inspiration pour porter ce projet haut. Très haut. Dans les passerelles au-delà des frontières imposées par les médiations techniques, les modes et les contraintes.
http://soundcloud.com/brooklynvegan/sallie-ford-i-swear
6. SBTRKT. Ce n'est déjà plus tout à fait un inconnu. Le masque de SBTRKT a été remarqué sur la pochette de son album éponyme. Quelques morceaux circulent sur les ondes, notamment « Wildfire », aidé par la sublime voix de la chanteuse de Little Dragon. Mais la seule date à l'heure actuelle pour voir ce masque en France, c'est bien aux Trans. L'excitation ne va pouvoir que grandir d'ici au 2 décembre. Le concert n'en sera que meilleur.
http://soundcloud.com/sbtrkt/sbtrkt-golddigger
7. Breton. Quand un groupe porte un tel nom, il gagne des points avant même d'aller à Rennes. Quand il sort un clip sombre et captivant (« Edward The Confessor »), il gagne des points tout court. Quand il clame avec un aplomb déchirant « December », on attend plus qu'une chose : que ce fameux mois arrive, pour profiter pleinement de leur musique proche d'un Metronomy qui serait non plus resplendissant mais noir et blanc, énervé, frustré, indigné.
