Créé il y a maintenant onze ans dans le cadre du XIème arrondissement de Paris, le festival Onze Bouge continue de perpétuer son rôle de tremplin pour la création artistique. Définitivement pluridisciplinaire (musique, théâtre, arts de rue, cinéma et danse), Onze Bouge met un point d’honneur à promouvoir la diversité culturelle et les échanges qui résultent de la rencontre entre les artistes et le public. C’est dans cette volonté de partage que s’est produite, le 8 juin dernier, dans la salle du Réservoir, Ina-Ich.
Valeur montante du « buzz » et de l’autopromotion par le Web, Ina-Ich c’est avant tout le projet de Kim Thuy, jeune artiste d’origine vietnamienne et vivant à la Rochelle. Multi-instrumentiste, la belle a prouvé par son premier album autoproduit (Baïdjan Records – 2007) qu’elle sait imposer sa voix tout en maniant les cordes (piano, guitare, basse) et les arrangements avec précision. Le résultat : une musique rock aux sonorités électro, souvent métal, alliée à un chant grave et des textes véridiques, souvent tranchants.
Pour le live, l’entité Ina-Ich se fractionne et devient multiforme : Kim Thuy au chant et au piano, Mickaël Le Bayon à la guitare, Cyrille Nobilet à la basse et Aurélien Clair à la batterie. C’est donc à travers une formation à plusieurs visages que nous découvrons ce soir là la prestation scénique d’Ina-Ich.{multithumb}
Le public du Réservoir est installé, voire même trop installé. En effet, les gérants du lieu n’ont pas eu idée de retirer les chaises et les tables qui occupent habituellement la salle. Peu de personnes restent debout et osent s’approcher de la scène. Certains ne font même pas attention à ce qui se passe et continuent de siroter leur verre. Plutôt contradictoire pour un concert de rock me direz-vous. On passe outre et on reporte son intérêt sur l’arrivée imminente des artistes.{multithumb}
23H. Ca y est, le groupe fait enfin son entrée. Le début du set démarre avec « Au Revoir », chanson évoquant de manière très explicite le thème du suicide. Le piano se fait triste et mélancolique, la guitare grinçante et les rythmes lourds et martelés. Par dessus le tout, la voix de Kim Thuy, tantôt douce et profonde, tantôt énergique et hurlée. La couleur annoncée est sombre, ironique et écorchée.{multithumb}
Tour à tour, les titres s’enchaînent et nous font vaciller. Entre calme et tempête, on passe de morceaux où le triptyque piano-voix-batterie est dominant, à la manière des Dresden Dolls, à des chansons puissantes et frisant le métal et l’indus. Les influences s’alternent, les sujets s’abordent sous divers angles, le tout livré sans concessions : le culte de la beauté sur « Belle au Scalpel », le départ sur « Le Train », ou encore la guerre à travers le puissant « Ame armée ».{multithumb}
Malgré la barrière invisible qui sépare la scène de la fosse, Kim Thuy sait pourtant rester proche du public, n’hésitant pas à s’éloigner plusieurs fois de son instrument et s’incarner en véritable « fontwoman ». Elle n’oublie pas non plus de nous sourire, de déconner et d’échanger, jusqu’à demander au « plus beau mec de la salle » de lui porter son micro et de se consterner à genoux le temps d’un « Sale Crapaud ». Elle joue également avec nos références et nous offre une version revisitée du fameux « Freak on a leash » de Korn.
Enfin, pour clôturer la soirée, les envolées rythmiques de « Libre » et la fusion syncopée de « Belle asiatique » nous emmènent vers un certain vécu, des situations auxquelles Kim Thuy a survécu. On réalise alors qu’Ina-Ich est un projet personnel, aussi bien porté en studio que sur la scène.
.: Setlist :.
01. Au Revoir
02. Belle au scalpel
03. Le Train
04. Crache
05. Ame armée
06. Notre valse
07. Sale crapaud
08. Parfait
09. Seul
10. Freak on a leash
11. Aime moi
12. Libre
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13. Belle asiatique