Le Hellfest aura battu son record d’affluence une nouvelle fois. Plus de 150.000 spectateurs se sont rendus à Clisson en 2014 pour célébrer cette 9e édition, aux allures d’une grande fête dédiée à l’ensemble des mouvances metal. Ceux qui ont la chance (le courage) d’arriver tôt au Hellfest, ont le droit chaque année à un drôle de défilé : entre les déguisements de Borat, d’Elvis, de Batman et autres supers héros, des hordes de glacières et de sièges de camping envahissent Clisson. Satanistes, les métalleux ? À première vue, sans le noir et les tatouages, on dirait plus une descente sur les plages de l’Ouest, qu’en Enfer. Cette année, en plus d’une programmation d’exception, le Hellfest a mis les bouchées doubles sur la déco : grande roue, guitare géante et vitrines aux allures d’une ville de western pour les sponsors.
Sur les scènes principales, Iron Maiden, Aerosmith, Black Sabbath et Deep Purple se disputent la vedette, à grand renfort de singles cultes, pour la plupart composés il y a maintenant plus de 30 ans. C’est une véritable communion qui s’opère entre le public et les pitreries de stars sur scène. Autour du vaste décorum d’Iron Maiden, Bruce Dickinson distille un show à l’américaine, comme savent très bien le faire ces anglais, et communique beaucoup avec le public, allant jusqu’à annoncer le score du match de coupe du monde qui oppose ce vendredi la Frane à la Suisse. Des poupées géantes d’Eddie nous en mettrons plein les mirettes. Dans un registre plus glam, c’est un véritable film qui se tourne lors de la prestation d’Aerosmith. Steven Tyler et Joe Perry jouent des strass et des paillettes face aux caméras et s’engouffrent dans le public sur l’avant-scène. Le public féminin crie en entendant « Cry » et sourit au refrain de « Dude you look like a lady ». Plus humble et modeste, la prestation de Deep Purple se contentera pour seul accessoire des Ray ban violettes de son chanteur, Ian Gillan. « Smoke on the water » déclenchera néanmoins une fervente chorale dans le public. L’histoire se répète avec « Paranoid » de Black Sabbath, emmené par Ozzy, voûté mais déterminé à lancer quelques mouvements de foule, dans la fosse. En première partie de ces groupes monstres qui captent l’attention, il y avait aussi des gloires « naissantes » : Sepultura, Soulfly, Slayer, Lofofora, … des petits groupes en somme.
Sur la plus petite scène, The Valley, la programmation est beaucoup plus élitiste et on y fait de belles découvertes pour qui sait apprécier une musique souvent teintée de blues ou nostalgique d’une période psyché révolue. Les bordelais de Mars Red Sky entame le bal dès 10h du matin, sous une chaleur de plomb et un nuage de poussière. Les prestations groovies de Lowrider, Clutch, Hark et d’Acid Kind marqueront les esprits, réunissant un public abondant sous une tente bien trop petite, tandis que Subrosa étonne par sa formation composée de deux violonistes, en proposant un spectacle plus introspectif et une ambiance intimiste. Dans une veine similaire, imprégnée de post-rock, Caspian terminera son show dans un déluge de percussions, chacun des membres s’équipant de baguettes et rejoignant tour à tour le batteur pour conclure le concert avec éclat. La prestation de Kylesa, avec deux batteries, est elle aussi très rythmique, et le public semble réceptif aux titres extraits de Spiral Shadow et d’Ultraviolet propices à l’ambiance de fin de journée. Enfin, Black Tusk, Mos Generator et Kadavar se joueront de la trivialité de leur musique pour présenter des interprétations très dynamiques de leur répertoire.
Les scènes Altar et Temple, dédiées au Thrash, au Black, Death ou au Grind, que des mots qui font peur, n’auront pas désemplies du matin jusqu’au soir. On y trouve pourtant la fraicheur d’un peu d’ombre alors que la majorité du public est écrasée sous le cagnard. On retiendra les prestations des joyeux Trollfest et de Shining, ainsi que la brutalité de Kronos et de Benighted Néanmoins, après 12h de pogo par jour, on se laisse flotter sur Opeth, Watain et Paradise Lost.
Les amateurs de punk, de hardcore et de la nouvelle scène auront apprécié la programmation de La Warzone, malgré sa difficulté d’accès. On s’étonnera de voir autant de monde devant Tagada Jones en début de journée et finalement si peu de monde pour les Misfits en fin de festival. Parmi les belles surprises, on retiendra l’énergie de Brutality will prevail et de Stick to your Guns. Parmi les redécouvertes, on fondera sous les 200 kilos de charisme du chanteur de Mad Sin et de leur rockabilly entrainant. Autres poids lourds, Walls of Jericho va tout simplement dynamiter le pit grâce à l’efficacité de sa frontwoman et de son répertoire sans artifices ; Protest The Hero joue d’autodérision avec un look hipster une musique épileptique ; Pro-Pain construit une prestation toute en force et Turbonegro clôture le festival sous un déluge d’insanités, mais de bons gros riffs qui nous font aimer le rock au plus profond de nous-même.
Bref, entre légendes et découvertes, la neuvième édition du Hellfest se referme bien trop vite, sur un bilan positif (+30% de spectateurs), et sur des metalheads aux têtes remplies de souvenirs. L’année prochaine le Hellfest fêtera ses dix ans. Une édition qu’il ne faudra pas manquer, à coup sûr !