19h. Face à la Boule Noire, une foule réduite s’amasse sous la pluie. Ce soir joue Fu Manchu, véritable mythe de la scène Stoner californienne connu pour ses sonorités ultra-saturées. Alors que le public grelotte à l’extérieur, nous espérons rentrer dans une salle réchauffée par les rayons de soleil de la côte Ouest. Sur l’affiche, Fu Manchu côtoie Bukowski, combo parisien prometteur au rock lourd et gras. Pourtant, malgré cette affiche presque parfaite, les murs de la Boule Noire vont à peine vibrer…
Par manque de succès, le concert initialement prévu au Trabendo a été déplacé à la Boule Noire, salle de plus petite capacité. On comprend vite pourquoi, la Boule Noire est à peine remplie alors que Bukowski commence à jouer. Le trio rock composé de deux ex-membres de Wünjo / Kwamis est venu nous interpréter son set habituel, basé sur son premier album, Amazing Grace. A quelques jours d’un concert événement en compagnie de Mass Hysteria et d’AqME au Bataclan, Bukowski rôde sa prestation sur scène. Sans trop en faire, le trio réussi à produire un très bon set. Les titres les plus efficaces sont joués durant un set court de 30 minutes : « Car Crash », « Pillbox », « The Downtown revenge », « My name is Kozanowski ». Mathieu, chanteur / guitariste de Bukowski, annoncera d’ailleurs la production imminente d’un clip pour ce dernier titre.
Quelques minutes plus tard, Fu Manchu monte sur scène. Le californiens sont venus nous présenter leur dernier album en date, Signs of Infinite Power. Emmené par Scott Hill, l’entrée en matière de Fu Manchu se fait sur fond de guitares distordues avant de partir à pleine balle pour 1h20 de concert. Une chose est sûre, Fu Manchu n’a pas oublié ses pédales Fuzz qui font tout le caractère de leur son lourd, tendu et sur-saturé. Quel plaisir d’entendre les rythmiques tendues de Bob Balch soutenus par les fûts de Scott Reeder ! La set list est au rendez-vous : les trois titres de Signs of Infinite Power interprétés (« Bionic Astronautics », « El Busta » et « Signs of Infinite Power ») laisseront de la place pour les autres singles du groupe, tels que « Hell on Wheels », « King of the road », « Boogie Van », « I Can’t Hear You », etc.
Cependant, le concert est un peu décevant, voire ennuyeux. Si Scott Hill se déplace quelque peu sur scène durant les premiers morceaux, le groupe va se produire de manière très statique durant l’heure qui suivra. Trop de fatigue accumulée lors des précédents concerts ? Probable. En tous cas, le groupe joue fort, très fort et malheureusement, la Boule Noire n’est pas le meilleur endroit pour cela. Le son est franchement pourri, surtout lorsqu’on se place à l’arrière de la salle, face à une enceinte qui ne diffuse que la voix éraillée de Scott Hill. Enfin, le manque de communication avec le public jouera aussi à la défaveur de Fu Manchu. Le groupe ne donnera qu’un rappel éclair à la fin du concert.
En bref, Fu Manchu aura donné un concert plutôt inégal. Un manque d’énergie flagrant et de motivation sur scène ne permettra pas de créer l’émulation complète de la salle. On retiendra tout de même un bon souvenir de ce concert de Fu Manchu, quel bonheur de pouvoir entendre de nouveau les mélodies qui sentent le gazoil et les longues routes de Californie !