Ce mercredi 9 mai, une petite foule s’empresse d’entrer dans la salle de Glazart, à porte de la Villette pour assister à un concert sous le signe de l’énergie. Guns of Brixton ouvre le bal en nous présentant exclusivement des morceaux issus de son prochain album fraichement mis en boite et successeur de l’excellent Cap Adare sorti trois ans auparavant.
L’entrée en matière se fait tout en sobriété, les guitares devenant rugissantes au bout de quelques mesures avant de laisser place à de longues plages électriques de guitares. A la batterie, Sidoine se tend derrière les fûts et le décollage s’effectue tandis que Tony, nouveau « machine man », soutien la section rythmique avec une surcouche d’effets sonores. Pendant 45min, le groupe de Caen, formé en 2003 et fort d’une expérience de plus de 200 concerts, va nous dévoiler un album résolument rock qui suit la ligne directrice des précédents opus en tendant vers un univers post-rock et punk. Lorsque Cyrille réveille sa voix, éructant de toutes forces, Guns of Brixton démontre une palette d’influences plus proche du hardcore que du dub / électro de ses débuts. Guns of Brixton multiplie d’ailleurs les ruptures de rythme et de style pour rendre ses compositions efficaces en se cachant derrière une apparente complexité. La lecture des morceaux est tout de même accessible, et au final, le set présenté par Guns of Brixton nous fera passer un bien plus agréable moment que Dub Trio.
Ne voyez pas là une critique négative à propos du groupe de Brooklyn dont la prestation fut exceptionnelle par sa brutalité. Cependant, les styles des deux groupes s’opposent clairement. Si les deux groupes ont pour dénominateur commun un mélange de styles musicaux similaires, Dub Trio s’affranchit des contraintes de la composition pour donner à son set des allures de jam complètement déstructuré beaucoup plus difficilement abordable que les productions de Guns of Brixton, dont l’unicité rend l’écoute facile. En présentant son dernier album en date, IV, Dub Trio nous dévoile des titres très bruts dès le début du concert, à l’instar d’ « En Passant » ou de « Noise », aux élans hardcore tenus par une basse omniprésente rappelant Madball. Le groupe qui avait annoncé au public en début de set que la journée avait mal commencé pour lui dès son arrivée à l’aéroport, tâche de jouer son set avec une extrême sévérité. Il en ressort des titres encore plus agressifs qu’à l’habitude, notamment grâce à la parfaite interprétation du batteur moustachu, Joe Tomino, qui impressionne par sa maitrise technique sur des titres tels que « Who wants to die ? » ou « Not for nothing ». Jouant une musique où les subtilités ne sont que rythmiques, la mélodie étant absente par l’état pachydermique des riffs de Dave Holmes et Stu Brooks, Dub Trio s’envole sur « Bay vs Leonard » lorsque la guitare oublie sa fureur pour dépenser son énergie dans un power riff des plus palpitants avant de laisser place à une composition très dub. Dub trio conclura son set tout en lourdeur avec « Words » et « Swarm », extraits du dernier album, qui démontrent toute la puissance que tire ce trio du mélange entre musiques extrêmes et dub.
Au final, on ressortira de ce concert émerveillé par deux groupes exceptionnels qui possèdent chacun leur vision propre de la fusion des genres musicaux, s’affranchissant de toute étiquette trop vite collée à leurs travaux de composition. Sublime !
.: Setlist Dub Trio à Glazart :.
Agonist
En Passant
Felici
Noise
Control
Yes you can’t
Bay vs Leonard
Who wants to die ?
Respite
Safe
Jog On
Not for nothing
Blast
Words
Swarm