Rarement un groupe aura autant été attendu en live, Bring Me The Horizon, c’est LE buzz de l’année dernière outre-Manche. Des concerts dans le monde entier, des groupies dans chaque port et une marque de fringues au look soigné, la vie a rapidement souri aux petits gars de Sheffield. Mené par le photogénique Oliver Sykes, la révélation du deathcore anglais débarque en France dans un Batofar sold out. Moyenne d’âge ce soir : 13 ans et demi (ce n’est presque pas ironique). On est frappé par des looks lorgnant semble-t-il sans honte sur Tokio Hotel (serait-ce la génération Rock One ?), et des filles à l’attitude putassière à même pas 15 ans, ça promet…
Les cinq Architects ne joueront pas bien longtemps, leur bassiste absent a été remplacé à la va-vite par celui de Bring Me The Horizon, on a en effet vu meilleure condition pour jouer. Entre deux excuses du frontman, on a pourtant le sentiment d’assister à une prestation très correcte et plutôt burnée. Le metalcore à la Norma Jean fait recette auprès de l’assistance qui remplit peu à peu la salle exigüe du Batofar. Une tentative de pogo est lancée par quelques préados à mèche mais est très vite avortée, nan franchement, c’était touchant les gars. Les Anglais s’en sortent au final pas si mal, quelques morceaux de plus ne nous auraient pas déplu.{multithumb thumb_width=378 thumb_height=500}
Blessed By A Broken Heart fait son entrée. Le chanteur au corps sculpté est un clone d’Anthony Kiedis des Red Hot, le charisme en moins. Super motivé, il se démène sur scène mais il lui manque pourtant un truc pour réellement affirmer sa présence. Toujours est-il que le mélange proposé par ces Canadiens est complètement détonnant ! Synthés typiquement 80’s et riffs metal super heavy, voilà un groupe un peu anachronique. On navigue entre Van Halen, Enter Shikari, Iron Maiden voire Cobra Starship, et c’est diablement efficace en live. Le public s’éclate et bouge son « body » comme le guitariste francophone (le mec à la coupe la plus improbable de la soirée, c’est dire) le réclame. Tantôt catchy, tantôt énervé, le son de Blessed By A Broken Heart est étonnamment dansant, le grand écart auditif est garanti. C’est carrément old school par moment, le Flic de Beverly Hills aurait pu débarquer à tout instant. On apprécie au final le décalage de ce groupe, c’est sans nul doute la révélation de la soirée !{multithumb thumb_width=500 thumb_height=376}
Maroon, ce sont cinq Allemands qui viennent faire la guerre à Paris, tout simplement. Une ligne de front qui bouge à chaque date de leurs tournées, une mitraillette humaine derrière des fûts incassables et un frontman sans concession au nez ensanglanté, les mecs ne déconnent pas. La foule est déchainée, les stage diving s’enchaînent tout comme les coups de coude dans les arcades sourcilières. Maroon est le groupe le plus expérimenté de la soirée, c’est en outre le plus irréprochable techniquement. Le tempo hallucinant est entrecoupé de breaks gigantesques, le mix hardcore/métal est sacrément bien maîtrisé. Ce genre de combo impose véritablement le respect. Les applaudissements nourris inciteront-ils les teutons à revenir guerroyer dans notre contrée cette année ? On l’espère.{multithumb thumb_width=377 thumb_height=500}
Les stars de la soirée entrent en piste et les groupies s’amassent près de la scène. Une heure de set et un Count Your Blessings passé en revu, « Medusa » reste certainement le meilleur morceau du quintette, en live comme sur CD. Les Anglais nous gratifient d’une nouvelle compo : intro électro super entraînante laissant place au désormais classique deathcore du groupe – des cris de chauve-souris sur des riffs tempétueux. La foule bouge beaucoup moins que lors des deux précédents sets, la faute à une apathie scénique caractérisée. Seul Oli Sykes travaille le public au corps, et ce, dès le début, en allant dans la fosse et en s’agrippant au plafond. Ses singeries et autres acrobaties sont distrayantes, mais en dehors de ces moments de « bravoure », la présence scénique du frontman est quasi nulle, invisible même. Gorge irritée certes (il a trop clopé, véridique !) mais aucun charisme en vue ce soir ni de prouesse vocale. Ce n’est pas une fumée surabondante qui nous voilera la face : M. Sykes est bien meilleur en photo que sur scène. Vendre des t-shirts c’est formidable, proposer un show à la hauteur du buzz savamment orchestré, ça aurait été mieux. Le combo finit sur un rappel si bien masqué que la moitié de la salle est déjà sortie ! Même si pour ce dernier point, le groupe n'est peut-être pas à mettre en cause, y a pas à dire, Bring Me The Horizon est passé à côté ce soir. Une réflexion s’impose d’elle-même : si cette formation avait pour chanteur un bedonnant boutonneux, serait-elle aussi exposée médiatiquement ? On en doute fort. Sur BMTH pèse donc de lourds soupçons. Surestimé, on se risque à dire qu’en live ce groupe est bidon, ce groupe c’est du vent, ce groupe c’est du bruit pour rien.{multithumb thumb_width=376 thumb_height=500}
Bring Me The Horizon en a déçu beaucoup ce soir, la génération emo est définitivement morte ce mercredi 23 janvier 2008. On retiendra surtout les prestations de Blessed By A Broken Heart et de Maroon, chacun au top dans son style respectif. Quant à Oli Sykes, il aurait mieux fait d’y rester… au lit !!
Merci à Austen de Visible Noise Records, à Flora et à la charmante vendeuse de pop-corn du MK2 Bibliothèque !
Photos : Flora Colomas