Cette année le Eastpak Antidote Tour aura eu du mal à faire venir les foules à l'Elysée Montmartre faute certainement à une programmation amputée de Fall of Troy et un manque cruel de tête d'affiche, sans compter un prix élevé qui correspond pas vraiment à l'esprit punk. Heureusement, les concerts seront de qualité et la centaine de personnes présentes aura pu profiter pleinement du show dans une salle indéniablement trop grande.
Suites à la grève de nos amis de la RATP me voilà sur place avec 1 heure de retard et Four Year Strong a déjà entamé son set. J'arrive pile poil sur une tentative de circle-pit manifestement beaucoup trop grand pour ceux qui l'exécutent et profite de l'autoroute tracée au milieu de la salle pour filer tout devant. Sur scène 3 barbus (guitare/guitare/basse) et un mec torse walp faisant des sauts de crapaud. Le guitariste central impose avec sa tête de boucher tout droit sortit d'un mauvais film d'horreur. Je ricane mais n'empêche que les cinq bucheronts assurent bien et envoie du bois si je puis dire. Le groupe pratique un pop-punk entrecoupé de gros breaks hardcore, genre très à la mode en ce moment. Dans la fosse, les moshers y vont à cœur joie et se mélangent aux pogos des punk-rockers. Le gars torse-nu qui est en fait celui qui s'occupe du synthé descend à plusieurs reprises sur le front pour faire chanter le public et provoquant l'empilement de fans. Les grateux ne sont pas en reste et se démène bien sur scène. L'alternance de chants mélodique et hurlé rend bien. Bon concert même si j'en ai vu que la moitié.
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A l'inter-concert, un gars me demande si le groupe qui vient de passer était The Ghost of a Thousand, je lui répond que non, c'était Four Year Strong et qu'ils sont déjà passés. Il me dit c'est pas possible qu'il est à peine 20h. Je lui répond sous le ton de la boutade qu'on sera tous dehors à 22h30… J'étais loin de penser que j'avais vu juste. En attendant on se balade un peu dans la salle. En fait, c'est pas mal une salle remplie de moitié, on peut se balader à sa guise et on a un point de vue correct à n'importe quel endroit. J'observe l'assistance autour de moi et il va falloir que je me fasse une raison : la barbe et la chemise de bucheron sont grave tendances. Je vais pouvoir ressortir mes vielles chemises du lycée et jeter mon rasoir. Par contre pour le slim, je n'adhère toujours pas.
Les suivants seront Alexisonfire, groupe de post-harcore dans la lignée Rise Against que je ne connais que de nom. Les canadiens débarquent sur scène avec un barbu rondouillard et torse-nu en guise de chanteur. Pour peu on pourrait croire qu'on est à une soirée gay. Le groupe commence son show. Celui-ci est carré et pro. Rythmes torturés. Chants emo impeccable. Chants hurlés bien dosés. Paroles repris en chœur avec le public. Participation du bassiste d'Anti-Flag le temps d'un refrain. Côté jeu de scène, les membres du groupes gesticulent dans tous les sens. Ca court, ca se croise, ça se recroise, ça saute, ça tape du pied, ça joue face à l'ampli genre je prend mon pied. Mais tout cela semble disproportionné par rapport au mélodies lentes et tristes qu'ils emploient. La gestuelle n'est pas naturelle. Trop exagérée. Trop artificielle. Les pogos partent rapidement mais ils s'essoufflent aussi très vite et se terminent souvent en croisement de bras. Le bassiste véritable pile électrique dont le jeu de scène est largement inspiré par Angus Young, se fera une petite virée en slam à la fin du set. Bon concert qui aura satisfait surtout les emos et laissé indifférent les amateurs de punk.
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C'est au tour de Anti-Flag de prendre possession de la scène. Comme d'hab', changement de matos en un temps record à tel point qu'on a même pas le temps de terminer sa bière. On se dit que le quatuor en tant que tête d'affiche va nous faire une belle intro avec montée en puissance et tout ça. Mais non ! Pourquoi faire ? Les gars de Pittsburgh rentrent direct dans le lard avec le tube « The Press Corpse » déclenchant un gros foutoir dans la fosse. Et allé qu'on enchaine avec un circle-pit géant au bout de 5 minutes. Les américain sont pressés et ne font pas dans la dentelle et c'est tant mieux ! Même si on fermera les yeux quand le chanteur nous parle de morale anti-capitaliste, ce qui ne correspond plus trop à leur image, il faut bien reconnaitre que Anti-Flag a de l'énergie à revendre en particulier le bassiste véritable showman incontrôlable faisant des bonds de lapin sous testotérone. Quand au second guitariste, il semble totalement transparent face à ses deux compères survoltés. Le public est conquis autant par l'énergie déployée que les tubes joués (« Turncoat », « This Is the End (For You My Friend) », « I'd Tell You But… », « War Sucks, Let's Party! », « Fuck Police Brutality »). Anti-Flag se contentera d'insérer dans la setlist très peu de titres de leur dernier album. On aura droit à une reprise efficace du mythique «Should I Stay or Should I Go» des Clash auquel le groupe s'identifie clairement. Il sera suivit d'un « You've Got to Die for the Government » dévastateur repris en choeur par un public bouillant. Le groupe cherche à démontrer que malgré les critiques il reste proche de son public. Ainsi les fans seront invités à monter sur la scène pour « Cities Burn » et en tant que bouquet final, le batteur et son matos s'installera en plein milieu de la fosse pour jouer « Power To The Peaceful ». Peur de rien le gars. A peine le temps de finir d'applaudir que les techniciens démontent la scène et on nous invite à sortir
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Bien que la soirée fut réglée à la seconde près et la salle à moitié remplie, les concerts furent honorables et ma foi c'est quand même agréable de voir un concert de punk sans avoir à jouer des coudes pour être bien placé. On espèrera que l'organisation retienne la leçon et que la prochaine édition du Eastpak Antidote Tour proposera une programmation plus prestigieuse voire un ticket moins cher.