Vindsval a toujours cultivé le sens du mystère et de l’anti-conformisme. Proche de la mouvance black, le multi-instrumentiste manie les contrastes les plus extrêmes au sein de Blut Aus Nord, entité capable d’afficher des transformations radicales. Entre les sonorités sales de MoRT et les incantations stratosphériques de 777 – Cosmosophy, BAN a depuis longtemps imposé une vision personnelle et résolument avant-gardiste. S’il aurait sans grande peine pu se positionner sous l’étiquette Blut Aus Nord, The Sublime, premier album de Yerûšelem, impose de nouveaux paysages. Le disque est dissonant, chaotique, déstabilisant. Et paradoxalement magnifique.
L’artwork est annonciateur d’une plongée dans l’inconnu. Les fanatiques s’abandonneront corps et âme dans la bête, décelant jusqu’aux références cryptiques et religieuses disséminées de ci et là – rien n’est laissé au hasard, à commencer par les titres des « morceaux » –. Les autres passeront probablement l’album à quelques reprises sur la platine avant de pénétrer pleinement – s’ils y parviennent – l’univers distordu et hors du temps dépeint par l’artiste, ici accompagné du fidèle W. D. Feld, en charge des fulgurances électroniques. S’il s’avère peut-être moins impénétrable que bon nombre de brûlots labellisés BAN, The Sublime reste un disque expérimental à souhait, bourré ras la gueule de superpositions, de répétitions hypnotiques et de riffs bizarroïdes. La musique du binôme vrille littéralement l’esprit. Noir de chez noir, le son du groupe oppresse sans pour autant faire usage d’une avalanche de décibels. Bien au contraire. Vindsval et Feld livrent peut-être ici leurs travaux les plus aérés et mélodiques, proches dans la conception de la trilogie 777. L’ensemble respire pourtant tellement la désolation qu’il n’offre jamais véritablement l’occasion de respirer.
La transe est longue et passionnante, savamment équilibrée entre jouissance mystique et bad trip définitif. Inévitablement, on ressort de l’expérience presque épuisé. Mais également transcendé, comme souvent avec la musique de Vindsval. L’homme est presque diabolique dans son approche de la musique, tant il semble porter attention aux moindres détails. L’album mixe avec une redoutable cohérence l’organique et le digital, le feu et la terre, la beauté et la douleur dans un maelstrom de grattes hurlantes, de chants chamaniques ainsi que de distorsions industrielles. Une parfaite harmonie des contraires. Le binôme défonce les carcans et emporte définitivement loin, très loin.
Sur le papier, ce disque de Yerûšelem pourrait presque s’apparenter à une certaine forme de sadomasochisme. Sans doute. Mais l’art ne respire-t-il pas pleinement dans ses formes d’expression les plus extrêmes ? Faites votre choix. De notre côté, on enfonce la touche play sans s’accorder de pause. Bordel, quel disque.
.: Tracklist :.
- The Sublime
- Autoimmunity
- Eternal
- Sound Over Matter
- Joyless
- Triiunity
- Babel
- Reverso
- Textures Of Silence
2 commentaires
le minimum serait de mettre un lien vers son bandcamp et pas amazon….
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