Groupe précurseur, Yawning Man nous livre un témoignage exceptionnel avec « Live at Giant Rock » et un album qui frise tout simplement la perfection. Figure incontournable du Desert Rock, ils ont inspiré Queens Of The Stone Age et sont une source intarissable d’inspiration pour la scène stoner. C’est à Yawning Man que l’on attribue les premières « generator parties », ces concerts dionysiaques en plein désert californien où guitares et enceintes poussées à bout étaient alimentées par de rustiques générateurs. Filmé en plein confinement en raison de la pandémie de Covid-19, dans le parc de Giant Rock, au milieu du désert de Mojave, Yawning Man semble avoir capté l’essence même de ce qui nous fait aimer leur musique.
Si l’environnement qui les inspire est des plus arides et inhospitalier, la créativité de Yawning Man est toujours aussi fertile et sans limites. Imaginez vous ces grands espaces rocailleux qui s’étalent au-delà de l’horizon, brulés par les rayons du soleil et une température qui dépasse en été les 50°c. C’est ici que l’industrie cinématographique a trouvé un terrain idéal représenter les environnements les plus hostiles de leurs westerns, à deux pas d’Hollywood, ou que l’armée américaine y a installé sa célèbre zone 51. Pourtant, de l’âpreté de ces conditions se dégage la beauté d’un ciel bleu constant contrasté des couleurs orangées de la roche, de brillantes nuits étoilées, ou des imposants reliefs enneigés visibles au loin. C’est ainsi, perdu au milieu de nulle part, que Yawning Man nous offre une expérience musicale transcendante, un album stellaire, où les notes fusent telles des étoiles filantes et résonnent avec un profond écho.
Yawning Man aurait pu tomber dans la facilité, en enregistrant un simple best of live, mais avec « Live at Giant Rock », le trio nous propose 5 titres inédits pour ce concert d’exception. 50 min de live qui abattent les murs, les barrières et décloisonnent l’auditeur – rappelons-le en plein confinement mondial – pour vivre une expérience profondément positive, tolérante et spirituelle. L’œuvre diffusée en live sur Internet est hautement symbolique, comme le fut le live à Pompéi des Pink Floyd ou la diffusion dans l’espace d’« Across the Universe » des Beatles, en nous ouvrant les portes d’un monde au même moment où celui-ci cloisonne les corps et s’enferme dans l’étroitesse de ses idées. Un seul titre suffit pour s’en convaincre, « Tumbleweeds in the Snow », véritable chef d’œuvre desert rock où l’harmonie semble se propager vers un infini avec un écho naturel d’une qualité incomparable. « Live at Giant Rock » est une fresque envoûtante où des forces telluriques s’affrontent et gravitent autour de Gary Arce, Mario Lalli et Bill Stinson, comme si ces trois gars-là étaient le divin Créateur (« The Last Summer Eye »). Sur « Nazi Synthetizer » leur jeu se muscle au fur et à mesure de la progression harmonique, tandis que « Blowhole Sunrise » débute dans une ambiance de jam déstructuré.
Avec « Live at Giant Rock », Yawning Man nous offre une oeuvre en trois dimensions, marquée par le temps et l’espace, une expérience sensorielle tout à la fois auditive et visuelle.
.: Tracklist :.
1.Tumbleweeds in the snow
2. The Last Summer Eye
3. Nazi Synthetizer
4. Blowhole Sunrise
5. Space Finger