Mark Lanegan continue de nous réjouir, avec une étonnante régularité, et sa foultitude de projets. En 2017, le géant de Seattle signait l’excellent « Gargoyle » – son dixième album sous la forme du Mark Lanegan Band -, et revenait l’année suivante pour une seconde collaboration avec Duke Garwood (« With Animals »). Entre la reviviscence du Mark Lanegan Band, ses tournées, les projets solos et autres collaborations, on peine à comprendre où le prolifique songwriter trouve le temps pour nous offrir ce nouvel effort. Mieux encore, « Somebody’s Knocking » pourrait bien faire partie des classiques du maitre.
Après une carrière prolifique en solo, des années 90 jusqu’au début des années 200. Mark Lanegan signe un grand retour, sous la forme du « Mark Lanegan Band », en 2012, avec l’imparable « Blues Funeral ». Guitares abrasives et compositions élégantes mettent un terme à la collaboration avec Isobel Campbell que Lanegan s’efforçait d’entretenir depuis une demi-décennie, et révèle une toute autre bête qui sommeille en lui. C’est alors que s’enchainent les productions, au rythme d’une par an, et qui, si l’on ne s’intéresse qu’aux albums du Mark Lanegan Band, figent la formation dans des albums aux compositions hétérogènes. Face à ce compositeur hyperactif, on perd parfois un peu le sens de l’histoire : le songwriting minimaliste de Lanegan et ses résurgences desert rock laissent place à des expérimentations new wave / cold wave tout azimuth.
Ce qui nous a toujours marqué dans les compositions de Mark Lanegan, c’est sa capacité à transcender l’auditeur en lui faisant comprendre à quel point la musique est importante pour lui. Ce sont parfois plus que des signes ou quelques notes qui témoignent de l’envie irrépressible de l’artiste de partager avec le public une quête spirituelle, pénétrante, qui le bouleverse au plus profond de lui-même. Ainsi, sur le titre introductif, « Disbelief Suspension », on peut ressentir une tension tellement forte qu’on imagine l’habituel statique chanteur – trop concentré sur sa voix – se muer en frontman survolté aux mouvements déraisonnés. D’une manière tout à fait différente, Mark Lanegan est un navigateur – quelqu’un qui nous guide et nous transporte entre deux mondes. Ainsi, à l’écoute de « Night Flight to Kabul », une partie de nous se réjouit d’être bien vivante, tandis l’autre moitié se dirige déjà vers un au-delà. Sublime « Letter Never Sent » qui syncrétise une décennie de travail en quelques minutes – seul Mark Lanegan est capable de produire ce morceau. Libéré de ses angoisses, Mark Lanegan nous offre des titres particulièrement originaux marqués par les musiques électroniques, tels que « Penthouse High » ou « Dark Disco Jag » ou des ambiances planantes sur « Radio Silence » et « War Horse ». « Somebody’s Knocking » est un kaléidoscope de sonorités – qui tantôt affiche Mark Lanegan comme un vieux rocker bourru – un brin bestial -, parfois comme un poète magicien des mots, ou un savant-fou capable de faire naitre des sons que nous n’avions jamais entendu auparavant.
« Somebody’s Knocking » est la onzième merveille de Mark Lanegan. Un album transcendant, élégant et coloré…
.: Tracklist :.
- Disbelief Suspension
- Letter Never Sent
- Night Flight to Kabul
- Dark Disco Jag
- Gazing from the Shore
- Stitch it up
- Playing Nero
- Penthouse High
- Paper Hat
- Name and Number
- War Horse
- Radio Silence
- She Loved You
- Two Bells Ringing at Once