Il y a quelques semaines, Inter Arma est sorti de sa base de Richmond, Virginie, et a sorti l’artillerie lourde avec son sixième opus, New Heaven. Inter Arma a une vision unique de la musique, alors précipitez-vous sur ce nouvel album qui donne à entendre de la musique violente faite avec délicatesse…
Le son du quintet Américains d’Inter Arma a quelque chose d’à la fois familier et de déroutant. New Heaven, à ce titre, ne déçoit pas : on reconnait le style inimittable du groupe, et pourtant, le groupe explore encore de nouveaux horizons musicaux. On y retrouve du doom – sludge sudiste, un peu de black dans l’utilisation massive de blast-beats punitifs et dans les quelques hurlements Mike Paparo, et surtout du death massif et psychédélique. Le morceau qui ouvre l’album, et qui lui donne d’ailleurs son titre (« New Heaven ») donne le ton : sons distordus, blasts et breaks cradingues, death growl – bienvenue au nouveau paradis ! Les morceaux suivants, Violent Seizures et Desolation’s Harp offrent un programme assez similaire, le groupe apportant une teinte peut-être même encore plus salement black que d’habitude à sa musique.
Tout cela pourrait laisser penser qu’Inter Arma fait dans le gloubi-boulga ultraviolent – mais que nenni, mes amis : les compositions du batteur TJ Childers se déploient toujours avec élégance, progressivement, amenant dans des contrées ténébreuses, certes, mais aussi toujours, étonnement, poétiques. Et d’ailleurs, à partir du titre Endless Grey, TJ lâche un peu sa double-pédale et sa caisse claire pour des compos plus mid-tempo, où les guitares de Steven « Dirt » Russell et de Trey Dalton peuvent se déployer, parfois jusque dans des solos vraiment stylés.
Gardens in the Dark, le titre qui ouvre la face B de la version vinyle de l’album, nous entraine encore plus loin dans le délire psychédélique. Avec son introduction hypnotique, et son chant beaucoup plus posé, Inter Arma surprend vraiment, et en bien : Inter Arma triture, dissèque, maltraite le son et explore des territoires nouveaux, allant puiser jusque dans l’indus ou même dans la cold wave. D’une manière générale, la deuxième partie de l’album est plus expérimentale, puisque qu’à la belle punition qu’aura été Gardens in the Dark succèdent deux très bons titres : The Children the Bombs Overlooked et le single (clipé) Concrete Cliffs.
Les amateurs du groupe savaient déjà qu’Inter Arma était un groupe qui aimait la musique, au sens le plus large possible : leur album Gabers Days Revisited, proposait des reprises allant de Prince (Purple Rain) à Nine Inch Nails (March of the Pigs), en passant par la folk de Crosby, Stills, Nash & Young (Southern Man) – énorme reprise d’ailleurs.
Il n’est donc pas si étonnant que le disque se termine sur un beau titre de dark folk : Forest Service Road Blues. Un final sombre, désespéré, mais aussi un nouveau témoin de l’amour profond que ce groupe a pour la musique, sous toutes ses formes.
Tracklist
Face A
1. New Heaven 07:29
2. Violet Seizures 06:30
3. Desolation’s Harp 04:30
4. Endless Grey 02:42
Face B
5. Gardens in the Dark 04:15
6. The Children the Bombs Overlooked 07:37
7. Concrete Cliffs 05:24
8. Forest Service Road Blues 03:16
