Groupe que l’on croyait éphémère fondé par le gratin de la scène indépendante américaine, The Sound Of Animals Fighting délivre un deuxième album qui en a long à nous apprendre sur la musique en elle-même. Seule règle de Lover, The Lord Has Left Us : il n’y a pas de règles ! Faites donc le vide autour de vous, un peu d’encens si possible, et laissez-vous aller…
La voix cristalline d’Anthony Green (Circa Survive, ex-Saosin) transperce l’horizon du sublime, le bal entre l’Inde et l’Occident s’apprête à commencer (« Skullflower »). À ceux qui avaient apprécié le premier album Tiger and the Duke, nous adressons ce message : « oubliez-le ! ». Lover, The Lord Has Left Us n’est plus du tout un album de rock alternatif, plus aucun cri, plus aucun tempo destructeur, juste des nappes sonores délicates, des instruments électroniques mêlés à des bruits étranges, des voix étouffées ou a contrario a capela. On passe de l’anglais, au sanskrit et même à l’allemand sans s’en rendre compte. Des rythmes drum’n’bass précèdent un solo de guitare pour mieux passer à un chant aigu à contre temps, et tout cela au sein d’un même morceau (« My Horse Must Lose ») !
Lover, The Lord Has Left Us se décrit difficilement avec des mots tant les compositions sont complexes et l’ensemble déconstruit (en apparence en tout cas). C’est un album qui se vit et se ressent. On plane, on tremble, on jouit, voilà le résultat lorsque des artistes laissent libre cours à leur imagination (« The Heretic »). Loin des pressions du public et surtout des maisons de disques, les animaux masqués (membres de Chiodos, de Circa Survive, de RX Bandits ou bien de Days Away) n’ont pas cédé à la facilité. Hautement ambitieux, ce deuxième opus dépasse toute catégorie, renvoie à des groupes comme Mars Volta, Björk ou Massive Attack mais en dix fois moins compréhensibles. Les titres durent entre 10 et moins d’1 minute, piano et violons composent avec sitar et bruits obscures, balades et accélérations s’alternent, The Sound Of Animals Fighting s’amuse et joue avec nos nerfs.
Déstabilisant à bien des égards, Lover, The Lord Has Left Us n’en est pas moins une perle de l’expérimental. Pour le comprendre, encore faut-il adhérer au concept, barré cette fois-ci il est vrai, et oublier l’album précédent, beaucoup plus facile à digérer. Une armada de musiciens aux multiples talents créant une musique d’une exceptionnelle richesse, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue, alors jetez-vous sur cet album. L’astrophysique nous apprend que les limites de l’univers sont repoussées à chaque seconde, The Sound Of Animals Fighting nous prouve par l’exemple qu’il en est de même pour la musique. Dépaysement garanti.
.: Tracklist :.
01. Intro
02. Infaria
03. Skullflower
04. My Horse Must Lose
05. Thiriacho Summit
06. Horses in the Sky
07. Stockhausen, Es Ist THR Gehirn, Das Ich Suche
08. Prayers on Fire
09. The Golden Boy That Was Swallowed by the Sea
10. This Heat
11. Infaria Ancora
12. St. Broadrick Is in Antarctica
13. Heretic
14. There Can Be No Dispute That Monsters Live Among Us
Pour écouter : www.myspace.com/thesoundofanimalsfighting