La révolution numérique semble désormais inévitable, le phénomène Radiohead ayant il y a quelques mois expérimenté une tentative de distribution nouvelle et moins coûteuse pour le consommateur. Véritables précurseurs du procédé avec un Machina II offert gratuitement via Internet huit ans auparavant, les Smashing Pumpkins décident néanmoins pour ce nouvel EP d’imposer leur prix via ITunes. Une démarche certes compréhensible au vu du peu d’intérêt que semble apporter le public au financement des œuvres musicales, mais qui n’enlève néanmoins en rien le doute concernant la qualité des ces nouveaux morceaux, publiés à peine quelques mois après le retour en grande pompe des citrouilles.
Avec quinze petites minutes de musique pour une petite poignée de composition, le contenu de ce American Gothic s’avère plutôt anecdotique et par conséquent réservé aux acharnés non rassasiés par le dernier opus en date. Ou encore aux curieux. Pour autant et malgré les dates de sorties rapprochées, cet EP se profile comme une série de compositions bien éloignées des hits en puissance présentés sur cette récente livraison. Car ces nouveaux morceaux électro-acoustiques viendront exclusivement se rattacher à la facette mélancolique de Zeitgeist, dimension qui demeurait paradoxalement le seul point faible de l’album. American Gothic se voit donc mené par la guitare acoustique ainsi que le chant de Billy, dénués de toute intervention superflue et accompagnés par la rythmique d’un Jimmy Chamberlain forcément limité et par conséquent très peu démonstratif. Si ce périlleux exercice s’avérait plus que concluant durant les glorieuses années du groupe (les fabuleux « Soma » et « Disarm » sur Siamese Dream), American Gothic souffre pour sa part de la même platitude que quelques titres dénués d’électricité présentés sur Zeitgeist. A trop accentuer le côté intimiste de sa musique, Corgan loupe malheureusement complètement un objectif dont il s’était pourtant fait un représentant de choix, à savoir véhiculer des émotions touchantes et accoucher de pop-songs simples et habitées.
Et pourtant, le fantastique « Pox », véritable petite merveille qui à elle seule rend nécessaire l’acquisition de cet EP numérique, est bien là pour prouver que le leader des Citrouilles peut encore insuffler à sa musique une dose massive de sensibilité. Jimmy Chamberlain y sort d’ailleurs de sa léthargie, appuyant d’avantage sa présence lorsque arrive un refrain écorché sur lequel Corgan parvient à exprimer toute l’étendue de ses sentiments en une unique phrase. Un titre court et efficace, composante envoûtante qui se détache merveilleusement de l’incommensurable ennui amené par une série de titres sirupeux. L’ajout d’expérimentations électroniques à la manière de ce qui avait été fait sur Adore aurait peut-être apporté un plus grand relief à l’ensemble, qui ne parvient jamais à décoller ni intéresser. Seul le clavier se tente à intervenir sur un longuet et répétitif « Sunkissed », sans pour autant apporter de valeur ajoutée tant les notes tenues sur plusieurs secondes se montrent horripilantes.
Objet musical purement accessoire, American Gothic ne présente qu’un intérêt limité. Les puristes trouveront cependant en « Pox » une composition incontournables, les autres attendront le prochain opus… ou se replongeront avec bonheur dans les classiques du groupe.
.: Tracklist :.
01. Rose March
02. Again, Again, Again (The Crux)
03. Pox
04. Sunkissed