Etrange idée marketing que celle de publier les quatre (et uniques) singles d'un album avant même sa sortie. Maintes fois repoussé jusqu'à octobre 2008, 4:13 Dream, treizième opus de The Cure, débarque dans les bacs avec, déjà, un arrière-goût plutôt fade et mal accepté, arrière-goût accentué par l'EP de remixes assez dispensable qui l'a précédé d'un mois.
A quatre semaines d'intervalle, "The Only One", "Freakshow", "Sleep When I'm Dead" et "The Perfect Boy" eurent la lourde tâche de dévoiler évasivement les couleurs générales de 4:13 Dream qui, bien qu'annoncé par le groupe comme sombre, se révèlera relativement pop rock. Dès la première écoute de l'opus, l'auditeur passe de déception en déception jusqu'à "Scream", noir et agressif, l'avant-dernière piste. On se dit que The Cure a (mal) opéré sa rétrogradation vers Wish, tout en ayant du mal à comprendre ce changement de cap, ni cohérent ni franchement original. Puis vient la deuxième écoute.
Ouverture magistrale mi-figue mi-raisin aux accents cold-wave, "Underneath The Stars" joue crescendo sous deux minutes d'introduction instrumentale, laissant le choix entre une direction à suivre désespérée ou plus enjouée. Le single plutôt plat "The Only One" inquiète pour sa part plus qu'autre chose, alors que "The Reasons Why" remet les pendules à l'heure. 4:13 Dream est l'album des contrastes : entre pop dénuée d'imagination ("The Perfect Boy"), rock brut ("It's Over"), apartés obscurs ("Scream", le plus poppy "Sleep When I'm Dead" et l'excellent "The Hungry Ghosts"), The Cure se décide à la carte de l'ambiguïté, à tous les niveaux, sans s'engouffrer dans le brouillon, le pot-pourri superflu et lassant. Malgré des sonorités tournées vers la pop ou la pop rock, le groupe de Robert Smith accouche d'un disque frais et classieux, et s'il s'avère bien loin d'offrir un ensemble atypique, il démontre le talent indemne d'une formation vieille de 30 ans, se moquant des clichés et des stéréotypes.
Bien sûr, quelques morceaux font pales figures à côté de la qualité de certains autres ("Sirensong", "The Only One"), et 4:13 Dream ne comporte rien d'audacieux, comme il ne comporte strictement rien pour attirer un nouveau public vers ses auteurs. Il n'en demeure pas moins que The Cure ne se trahit pas, et qu'il sait encore, après toutes ces années, composer des titres qui tiennent largement la route. On en attend cependant davantage du prochain.
.: Tracklist :.
01. Underneath The Stars
02. The Only One
03. The Reasons Why
04. Freakshow
05. Sirensong
06. The Real Snow White
07. The Hungry Ghosts
08. Switch
09. The Perfect Boy
10. This. Here And Now. With You
11. Sleep When I'm Dead
12. Scream
13. It's Over