Voilà plus de douze ans que les Black Keys se forgent une place de choix sur le podium des meilleurs groupes de rock indé américains. Fort de sept albums irréprochables d’un point de vue musical et contenant chacun des tubes connus de tous, le groupe revient dès aujourd’hui avec Turn Blue, son huitième opus.
Si le succès commercial d’ El Camino en 2011 en avait effrayé certains, le duo Auerbach/Carney le clame haut et fort, ce n’était qu’une passade et Turn Blue ressemble davantage à Brothers. Cette déclaration en avait laissé également plus d’un sceptique à l’écoute de « Fever », le premier extrait de ce nouveau disque. En effet, le morceau, avec l’utilisation de claviers à tort et à travers, semblait bien fade par rapport ce que nous propose habituellement les Black Keys.
Mais passons ce détail et annonçons une bonne nouvelle : le duo a dit vrai et les autres titres qui composent Turn Blue nous offrent du pur Black Keys comme on l’aime. Cela se vérifie dès « Weight Of Love » qui ouvre le bal. Chanson quelque peu sombre, elle reflète le thème général de l’album. En effet, divorce de Dan Auerbach oblige, Turn Blue parle de rupture comme l’a indiqué le principal intéressé à l’AFP : « J’étais au milieu du divorce quand j’écrivais, c’était impossible pour moi de penser à autre chose. Je n’aurais pas pu inventer d’histoires. Pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment utilisé la musique comme une thérapie. La musique m’a toujours fait me sentir bien, m’a toujours excité. Mais cette fois, elle m’a fait tenir debout. »
Une noirceur un peu altérée par la bluesy « In Time » au rythme hypnotique dont Patrick Carney a le secret. De même, « Year In Review » offre un groove insolent et « Waiting On Words », une simplicité et une efficacité qui sont un pur régal. « It’s Up To You Now » tire également très bien son épingle du jeu avec un son très brut qui rappelle les débuts garage des Black Keys. Passons l’association perdante de « Turn Blue », « Fever » et « Bullet In The Brain », morceaux plus plats et donc moins convaincants, pour mettre en exergue « 10 Lovers », au son délicieusement rétro, et « In Our Prime » dont la richesse des sonorités donne un nouveau relief au savoir-faire du duo. Impossible qui plus est de ne pas parler de « Gotta Get Away », titre festif au refrain accrocheur qui conclut avec brio Turn Blue et laisse présager de beaux moments en live.
Il est clair que les Black Keys ont beaucoup évolué au cours de cette dernière décennie, prenant des virages différents à quasiment chaque album. Turn Blue n’est définitivement pas la meilleure pièce de la discographie des deux gaillards de l’Ohio mais cet opus a le mérite d’ouvrir de nouveaux horizons au groupe avec ses sonorités très bluesy. Les derniers adeptes du duo applaudiront mais les aficionados de la première heure grinceront certainement des dents. Quoiqu’il arrive, les Black Keys se produiront au Festival Main Square le 4 juillet 2014, aux Eurockéennes le 6, aux arènes de Nîmes le 15 et aux Vieilles Charrues le 17 juillet.
.: Tracklist:.
01. Weight Of Love
02. In Time
03. Turn Blue
04. Fever
05. Year In Review
06. Bullet In The Brain
07. It’s Up To You Now
08. Waiting On Words
09. 10 Lovers
10. In Our Prime
11. Gotta Get Away
