26 Novembre 2010. La chanson « Birds And Drum », sur l'album éponyme de The Bewitched Hands, commence sur une atmosphère décontractée : « It's sunday again ». Ils auraient pu dire « It's summer again », on les aurait cru sur paroles, on aurait même commencé à voir les oiseaux voletés et on serait parti chanter avec un djembé-man (ou pas). Mais non. Dehors, il fait froid, il pleut et ne neige pas encore. La tendance devrait être totalement inverse, plus plaintive, plus refermée sur soi, d'autant que la neige n'est toujours pas d'actualité. Mais The Bewitched Hands, depuis le temps où ils étaient « On The Top Of Our Heads », a toujours été ainsi : une cure de jouissance, en toutes circonstances.
Car la troupe Rémoise est loin de faire partie des nombreux inconnus, venus de nulle part, qui se retrouve à exploser. Du moins, ils ne le sont plus depuis déjà un an. Depuis le coup de génie de la reprise de Yuksek, « Tonight », en version débraillée et depuis les tournées des festivals d'été en 2009 et 2010, la surprise était de n'avoir toujours pas de long effort à se mettre sous la dent. Enfin, mieux vaut tard que jamais. C'est bon, c'est fait. Birds And Drum est là, avec Yuksek qui est toujours à roder dans le coin, à la production cette fois.
Que donnent ces treize titres dont un attendait un chamboulement du petit monde de la musique française ? Un ensemble très homogène, à n'en pas douter, avec une sélection faite pour donner un tout très cohérent et qui ne s'interrompt pas à un seul instant. Les chansons sonnent très différentes les unes des autres, mais elles rebondissent en quelque sorte. Cela s'opère notamment grâce au chœurs, la principale force de frappe de The Bewitched Hands, qui servent de dynamiseur aux morceaux. Birds & Drum devient ainsi une espèce de balle rebondissante perpétuelle, aux angles improbables mais avec toujours la même énergie. « Happy With You » et « Sahara Dreams », les titres qui ouvrent et referment l'album, offrent d'une certaine façon la même envie, complètent un même élan.
L'exemple parfait de cette cohérence se retrouve au cœur de l'album, où pendant huit minutes cinquante, The Bewitched Hands lance à la figure de son auditeur toute l'amplitude de sa musique : « Work », au format radiophonique de deux minutes trente qui dit tout ce qu'il y a à dire (« life is so cool ») sans prendre de détours ; « Hard To Cry », cinq minutes de montée post-folk qui se terminent en canon-gospel hypnotique (« I'm crying for ever ») ; « Out Of Myself », soit on est heureux, on a pas grand chose à raconter du coup, si ce n'est que c'est le bonheur, alors on lance des formules très typés (« yes it's incredible […] it's awesome ») en une minute trente.
En treize titres, The Bewitched Hands visite tout autant de registres pratiquement, tantôt flirtant avec les Pixies, puis pleinement chez les Beach Boys, ou plutôt vers Blur quand les guitares se montrent plus agressives. En bref, c'est un groupe qui avance sans complexe, avec des codes de départ qui doivent exploser sous son impulsion. Enfin si on écoute beaucoup et petit-à-petit en boucle The Bewitched Hands, c'est parce qu'on ne peut qu'être heureux en le faisant. Birds And Drum est la bande-originale de l'optimisme. Quel que soit le temps ou la saison. Et si l'album survit à l'hiver, cela sera sûrement encore plus réjouissant au printemps, lorsque la neige aura fondue. Ce qui laisse cinq mois pour apprendre les mélodies par cœur et pouvoir les chantonner dans la rue.
.: Tracklist :.
01. Happy With You
02. Birds & Drum
03. Underwear
04. So Cool
05. Cold
06. Work
07. Hard To Cry
08. Out Of Myself
09. Kings Crown
10. 2 4 Set
11. Staying Around
12. Sea
13. Sahara Dreams