En 1996, après 9 ans de bons et loyaux services au sein du groupe Kyuss, Joshua Homme, ayant effectué un bref passage chez les Screaming trees de Mark Lanegan, décida avec Alfredo Hernandez (Kyuss) de créer les Queens Of The Stone Age. Leur premier album éponyme sorti en 1998 sur Loose Groove records est souvent défini, comme le fut Kyuss, de « stoner-rock » bien que Homme a toujours trouvé ce terme inapproprié et donnant une image négative au groupe. Cet opus est donc le point de départ de l’histoire des reines de l’âge de pierre et les prémices d’une singularité qui leur est propre.
Ce sont Josh Homme et Alfredo Hernandez ont qui ont enregistré seuls cet album, Homme se faisant créditer en tant que Carlo Von Sexron pour la basse. Ce n’est que par la suite que Nick Oliveri (Kyuss) et Dave Catching les rejoindrons pour la tournée. Dès les premières notes de « Regular John », le ton est donné : Ca sera lourd et sans concessions. Joshua Homme jouant sur un ampli de Basse, le son en est d’autant plus pesant et présent. Sur la majorité des titres, la composition est simple et des riffs redondants apparaissent ce qui crée une atmosphère oppressante. Dès « Avon » où les deux premiers accords sont répétés pendant 30 secondes et autant à la fin, on sent cette volonté de maintenir sous tension l’auditeur tout comme sur le titre « Walkin On The Sidewalks » qui se termine par prêt de 2 minutes pendant lesquels deux accords de guitare sans chant se font entendre et qui nous fait nous demander : "Mais quand est-ce que ça s’arrête ?!". La volonté avouée de Homme est, pour la quasi totalité de ses chansons, de réaliser une composition simple et qui rentre directement dans la tête. Le style du groupe peut aussi se comprendre par ses morceaux très paradoxaux : Sur « I was a teengae hand model », le dernier titre, on peut entendre des maracas, un piano, des voix calmes, pas de guitare… Une gentille balade en somme mais tout de même parsemée de sons synthétiques stridents qui se font de plus en plus violents à la fin jusqu’à devenir inaudible. C’est sur des morceaux comme « Mexicola », « you can’t quit me baby », « Give the mulet what he wants », que l’on se rend compte de l’importance de la basse et des sonorités lourdes avec toujours une partie de guitare claire et des intro d’au moins 30 secondes spécifiques à l’esprit Queens Of The Stone Age.
D’après un sondage sur le forum des fans de QOTSA, leur titre préféré, tous albums confondus est étrangement « Hispanic Impressions » qui est un morceau instrumental excellent et reflétant exactement la vision du groupe avec une trame simple et des ajouts de compositions plus technique mais qui se fondent très bien dans l’ensemble du titre. Et c’est là que lorsque l’on écoute les Queens, souvent on ne peut qu’apprécier la partie instrumentale mais la voix de Josh Homme si particulière divise. En effet, celui-ci, à la base, ne souhaitait pas chanter dans le groupe comme c’était le cas avec Kyuss. Au départ, il voulait faire appel à plusieurs chanteurs différents pour poser sur l’album mais çela ne s’est pas fait et du coup Homme se voit obligé de prêter sa voix ce qui ne le dérange finalement pas outre-mesure… Ce n’est pas forcément une mauvaise idée car son timbre est assez aigu et toujours clair ce qui tranche avec l’esprit stoner de l’époque qui voudrait une voix rauque et criarde pour une musique de ce style. On s’en trouve donc surpris à la première écoute mais le paradoxe que cela entraine est assez jouissif.
Du côté des paroles, les thèmes abordés sont surtout centrés sur les rapports avec la mort, la drogue et surtout l’amour et les rapports Homme/femme… Aussi, Josh donne sa vision assez pessimiste du monde sur des titres comme sur « Mexicola » où l’on peut entendre : « Dans un monde plein de merde et de gazoline, bébé Un chien est mort, un est au téléphone Laisse juste un poumon ou laisse-le seul ». De cet album, on retiendra en particulier les titres « Régular John » écrit en collaboration avec John McBain (Monster Magnet) avec sa batterie extraordinairement maitrisée et « If Only », le tube parfait avec un riff rageur et efficace et « Mexicola » avec une basse impulsive et frénétique.
Ces 11 titres furent donc pour le monde des stoners une révélation sur un style bien moins ancré dans un stéréotype « blouson cuir, mulet et voix rauque » mais plutôt dans la recherche d’un son captivant et travaillé. Par des titres efficaces, Joshua Homme nous montre de toute l’étendue de ses capacités de composition, lesquelles il n’avait pas forcément pu exploiter dans sa totalité en faisant parti de Kyuss. L’artiste prolifique nous dévoile grâce à cet opus les possibilités infinies qu’un style de musique peut engendrer. L’ombre de Kyuss n’est pas très loin mais tends à s’effacer dans cet album qui promet un bel avenir aux Queens Of The Stone Age.
.:Tracklist:.
1. Regular John
2. Avon
3. If Only
4. Walkin' on the Sidewalks
5. You Would Know
6. How to Handle a Rope
7. Mexicola
8. Hispanic Impressions
9. You Can't Quit Me Baby
10.Give the Mule What He Wants
11.I Was a Teenage Hand Model