Autant le dire tout de suite, le dernier opus de Marcel et son Orchestre est un bon album ; mais il y a quelque chose de triste dans ce qui sera leur dernier disque. Bien que l’on se réjouisse qu’une maison de disque ne nous sortira pas à chaque approche de Noël une anthologie / intégrale / best touffe des Marcels, il est triste de se dire que bientôt, Marcel et son orchestre ne sera plus qu’un souvenir, si précis soit-il, précieux il l’est ! Car si certains Chalala se réjouissent de naître à Boulogne, d’autres préfèrent nous chanter le charme bucolique de Boulogne-sur-mer. Travestis jusqu’au cou, Marcel nous en aura fait voir des belles poilues du genou, et des moins belles en costumes du dimanche (enfin, du dimanche matin pour débuter un jour de grand soir). Sauve qui peut ! A grands coups de pagaies imaginaires, voguant sur les flots humains de ces concerts en canot gonflable, souvenez-vous de cette étrange arche emportant une étrange colonie de neurones à crêtes vers une destination inconnue, plongée dans le noir.
Défendeur des grosses, des moches, des poilus et des marginaux ; pourfendeur des âmes sensibles et trop bien pensantes à coups de ritournelles rhétoriques, Marcel balance autant de décibels que de stéréotypes à ceux qui aiment bien s’en nourrir. Derrière la folie apparente d’une troupe de musiciens déguisés se cache l’horreur de la stupidité du mouton de Panurge et l’intelligence des foules qu’un moment de convivialité rassemble comme seule la musique populaire sait en tisser les liens. Comme tout être aux grandes qualités, Marcel est unique à bien des égards. Marcel illustre par sa sincérité ce qui nous pousse à fuir nos mornes quotidiens en nous transformant en puces excités à l’idée de vibrer sur des sonorités distordues. Dinosaures des temps modernes et monument punk des années 80 enfoui dans un style rétrograde au charme douteux, Marcel représente un ilot de bonheur autonome pour les amateurs de rock au sens large, tirant parti d’influences multiples pour en faire une musique simple et sans égal. Alors non, je trouve triste ce dernier album en me remémorant quelques bons moments passés avec Marcel ; dans le public comme en backstage. Je me souviens avec précision leur passage au Gala Supelec, il y a quelques années de cela. A l’époque, j’étais un jeune étudiant naïf peu intéressé par ses études mais peu nous importe, je me souviens bien de la rencontre et de l’accueil humain réservé par les Marcels retranscrit en une interview bancale le lendemain, après une nuit de troubles conclue à 6h du matin, Marcel gisant dans une flaque de whisky dans les échos d’une franche rigolade. Marcel ! Je n’ai qu’une seule chose à te dire : tout l’temps t’aimer toujours ! En cd ou en souvenir, en DVD ou en pensée, en vieil objet ou peu importe, Marcel tu fais partie de nos vies.
Alors que dire de l’album ? Il faut bien que je vous en parle dans tout ça. Dans la joie jusqu’au cou se sépare entre album acoustique et électrique. Le premier reprend quelques uns des meilleurs titres du groupe dans des versions inattendues telles que le très réussi « Qu’est ce qu’il a de plus que moi », le déridé « Brrr… (au début elle est froide) », le délirant « la 7e compagnie en Jamaique » ou l’inquiétant « Ma Sœur ». Et lorsque Marcel branche l’ampli, le succès est au rendez-vous avec un album teinté d’ambiances sixties et yéyé sans aucun mauvais goût, vantant « L’amour dans le Nord », les « Frites » puis arguant d’un rock énervé avec « Je ne sais pas faire autrement ». Les guitares se tendent, la voix s’arrache et Marcel hurle ce que ses trippes lui poussent à exulter avant de tomber dans une mélancolie rare autour d’un thème d’actualité (« J’ai attrapé le chômage »). Référence à Brel, vous pourrez aussi découvrir une version très personnelle de « Les Singes », rock à souhait.
Ah Marcel, tu m’as mis le cafard ce soir…
.: Tracklist :.
CD1:
01. Marcel et son orchestre – L’amour dans le nord (4:03)
02. Marcel et son orchestre – Je sais pas faire autrement (2:34)
03. Marcel et son orchestre – Cerf volant (3:37)
04. Marcel et son orchestre – Le chômage (2:56)
05. Marcel et son orchestre – Si ça tombe (3:06)
06. Marcel et son orchestre – Le slow (1:44)
07. Marcel et son orchestre – Je veux m’amuser avec toi (1:56)
08. Marcel et son orchestre – Les frites (2:32)
09. Marcel et son orchestre – Normal man (4:42)
10. Marcel et son orchestre – Les singes (2:56)
11. Marcel et son orchestre – Une journée à la mer (2:47)
12. Marcel et son orchestre – A qui cela profite (1:53)
13. Marcel et son orchestre – Si jamais t’avoues (3:46)
14. Marcel et son orchestre – Trapèze volant (3:47)
15. Marcel et son orchestre – Qu’est ce qu’il a de plus que moi (2:42)
16. Marcel et son orchestre – La voix d’Alice (3:52)
17. Marcel et son orchestre – Les neurones à crêtes (3:05)
18. Marcel et son orchestre – Brrr… (au début elle est froide !) (4:14)
19. Marcel et son orchestre – Fuite de fantaisie (3:20)
20. Marcel et son orchestre – La 7ème compagnie en Jamaïque (3:34)
21. Marcel et son orchestre – Bonne fête maman (3:29)
22. Marcel et son orchestre – La complainte de la ménagère (3:38)
23. Marcel et son orchestre – Nadia (3:35)
24. Marcel et son orchestre – Ma soeur (3:38)
25. Marcel et son orchestre – Dédé (5:29)
26. Marcel et son orchestre – C’était pas ton jour (3:44)
27. Marcel et son orchestre – Procebal (3:43)
CD2:
01. Marcel et son orchestre – Qu’est ce qu’il a de plus que moi (2:42)
02. Marcel et son orchestre – La voix d’Alice (3:52)
03. Marcel et son orchestre – Les neurones à crêtes (3:05)
04. Marcel et son orchestre – Brrr… (au début elle est froide !) (4:14)
05. Marcel et son orchestre – Fuite de fantaisie (3:20)
06. Marcel et son orchestre – La 7ème compagnie en Jamaïque (3:34)
07. Marcel et son orchestre – Bonne fête maman (3:29)
08. Marcel et son orchestre – La complainte de la ménagère (3:38)
09. Marcel et son orchestre – Nadia (3:35)
10. Marcel et son orchestre – Ma soeur (3:38)
11. Marcel et son orchestre – Dédé (5:29)
12. Marcel et son orchestre – C’était pas ton jour (3:44)
13. Marcel et son orchestre – Procebal (3:43