La fin du néo-metal a vu émerger une nouvelle mouvance particulièrement en vogue auprès des jeunes auditeurs. Entre mélodies rapidement assimilables et looks travaillés à l’extrême, la vague émo-rock emmenée par des représentants comme My Chemical Romanche ou les radiophoniques Fall Out Boy s’impose rapidement auprès d’une large audience, entraînant dans son sillon un véritable culte de l’oripeau mêlant teintes noires et flashy. Kill Hannah, récemment signé en distribution par Roadrunner Records, pourrait aisément passer pour un gang de suiveurs. Si les musiciens n'étaient pas actifs depuis le milieu des années 90. La première démo du groupe date en effet de 96, mais les américains n’envahissent qu’aujourd’hui le continent européen, Until There’s Nothing Left Of Us se profilant comme une cuvée déjà datée de deux années.
L’engouement soudain ainsi que la volonté d’offrir une distribution convenable à un disque n’ayant pas forcément retenu l’attention des professionnels lors de sa sortie initiale s’explique simplement : Until There’s Nothing Left Of Us s’inscrit désormais parfaitement dans l’ère du temps. Une « révélation » avancée par le label, instinct qui prendra certes des allures bien commerciales, mais permet néanmoins à Kill Hannah de bénéficier d’un support de taille pour un opus qui par certains aspects se hisse au dessus de la concurrence (les imbuvables Fall Out Boy en tête de liste). Until There’s Nothing Left Of Us ne se profile pas pour autant comme l’œuvre la plus novatrice du moment, mais présente néanmoins un fort potentiel accrocheur via une belle série de compositions aux enluminures tubesques au possible. Calibrés sur un schéma hautement formaté (on ne dépassera que rarement les trois minutes trente de circonstance), les morceaux se munissent de refrains particulièrement soignés et entêtants (« 10 More Minutes With You », sans nul doute point culminant de l’album, « Boys & Girls »), Kill Hannah prenant grand soin à ne pas laisser échapper de sonorités trop compromettantes. Le chant de Mat Devine en est l’exemple parfait. Confiné dans des hauteurs presque juvéniles (« Love You To Death »), les tirades vocales viennent occuper le premier plan. Un phrasé clair renforcé à de multiples reprises des habituels chœurs, parfois légèrement dégoulinants dans la guimauve, timbre particulièrement adapté aux thèmes habituels des déceptions sentimentales et autres désillusions de tous les jours (« The Songs That Saved My Life »). Bien que sans réelle surprise, le tout s’avère néanmoins plutôt efficace du moment que l’on ne daigne pas voir en Kill Hannah le renouveau de la musique actuelle. Ni même le détenteur d’une parole ou d’un regard particulièrement visionnaire sur nos sociétés.
Mais s’il présente bien les aspects indispensables d’un College-Rock pour les masses, Until There’s Nothing Left Of Us bénéficie, outre d’une certaine qualité, de quelques petites variantes non négligeables en ces temps de clonages intempestifs. Afin de pallier à des broderies de riffs aux échappées logiquement électriquement gentillettes, Kill Hannah renforce sa musique de synthétiseurs, boucles, courtes embardées pianistiques digitales et autres samples. Une dimension électroniques omniprésente et souvent bien utilisée, insufflant aux morceaux une petite dose de variété bienvenue (« The Collapse », « Believer », le second single « Crazy Angel » et son synthé très typé new-wave eighties). La composante ne confére guère à Until There’s Nothing Left Of Us un aspect particulièrement aventureux, mais Kill Hannah n’affiche aucune prétention et ces quinze morceaux aux contours simples s’assimilent avec un certain plaisir.
Après tout, la musique est avant tout là pour distraire, et cet « ancien nouvel opus » de Kill Hannah remplit parfaitement son rôle. Les fanatiques des mèches décolorées de Madina Lake et autres fers de lance du moment trouveront très certainement en Until There’s Nothing Left Of Us une pièce de choix, les réfractaires au mouvement ne se réconcilieront pour leur part probablement pas avec les adeptes du slim… Mais pourront éventuellement se passer quelques pièces du disques en cachette afin de décompresser.
.: Tracklist :.
01. (Sleep Tight)
02. Believer
03. Lips Like Morphine
04. Boys & Girls
05. The SOngs That Saved My Life
06. Crazy Angel
07. 10 More Minutes With You
08. The Collapse
09. Love You To Death
10. Kennedy
11. Black Poison Blood
12. The Can't Save Us Now
13. (Life In The Arctic)
14. The Chase (Bonus Track)
15. Nerve Gas (Bonus Track)