Nul ne sait vraiment combien de pays composent notre bonne vieille Terre. Néanmoins, une chose est sûre, un territoire nouveau vient d’être découvert par les aventuriers de Vacarm, il s’appelle Kawaiiland. Mère patrie de deux loustics répondant aux doux noms de La Loutre et de Big Bisous, ce pays a semble-t-il aboli les barrières entre les musiques electro et pop. Curieuse exploration qui commence pour nous…
Du xylophone, des guitares, des claviers, du ukulélé et même des jouets, l’atterrissage sur Kawailland fleure bon l’inconnu et l’inédit, le duo parisien utilise des instruments peu communs, tout en ayant quand-même une base « classique » bien digérée. Le grand intérêt de la musique de Kawaii réside dans son fonctionnement en opposition. En effet, deux éléments fondamentaux composent les morceaux des parisiens : d’une part, des mélodies enfantines sur lesquelles se superposent, d’autre part, des extraits de journaux télévisés racontant divers faits, pour ne pas dire des faits divers, dont les aboutissants sociaux sont clairement perceptibles -un clochard condamné à de la prison pour non possession de titre de transport…- Ainsi, ce contraste renforce encore cette folle sensation d’absurdité de notre société dénoncée ici par le duo. L’alcoolisme ou encore la bombe nucléaire sont également des thèmes abordés par Kawaii toujours, et ce, d’une manière détournée et subtile.
Le talent du groupe se révèle vraiment sur le deuxième morceau, « An alcohol en “i” », les voix candides, les samples et les bruits loufoques s’entremêlement autour d’un leitmotiv entêtant et caractéristique d’un style dévoilé mais jamais dévoyé. La créativité et la poésie atteignent leur paroxysme sur la planante intro de « Décalage », véritable BO d’un film à l’Amélie Poulain. La scène française regorge de petits groupes à l’inventivité sans limite, on note ainsi chez Kawaii des influences de formations telles Dragibus ou encore Gong Gong. Signalons enfin le support fort original utilisé pour distribuer l’album, il s’agit d’un mini CD accompagné d’un badge, le tout emballé dans une pochette plastique transparente.
Du haut de ses 17 minutes, ce mini album n’a pas à rougir, bien au contraire. Original dans son approche de la musique, frais comme une b(r)ise printanière sur la joue d’un diablotin malicieux, il emporte l’auditeur dans les tréfonds de sa naïveté enfantine, en lui ajoutant ce soupçon d’intellect qui fait parfois défaut à bon nombre de productions contemporaines. On adhère donc les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes à ce monde construit de toute pièce mais bel et bien sincère. Voici en tout cas un duo qu’il nous faudra surveiller de très près à l’avenir.
Rangez vos K-way et sortez vos Kawaii, le soleil risque bien de sortir de son nid !
.: Tracklist :.
01. Les oreilles qui chauffent
02. An alcohol en “i”
03. Décalage (feat. Chapi Chapo)
04. Draw me an atomic bomb
05. Kyoto