Lorsque un disque gagne les rayons étiqueté du logo Ferret Music, l’acheteur sait bien souvent à quoi s’attendre. A savoir du gros son qui dépotte sévère. Avec Foxy Shazam, non. Désireux d’ouvrir comme il l’a prouvé ses derniers mois son catalogue à des horizons nouveaux, le label signe avec quintet l’un des projets les plus délirants du moment. Un hybride extraterrestre complètement barré qui débarque avec un tout premier album, le bien nommé Introducing Foxy Shazam.
Sortez les pantalons pattes d’eph’, Foxy Shazam nous convie à un joyeux revival seventies arrangé à la sauce moderne. Un esprit Head Automatica période Propaganda plane en effet sur ce premier opus, l’aspect pop sucrée irritant ayant fort heureusement été écarté au passage. Le timbre vocal d’Eric Sean Nally rappelle au meilleur de Daryl Palumbo dans ce registre. Enregistré de façon quasi-live, le chant se montre rebondissant, rugueux car évitant bien heureusement la sur-production, délicieusement dansant et teinté de soul (« The Science Of Love », « It’s Hair Smelled Like Bonfire »). Nally ne craint pas d’en faire des tonnes, multipliant les envolées suraiguës vibrantes qui titillent le tympan auditif par une justesse parfois plus que discutable, ou se fendant d'incartades que l’on jurerait improvisées en direct des planches (les lignes tremblotantes de « A Dangerous Man »). Le bonhomme éructe même parfois dans des hoquets barrés imprévisibles et surprenants (le grand-huit « It’s Hair Smelled Like Bonfire », morceau le plus bluffant de l’album). Des composantes qui confèrent à Introducing Foxy Shazam un aspect authentique plus qu’intéressant. A l’écoute de ces dix compositions, l’auditeur effectue une véritable plongée dans le glorieux passé musical des États-Unis, période ou la musique n’était qu’une question de talent et non de bidouillages de studio. Les chœurs chaleureux (« A Black Man’s Breakfast ») renforcent les savoureuses encornures soul de l’ensemble, collant totalement aux tessitures d’un autre temps livrées par une section instrumentale tout aussi inspirée.
Car pour se défaire encore d’avatage du schéma rock classique, Focy Shazam ne propose dans son audacieuse mixture aucune guitare. Le rock’n’soul du quartet est donc mené tout du long par le piano de Schuyler Vaughn White, qui fait véritablement des merveilles sur ces dix premières compositions. Le groupe prouve par ce biais que l’instrument n’est absolument pas archaïque, et peut aisément mener la danse sans pour autant faire sombrer l’auditeur dans un profond ennui. Rebondissant et jazzy, renforcé par une batterie entraînante et une basse bien groovy voire quelques incursions de claviers plus modernes (l’excellent break à la rythmique soutenue de « It’s Hair Smelled Like Bonfire »), l’instrument meneur greffe à Introducing Foxy Shazam une couche de folie supplémentaire. Musicien émérite, White embraye avec brio les successions de notes envolées et vélocement empilées les unes sur les autres (« Introducing Foxy », lancé par un effet de glissando) à des tirades langoureuses nettement plus classiques, déviant même vers le baroque le temps de quelques secondes (« Ghost Animals », qui part de plus belle une fois passée l’introduction presque dramatique).
Introducing Foxy Shazam est un disque à écouter, ne serait-ce que par simple curiosité. De là à l’adopter, il n’y a ensuite qu’un pas. Foxy Shazam s’est engagé sur le chemin parsemé d’embûches de la différence, mais en sort avec une premier essai maîtrisé à la perfection.
.: Tracklist :.
01. Introducing Foxy
02. The Rocketeer
03. Dangerous Man
04. The Science Of Love
05. A Black Man’s Breakfast
06. It’s Hair Smelled Like Bonfire
07. Red Cape Diver
08. Yes, Yes, Yes
09. Ghost Animals
10. Cool