A l’origine simple side-project récréatif monté par Cahir O'Doherty de Jetplane Landing, c’est presque tout naturellement que la maturation de ce premier album de Fighting With Wire aura nécessitée quelques années, son leader n’étant que rarement disponible à plein temps. Fondé au début des années 2000, le trio se sera en effet fendu de quelques efficaces singles en auto-production (dont « Cut The Transmission » qui ouvre aujourd’hui le disque), avant d’enfin poser sur bandes un Man vs. Monster qui s’adjoindra presque immédiatement un buzz plus que conséquent dans leur pays d’origine. Un soutient public et médiatique qui s’expliquera aisément à l’écoute de ces onze titres révélateurs.
Pour un premier album, le résultat s’avère en effet absolument bluffant. Une maîtrise instrumentale ainsi qu’un sens de la composition aiguisé sans nul doute inhérent au background que les musiciens (et à fortiori la tête pensante O’Doherty) traînent derrière eux. Marqué au fer rouge par les classiques définitivement indétrônables que sont Nirvana, les Pixies ou encore les Foo Fighters première période, Fighting With Wire livre un pur disque de rock’n’roll ruisselant d’influences des nineties, l’ensemble demeurant pourtant résolument moderne et emballé d’une production claire et puissante. A l’instar d’un Biffy Clyro avec qui ils partageront quelques similitudes, les irlandais nous servent un chapelet de hits indiscutables, tubes rock certes fortement calibré mais en contrepartie terriblement efficaces. L’originalité ne semble en effet pas le soucis premier du trio, qui nous sert du « couplet – refrain –couplet bien casé sur trois minutes » à toutes les sauces, et pourtant l’ensemble déborde d’honnêteté et d’énergie. Car Man vs. Monster n’a pourtant rien de l’album formaté, le trio n’hésitant pas à délivrer les décibels à travers une belle série de riffs bien catchy et lorgne à quelques occasions vers des embardées grinçantes posées sur bandes avec l’énergie d’un concert survolté (« Cut The Transmission », l’excellente entrée en matière d’un « Sugar » électrisant).
Fighting With Wire témoigne d’un esprit live qui pousse les musiciens à lorgner vers une musique simple et sans fioture. Pas de chemin de traverse ni d’élément superflus, chaque composition repose en règle générale sur un refrain absolument monstrueux s’inscrivant directement dans les esprits pour ne plus jamais en ressortir (le fabuleux single « Everyone Needs A Nemesis », « Into The Ground »). Le travail dont témoigne les lignes de chant du frontman Cahir O’Doherty est à ce titre primordial, et le gaillard parvient à adjoindre aux instrumentations des lignes très accrocheuses sans pour autant lorgner vers une perfection trop travaillée. Tout demeure très naturel, et se greffera à merveille à l’aspect très direct amené par la section instrumentale, O’Doherty témoignant d’un timbre très juste mais néanmoins rugueux. Une voix parfaitement rock’n’roll qui saura parfaitement s’orienter à l’occasion vers un registre plus énervé et criard (« My Armoury »), bien que ces dérives demeurent minoritaires face à un chant clair très soigné.
Doté d’une cohérence sans faille ainsi que d’un potentiel tubesque plus qu’évident, Man vs. Monster à tout pour faire de Fighting With Wire l’une des sensations de l’année. Gageons que le groupe parviendra à décrocher un contrat de distribution en dehors de l’angleterre, ce qui étant donné la teneur de leurs bagages ne devrait guère poser problème.
.: Tracklist :.
01. Cut The Transmission
02. Everyone Needs A Nemesis
03. All For Nothing
04. Long Distance
05. Strength In Numbers
06. Into The Ground
07. Sugar
08. Make A Fist
09. My Armoury
10. The Quiet
11. This Body Is In Danger