Enter Shikari, voilà un nom bien imprononçable et difficilement rattachable à quelque chose de connu. Et pourtant, ce quatuor originaire de notre ancien ennemi anglais en a sous la semelle. Une moyenne d’âge n’atteignant même pas les 20 ans, c’est parfois mauvais signe, aujourd’hui c’est tout le contraire. Avec une audace et un culot monstres, et après avoir conquis la Grande-Bretagne, ces p’tits gars ont la prétention de nous envahir avec leur premier album ! Ce n’est peut-être pas un mal…
« Emo-dancefloor », voilà le premier mot qui nous vient à la bouche ! Ça crie, ça chante le désespoir mais c’est soutenu par une trance/métal/électro dévastatrice et efficace. Des mélanges improbables, on en a vu, mais rares sont ceux à avoir su s’imposer avec autant de facilité. Faire du screamo tout en laissant la priorité aux sons électro en lieu et place des instruments classiques guitare et basse (qui restent néanmoins présents), c’est une démarche intéressante dans un genre qui finit par s’effondrer sur lui-même telle une étoile massive en fin de vie. Enter Shikari semble absorber tout ce qui l’entoure pour mieux le mettre à sa sauce et créer quelque chose de jamais entendu auparavant, par un large public en tout cas. En effet, il existe déjà une scène underground faisant ce type de musique, le quatuor la démocratise ici au plus grand nombre, pas sûr que cela plaise à tout le monde… Enter Shikari parvient de cette manière à tirer son épingle du jeu et à nous sortir, n’ayons pas peur des mots, des tubes planétaires (« Mothership », « Anything can happen in the next half hour », « Sorry, You're not a winner » ou « Enter Shikari »).
Lorsque l’on s’intéresse à la manière dont est construit Take To The Skies, on peut légitimement se demander s’il s’agit d’un concept-album : nombreux interludes, expérimentations sonores diverses, etc. Difficile de véritablement répondre, seul le groupe a la clé de son travail mais il est clair que l’ensemble est véritablement pensé, tout comme le travail d’illustration de Keaton Henson qui s’avère tout simplement excellent et inspiré tant pour l’artwork que pour le livret.
Un album de 52 minutes pour des gamins pareils, ça parait incroyable mais ils les tiennent bel et bien sans jamais que l’on puisse voir poindre une once d’ennui. Les morceaux sont ainsi très variés tant dans leur longueur que dans les univers musicaux dans lesquels ils piochent. On passe dès lors de bons défouloirs (tempos rapides, chant désespéré, chœurs fédérateurs et cri virant parfois au chant guttural) à des instrumentaux planants (sons robotisés et électroniques).
Take to the Skies est produit par le groupe lui-même via son propre label Ambush Reality. Enter Shikari fait ainsi un peu figure de symbole de cette nouvelle génération de combos faisant la nique aux majors en contournant leur influence grâce à de nouveaux biais dont notamment Myspace. C’est de cette manière que les anglais ont pu rapidement toucher et conquérir une large audience leur assurant un écho considérable sur le net. On voit déjà des groupes du même acabit émergés en France comme The Beverly Secret dont la recette est très comparable.
Take To The Skies est LA surprise de ce premier semestre et est à vivement conseiller à tous les fans d’emo dans son sens le plus large du terme et de musique électro/dancefloor. En sortant de l’underground un son nouveau pour une plus large audience, le quatuor titille la critique mais insuffle un véritable vent de fraicheur à la scène anglaise. Cette dernière nous a trop habitués aux one shot, on espère que ce ne sera pas le cas cette fois-ci.
.: Tracklist :.
01. Stand Your Ground This Is Ancient Land
02. Enter Shikari
03. Mothership
04. Anything can happen in the next half hour
05. … [Interlude]
06. Labyrinth
07. No Sssweat
08. Today won't go down in history
09. … [Interlude]
10. Return to Energise
11. … [Interlude]
12. Sorry, You're not a winner
13. Johnny's Introduction
14. Jonny Sniper
15. Adieu
16. OK, time for plan B
17. …-!! [Interlude]