Boogers n’a besoin de rien ni de personne. Tout droit débarqué d’un grenier bardé d’instruments étranges, de synthés old-school et de vieux ordinateurs pourraves, le musicien bricole seul depuis quelques années des albums en forme de bordel organisé. Boogers compose en piochant des influences tous azimuts, assemble, compose des morceaux qui se moquent bien des modes et des normes. Et Boogers mute, se transforme. Du broc’n’roll extra-terrestre d’un premier essai pop-et-je-ne-sais-quoi-encore, l’artiste évolue vers un troisième album aux contours potentiellement tubesques. Mais à sa manière, l’approche du hit « made in Boogers » s’accordant à une sévère dose d’originalité.
Musique électronique ringarde, country déjantée, pop douce-amère, rock’n’roll qui balance. Running in the Flame mixe un peu de tout et son contraire. Boogers conçoit sa musique comme une partouze de sons, de bidules musicaux, de mélodies antagonistes. La fusion a de quoi déstabiliser, tant l’univers de l’artiste se montre riche, bordéliquement organisé. Difficile de deviner dans quelle direction Boogers va orienter ses expérimentations. Le musicien part en effet souvent dans tous les sens, les voltes-faces musicaux dont témoigne ce troisième opus lui conférant un côté punk 2.0 qui tranche radicalement avec la quasi-intégralité de la production musicale actuelle. Rafraichissant, d’autant plus que ce multi-instrumentiste plus que geek sur les bords insuffle à son travail une grande cohérence mélodique. Les structures dégueulent certes de bidouillages et d’ajouts fendards mais Boogers retombe toujours sur ses pattes. Mieux, ce dernier greffe à ses travaux un impressionnant savoir-faire et fait preuve d’une renversante efficacité dans sa musique.
Running in the Flame n’est pas à proprement parler un disque grand- public. Le travail chelou de Boogers a pourtant quelque chose d’irrésistible, de presque dancefloor. Du moins dans un monde qui accepte qu’un morceau complexe puisse se révéler furieusement dansant. Les onze titres s’enquillent d’ailleurs avec une envie qui pousse presque à pousser inlassablement et frénétiquement la touche repeat. Le bidouilleur Tourangeau laisse finalement exploser sa frénésie électronique à l’occasion d’un final à aborder avec le déhanché approprié. Du grand art, avec son petit zeste d’émotions qui va bien. Car Boogers n’a rien de l’artiste interchangeable abonné au produit de l’été. Ce dernier couche également sur bandes une petite série de tirades vocales tour à tour rageuses, sensibles ou pétillantes. Excellent.
On savait Boogers talentueux. Running in the Flame en est une éclatante démonstration. Surprenant, touchant, délirant, entrainant mais surtout incroyablement personnel et novateur, ce troisième opus est une putain de claque. A découvrir d’urgence.
.: Tracklist :.
01. Nerves
02. The Big Summer
03. I’m There
04. Goin’ Downtown
05. Oh my love
06. Showtime
07. Runng in the Flame
08. Dis moi pourquoi
09. She said no
10. You don’t know
11. Don’t want me
