« Fermez les yeux et laissez-vous transporter par vos émotions. » Ce slogan pourrait figurer sur le boîter du CD tant il correspond à la façon d’appréhender cet album. Ici, pas de démonstration technique et de soli complexes, ce n’est pas le but. Il s’agit plutôt de mélodies pures, délicates et éthérées, simples sans être simplistes, c’est là que se cache toute l’habileté des deux musiciens. Blackfield affirme son style pop rock mélancolique si singulier à travers onze morceaux aux mélodies accrocheuses qui s’inscrivent immédiatement et de manière indélébile dans la tête de l’auditeur.
Welcome To My DNA est à l’image de son artwork, un disque plus planant que ses prédécesseurs, comme l’illustrent « Rising On The Tide » ou encore « Glass House » aux doux relents Pink Floydiens. Paradoxalement, il comporte également le titre le plus brutal du répertoire du groupe, « Blood », morceau quasi exclusivement instrumental mélangeant subtilement sonorités orientales (on peut y entendre de la oud, sorte de guitare arabe) et guitares saturées plus proches d’un Porcupine Tree. Osé et brillant.
Là où Welcome To My DNA aurait pu passer pour un album tout à fait commun, les arrangements enregistrés pour l’occasion par un orchestre fançais de quarante-deux musiciens – c’est la grande nouveauté – ont pour effet de sublimer les compositions.
Sur le plan vocal, Aviv et Steven se sont équitablement répartis le travail. La plupart des morceaux mêlent admirablement le chant des deux protagonistes – saluons au passage le boulot remarquable de Steven Wilson à la production, qui réussit de façon toujours plus aboutie à marier deux voix complémentaires et pourtant si différentes – comme sur « Go To Hell » aux orchestrations lumineuses qui contrastent avec la noirceur des paroles. D’autres chansons alternent les parties vocales chantées par Wilson (le poignant « Far Away ») et par Geffen (le plus ordinaire « Oxygen ») si l’on fait abstraction de légers choeurs. Précisons d’ailleurs que l’israélien est à l’origine de 90 % de la composition de l’opus, Steven Wilson ayant un planning extrêmement chargé, jonglant entre ses différentes casquettes de compositeur, producteur ou « simple » musicien. On devine pourtant sa contribution sur « Zigota » – reprise d’un morceau de Geffen à la base chanté en hébreu – avec un outro totalement décalé, sorte de délire prog’ intempestif. Dernière réussite et pas des moindres, la ballade presque éponyme « DNA » achève l’écoute sur un sentiment de nostalgie, comme pouvait le faire « End Of The World » sur Blackfield II. L’orchestration n’y est là non plus pas étrangère.
Au final, pas de révolution majeure dans l’univers des deux artistes, Welcome To My DNA s’inscrit dans la continuité de Blackfield II, le côté orchestral en plus prononcé. La recette Blackfield fait toujours mouche et l’on ne se lasse pas de cet album riche et épuré. A écouter en boucle, sauf pour les récentes victimes de rupture sentimentale.
.: Tracklist :.
01. Glass House
02. Go To Hell
03. Rising On The Tide
04. Waving
05. Far Away
06. Dissolving With The Night
07. Blood
08. On The Plane
09. Oxygen
10. Zigota
11. DNA